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Rencontre croisée autour de l’ouvrage d’Elina Brotherus, Carte blanche PMU 2017

Temps de lecture estimé : 5mins

Alors que l’exposition de la 8ème lauréate de la Carte blanche PMU touche à sa fin, nous avons rencontré ceux qui ont œuvrés pour la réalisation du livre « Règle du Jeu » d’Elina Brotherus. Il s’agit du plus gros livre de la collection avec ses 256 pages. Un ouvrage réalisé à plusieurs mains : rencontre avec Caroline Magre, du studio graphique whitepapierstudio et l’éditeur de Filigranes, Patrick Le Bescont.

9 lives : Vous réalisez les monographies des lauréats de la Carte blanche PMU depuis son lancement il y a 7 ans, comment se déroule cette collaboration multiple ?

Caroline Magre (whitepapierstudio) : Ce qui est le plus enrichissant dans ce « temps particulier », c’est que le livre se conçoit dans le même temps que le travail de l’artiste. Il est rare pour nous d’avoir l’occasion de suivre la progression du projet, et d’en élaborer la maquette dans ce même temps. Depuis 7 ans, et au fil des rencontres avec ces différents auteurs, nous avons eu la chance de travailler toujours différemment avec chacun, d’établir un processus en lien et en parallèle avec la réflexion et la personnalité de l’artiste. Chaque aventure est différente, intense et relève de l’expérience, d’une aventure commune que Françoise Vogt orchestre dans un climat de confiance.

Patrick Le Bescont (Filigranes) : Cette aventure éditoriale est vraiment un grand plaisir chaque année. Le fait d’être intégré dans le work in progress d’un processus artistique est vraiment intéressant et unique dans la production annuelle de Filigranes.

9 lives : Le délai de la Carte blanche est un challenge en soi, le photographe n’a que quelques mois pour réaliser sa production et le livre doit être prêt pour l’inauguration de l’exposition au Centre Pompidou à l’automne. Comment gérez-vous un tel planning ?

C. M. : Le temps d’élaboration du livre est souvent rapide, mais il y a toute une période de réflexion en amont, qui nous permet de pré-établir une maquette qui va dans le sens de « la pensée » de l’artiste. C’est un luxe de pouvoir penser le livre aux côtés de ces auteurs, avec eux, de faire et défaire pour se rapprocher au mieux du sens des images. Il arrive fréquemment que la production artistique se termine très peu de temps avant la date d’impression, mais à ce stade tout est déjà pensé et validé.

P. L. B. : Le photographe nommé en janvier a 6 mois pour produire un travail photographique, la conception d’une exposition et la publication d’un livre. Cette année avec Elina Brotherus qui est d’un grand professionnalisme, nous avons conçu le livre en trois mois, c’est un travail d’équipe et complice avec les graphistes whitepapierstudio, Françoise Vogt de la Carte blanche PMU et Karolina Lewandowska du Centre Pompidou.

9 lives : Huit ouvrages et – hormis la dimension du livre – pas un seul identique à l’autre. Les choix graphiques et techniques du livre sont opérés par qui et comment ? Comment concilie t-on les différentes directives ?

C. M. : Les seules priorités sont de valoriser au mieux le travail artistique, de mettre en forme une pensée, des idées. Nous travaillons main dans la main, et les choix graphiques se font simplement. La force de cette carte blanche, c’est le relai entre les savoir-faire, et le dialogue qui s’opère au sein de l’équipe et autour de l’artiste. Le plus important dans ce projet, c’est l’esprit d’aventure, de risque, nous aimons découvrir une production toujours différente, et par conséquent un livre qui ne ressemble jamais au précédent malgré le format qui est le même à chaque fois.

P. L. B. : C’est très rare pour moi d’être intégré dans ce processus, dans le sens ou habituellement je publie des livres une fois que le travail photographique est terminé.
Mon grand plaisir dans la Carte blanche est de réfléchir à la forme de l’ouvrage au fur et à mesure de la production artistique.
Ce tempo serré nous permet de nous diriger vers l’essentiel, et chaque année la forme de l’ouvrage est différente pour que le livre publié soit la prolongation du travail du photographe.

9 lives : La direction graphique est réalisée par whitepapierstudio, pouvez-vous nous présenter ce dernier ouvrage consacré à la Carte blanche d’Elina. Travaillez-vous en étroite relation avec la photographe ? Vous confie t-elle certains souhaits sur la réalisation finale ?

C. M. : Chaque livre est différent dans sa relation à l’artiste. Elina, par exemple, a toujours exprimé de la confiance et donné de l’énergie positive! Et c’est dans ce sens que nous avons pu travailler avec elle. La forme du livre est née de son travail, de son sujet, de son engagement et rien d’autre. Ses choix photographiques autour de l’univers du Jeu, devaient selon nous se sentir dans l’objet imprimé. Nous avons donc beaucoup échangé à ce sujet, sur la répartition des couleurs notamment, qui rendait le livre ludique, généreux et allait ainsi dans le sens de ses réflexions et envies.

A LIRE :
> Notre rencontre avec Benoît Cornu : Carte blanche PMU : L’âge de raison (publié le 29 septembre 2017)
Notre rencontre avec Elina Brotherus (article publié en juin 2017) 

INFORMATIONS PRATIQUES
> Le Livre
Règle du Jeu, Elina Brotherus
Aux Editions Filigranes
Textes : Abigail Solomon-Godeau, Karolina Ziebinska-Lewandowska
Graphisme : WhitePapierStudio
118 photographies en couleurs
256 pages – 19×25 cm
ISBN : 978-2-35046-428-2
25€
http://www.filigranes.com
http://www.whitepapierstudio.com
> L’exposition
Règle du Jeu
Carte blanche PMU Elina Brotherus
/!\ Derniers jours ; Jusqu’au 22 octobre 2017
Centre Pompidou
Galerie des Photographies
75004 Paris
http://www.centrepompidou.fr

http://elinabrotherus.com
http://carteblanchepmu.fr

Ericka Weidmann
Après des études d'Arts Appliqués et de photographie, elle rejoint un magazine en ligne consacré à la photo en tant que directeur artistique, poste qu'elle occupera pendant 10 ans. En 2010, elle s'installe comme DA en indépendant. En parallèle, elle devient responsable éditorial pour Le Journal de la Photographie et c'est en septembre 2013 qu'elle co-fonde le quotidien L’Oeil de la Photographie pour lequel elle est rédactrice en chef jusqu'en septembre 2016 avant de fonder 9 Lives magazine ! Ericka Weidmann est également journaliste pigiste pour d'autres médias.

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