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Partager Partager Temps de lecture estimé : 5minsSi le 8 mars est la Journée internationale de lutte pour les droits des femmes, c’est tout le mois mars qui est devenu au fil des années, une période importante pour le combat des femmes. Comme l’an passé, Frédéric Martin a souhaité donner de la visibilité aux femmes photographes mais également aux éditrices des maisons d’édition. Durant tout le mois de mars, il partagera avec nous des chroniques de livres qui se conjuguent au féminin pluriel. On poursuit ce rendez-vous éditorial avec « Algues maudites, a Sea of Tears » un ouvrage signé Alice Pallot, que nous retrouverons dès le 11 avril, à la galerie Fisheye. Algues maudites, a sea of tears © Alice Pallot Algues maudites, a Sea of Tears est un projet de la photographe Alice Pallot paru aux éditions Area Books. Ce travail s’intéresse à la prolifération des algues vertes sur les côtes bretonnes et sur l’impact actuel, mais aussi futur, que celle-ci a et aura sur l’environnement. Ces algues, conséquences directes de l’usage exagérément important d’engrais dans l’agriculture bretonne, ont deux conséquences sur le milieu naturel : d’une part leur décomposition entraîne l’apparition d’un gaz toxique (y compris pour l’être humain) le sulfure d’hydrogène, mais elle appauvri aussi le milieu en oxygène jusqu’à l’anoxie. Le milieu détruit, la biodiversité disparaît et les paysages marins post-apparition des algues deviennent des territoires stériles et morts. Algues maudites, a Sea of Tears – Alice Pallot Alice Pallot dans Algues maudites, a Sea of Tears invente une photographie futuriste et dystopique, une photographie d’un monde où les algues auraient envahi la majorité des espaces contraignant les rares formes de vie existantes à s’adapter. Et parmi celles-ci l’espèce humaine a dû choisir des formes d’existence bien différentes que celles actuelles. Les photographies sont accompagnées par un texte de Michel Poivret qui imagine par la voix d’un IA en 2056 un futur écosophique. Au gré des pages les algues s’étendent. Filaments étranges, lueurs verdâtres, peu à peu il n’y a plus qu’elles. Microscopiques, macroscopiques, les rochers sont envahis, les formes de vie sont abolies. Dans les teintes vertes des visages flous, des Hommes en combinaison, des corps allongés dans l’eau, et les filaments algueux diffusant comme une lèpre. Il n’y a plus de bruits, de chants d’oiseaux, les photographies sont silencieuses, oppressantes. Les anciennes civilisations sont mortes, se suicidant de trop vouloir de richesses et de pouvoirs. Algues maudites, a Sea of Tears – Alice Pallot Avec cette dystopie, Alice Pallot lève le voile sur un futur possible. Un futur où l’humanité aura été son propre bourreau. C’est une des principes du genre : imaginer ce qu’il pourrait se passer de pire en prenant une situation donnée et déjà dramatique. Le problème des algues vertes est récurent sur les côtes bretonnes. Chaque été, présence des estivants oblige, il est mis en avant Mais c’est oublier que les algues sont là en permanence, sur les côtes, et que pas grand-chose n’est fait pour lutter contre. L’origine du phénomène est bien connue : trop de nitrates et de phosphates, dans les sols, qui partent directement dans l’océan lessivé par la pluie nourrissant ainsi des algues qui ne demandent que ça. Las, les pouvoirs publics, les gouvernements laissent faire, accompagnent ça de quelques mesurettes quand la situation est trop critique, préférant poursuivre ce modèle agricole ultra-productiviste qui est la norme actuelle. Sauf que Algues maudites, a Sea of Tears soulève une question fondamentale : que va-t-il se passer le jour où les algues vertes auront envahi la majorité des écosystèmes et de fait les auront détruits ? Comment survivre sans oxygène alors même que c’est la base de notre vie ? Les photographies d’Alice Pallot ont quelque chose de dérangeant, d’angoissant. Page après page, au gré de ces algues filamenteuses, de ces lumières verdâtres, le lecteur perd le souffle, ses capacités respiratoires s’amoindrissent. Demain, il ne pourra plus respirer, et il mourra asphyxié. Seuls quelques rares survivants, cosmonautes du chaos, auront pu enfiler à temps ces combinaisons de survie malcommodes mais vitales. Est-ce que c’est ça que nous voulons suggère en creux Alice Pallot ? Est-ce que nous sommes près à sacrifier nos vies pour des rendements agricoles, des tonnes de blé ou des élevages de porcs ? © Alice Pallot La question semble essentielle et pourtant elle ne soulève pas les foules et encore moins les politiques. Il y a quelque chose de fascinant, et des dystopies comme celle présentée ici le montre merveilleusement bien, dans la capacité des êtres humains à s’autodétruire. Il en existe quand même assez peu dans le règne du vivant des espèces qui ont cette faculté de tout faire pour que le pire arrive. Lire Algues maudites, a Sea of Tears c’est plonger (sans jeu de mot) dans un récit terrible : celui d’une destruction annoncée, d’un cataclysme en marche. Un parmi des centaines, puisque les algues vertes ne sont qu’un maillon de la chaîne du désordre que nous appelons progrès. Il faut des personnes comme Alice Pallot qui insistent sur ce qui ne va pas, qui projettent un futur. Parce que la prise de mesures drastiques passe par là, parce que tout n’est pas forcément une fatalité, les possibilités de changer de paradigme existent. Mais, il importe d’abord que nous prenions conscience de ça… INFORMATIONS PRATIQUES Algues maudites, a Sea of Tears Alice Pallot Area Books 37€ https://alicepallot.com/ALGUES-MAUDITES https://area-books.com/en/sea-of-tears BIENTÔT À PARIS Fisheye Gallery2, rue de l’Hôpital-Saint-Louis 75010 Paris jeu11avr(avr 11)14 h 00 minsam27(avr 27)19 h 00 minAlice PallotAlgues maudites : A sea of TearsFisheye Gallery, 2, rue de l’Hôpital-Saint-Louis 75010 Paris Détail de l'événementEn 2022, Alice Pallot est sélectionnée pour participer à la Résidence 1+2 (Toulouse, FR) , un festival de résidences de création associant la photographie et les sciences. C’est dans ce Détail de l'événement En 2022, Alice Pallot est sélectionnée pour participer à la Résidence 1+2 (Toulouse, FR) , un festival de résidences de création associant la photographie et les sciences. C’est dans ce cadre, en collaboration avec le Centre Wallonie-Bruxelles qu’elle développe Algues Maudites, a sea of tears. Cette série s’intéresse à la problématique des algues vertes qui prolifèrent en Bretagne, dans les eaux littorales ainsi que dans certains fleuves. La multiplication de ces algues, conséquence du réchauffement climatique et résultant en partie des déchets de l’agriculture intensive, contribue à créer des paysages morbides, sans vie organique et à l’aspect figé. Lorsqu’elles ne sont pas ramassées, ces algues forment des amas qui entrent en putréfaction. Si manipulées ou piétinées, elles libèrent un gaz, l’hydrogène sulfuré (H2S). Alors hautement concentré, ce gaz devient nocif et mortel. Avec Algues Maudites, a sea of tears, Alice Pallot réalise un documentaire investi par la notion d’anticipation. En évoquant la toxicité réelle bien qu’imperceptible des algues, ainsi qu’en capturant un phénomène naturel : la réalité des milieux anoxiques (milieux sans oxygène). Alice Pallot souhaite nous mettre face à la fragilité et l’imprévisibilité du monde naturel mis à l’épreuve et au déclin de la biodiversité et de ses écosystèmes. Après le premier chapitre Algues maudites, a sea of tears, exposé au printemps 2023 au Hangar à Bruxelles, Alice Pallot continue de s’intéresser à la problématique environnementale et sanitaire des algues vertes dans un nouveau volet photographique qui prend pour espace de création les plages de la Baie de Saint-Brieuc et ses alentours en hiver. Avec l’aide de scientifiques de l’Université de Rennes2 et basé sur le rapport d’étude de la biodiversité de l’écologiste militante Pauline Erhel, Alice Pallot se penche sur le phénomène de photosynthèse des algues vertes. La photographe élabore, sur le terrain, un dispositif de lumières artificielles permettant de transformer visuellement les algues vertes en algues rouges, laissant ainsi apparaitre l’unique spectre lumineux rouge utilisé par les algues pour faire leur photosynthèse. Grâce à ce procédé, Alice Pallot dévoile les écosystèmes des zones menacées de manière permanente, dont la plupart des habitats sont dévastés par les algues et leur décomposition qui persiste pendant des mois. L’exposition est en partenariat avec Hangar, Bruxelles. Alice Pallot est une artiste photographe française qui travaille entre Paris et Bruxelles. Elle a commencé a étudié la photographie à L’ENSAV La Cambre en 2013 et est diplômée d’un Bachelor puis d’un Master de photographie à L’ENSAV La Cambre en juin 2018. Elle a aussi réaslisé un échange Erasmus à L’Ecal en Suisse. Son travail interroge les liens qui se tissent entre les sciences développées par l’être humain et un environnement naturel en constante mutation ainsi que l’ambiguïté de la relation que nous entretenons avec notre milieu. Entre exploitation et protection, appropriation et adaptation, Alice Pallot cherche à ouvrir des perspectives nouvelles. Au fur et à mesure de ses recherches, expéditions et expérimentations, ses photographies deviennent les témoins d’une ère nouvelle et future. Alice Pallot crée des univers aux thématiques d’hybridation à travers ses séries de photographies. Ces rencontres visuelles, issues de questionnements écologiques qui émergent comme des signaux dans la vie sociale active de la jeune artiste, lui permettent d’utiliser la photographie pour mettre en lumière des ambiguïtés de notre temps. Dates11 (Jeudi) 14 h 00 min - 27 (Samedi) 19 h 00 min(GMT-11:00) LieuFisheye Gallery2, rue de l’Hôpital-Saint-Louis 75010 Paris Fisheye Gallery2, rue de l’Hôpital-Saint-Louis 75010 ParisOuvert du Jeudi au Samedi 14h - 19h et le Dimanche 11h - 16h. Le matin sur rendez-vous. Get Directions CalendrierGoogleCal Favori1
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