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Masterclass Oeildeep : Mon Amérique, regard sur le monde agricole par Laurent Mayeux

Temps de lecture estimé : 5mins

Cette semaine, nous poursuivons la restitution de la dernière Masterclass Oeildeep, qui a été encadrée par Laura Sérani, Stefano de Luigi et Jean-Christian Bourcart et qui s’est finalisée en décembre dernier. Nous partagerons avec vous la restitution des huit projets photographiques et nous présentons aujourd’hui la série « Mon Amérique » réalisée par le photographe français Laurent Mayeux. Une plongée dans l’univers agricole des Hauts-de-France en couleur et en noir et blanc qui vise à questionner les liens entre le paysage et l’activité humaine au sein d’un territoire et à travers le temps.

Mon Amérique

« J’ai voulu comprendre ce paysage, ceux qui le travaillent et peut-être aussi me reconnecter à cette nostalgie en faisant le lien avec ma culture photographique, largement imprégnée par la photographie américaine. »

Les origines du remembrement agricole dans le nord de la France remontent aux années 1950. Cette pratique consistait à regrouper les parcelles agricoles dispersées en de plus grandes exploitations, facilitant ainsi l’utilisation de machines agricoles et l’application de méthodes de culture plus efficaces. Cette restructuration foncière a permis d’optimiser les rendements et d’améliorer les conditions de vie des agriculteurs à une période d’après-guerre où l’objectif était de nourrir le pays. Cependant, le remembrement a également entraîné des conséquences sociales et environnementales, notamment la disparition de petites exploitations et la perte de biodiversité.
Aujourd’hui, il reste un héritage controversé dans le paysage agricole du nord de la France. Le modèle économique agricole issu des choix politiques décidés après-guerre se heurte actuellement à une réalité environnementale qui préconise une agriculture plus respectueuse de la nature.
Cette agriculture intensive et conventionnelle est aussi celle de mon enfance et de mes origines. Je vivais dans un hameau de 4 maisons, dans cette région des grandes plaines, au sud d’Arras. Durant mon enfance, je passais mes étés dans les fermes de mes oncles dans cette même région. À cette époque, mon père travaillait dans l’agro-industrie et a entrepris un déplacement professionnel dans les plaines du Midwest américain. Grâce à ses récits de ce voyage, j’ai fantasmé sur cette Amérique des grands espaces pendant de nombreuses années. Cette Amérique que je ne connaissais pas à l’époque, c’était celle de toutes les possibilités.
En y retournant quelques décennies plus tard, j’ai voulu comprendre ce paysage, ceux qui le travaillent et peut-être aussi me reconnecter à cette nostalgie en faisant le lien avec ma culture photographique, largement imprégnée par la photographie américaine.
J’ai commencé ce projet en 2020 en me concentrant sur la zone des Grandes Plaines entre Arras et Bapaume, en raison de son homogénéité de paysage et de culture, et aussi parce que c’est le lieu de vie de mon enfance. J’ai décidé d’adopter une certaine lenteur dans le regard porté sur cette ruralité afin de trouver des liens visuels entre cette Amérique et ce territoire. J’ai donc utilisé une chambre photographique comme dispositif.
Ce projet s’inscrit dans le cadre de mon travail personnel entamé il y a une dizaine d’années. Tout comme mes précédents travaux, il vise à questionner les liens entre le paysage et l’activité humaine au sein d’un territoire et à travers le temps.

Laurent Mayeux questionne les évolutions des territoires à travers le temps. Il cherche à mettre en évidence les liens entre la mémoire collective et l’histoire d’un lieu. Sa curiosité, héritée d’une enfance solitaire passée en milieu rural, l’incite à s’immerger dans des univers qui lui sont étrangers. Il adopte un regard contemplatif sur la façon dont les individus font société au sein d’un territoire.

Laurent Mayeux privilégie une distance photographique qui lui permet d’établir une connexion à la fois avec son sujet et avec son environnement. Il trouve un équilibre entre une approche trop intrusive et une distance excessive, afin de capturer des images qui reflètent à la fois l’essence de son sujet et l’atmosphère de son environnement.

contact@laurentmayeux.com
www.laurentmayeux.com
https://www.instagram.com/mayeuxl


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