Dans le cadre d’un partenariat commun avec la revue Corridor Eléphant, la rédaction partagera avec nous des portfolios de photographes publiés. Pour cette première édition, ils nous présentent le travail de Paul-Emile Objar intitulé « Que sont-ils devenus ? ».
« Il a disparu. Qui a disparu Quoi. Il y a (il y avait, il y aurait, il pourrait y avoir) » – Une phrase de Georges Perec, un lit vide, comme le passage d’une solitude vers une absence imprévue. Que sont-ils devenus ?
Je suis d’une génération dont la mémoire familiale reposait toute entière dans une boîte de galettes bretonnes en fer blanc. J’y ai trouvé pêle-mêle photos de famille, cartes postales, lettres, cartes d’identité. J’en ai fait mon terreau de photographe plasticien, pour transmettre, pour que la mémoire subsiste.
Paul-Emile Objar
Documents scannés, photos superposées, en transparence, avec changement d’échelle, je réécris cette histoire à la fois individuelle et collective depuis plusieurs années, jouant avec les supports (toile, papier photographique, papier aquarelle,…), mêlant le vrai, le faux et le possible.
La série « Que sont-ils devenus ? » raconte ce besoin de transmission, cette crainte de la disparition progressive de la personne que l’on veut arracher à l’oubli.
Objar recherche et accumule les documents familiaux, remanie photos et cartes postales d’antan, laissant apparaître partiellement portraits de famille, écritures, lieux du passé.
Il travaille sur le souvenir et sur ce que la mémoire en fait. Comme le processus du rêve, il pratique condensation, transposition, déplacement.
Il mêle le vrai, le faux, superpose les impressions, mélange les noms. Les travaux de Paul-Emile Objar l’inscrivent dans la mouvance des artistes contemporains qui investissent et questionnent l’image.
L’artiste emprunte aux arts visuels leur mode d’expression pour en extraire une oeuvre ancrée dans le réel et ouverte sur d’autres possibles.
Sylvie Vilette – Istres 2010