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Carte blanche à Laure Parise : Photographes Iraniennes (IWPA 2017/18/19)

Temps de lecture estimé : 4mins

Pour sa troisième carte blanche, notre invitée de la semaine, Laure Parise, l’une des co-fondatrices du International Women Photographers Award, a sélectionné les travaux de six photographes iraniennes (Solmaz Daryani, Maryam Firuzi et Mahsha Ahrabi Fard, Tamineh Monzavi, Elahe Abdolahabadi et Soheila Sanamno) finalistes des trois précédentes éditions

Nous recevons chaque année un grand nombre de candidatures provenant de photographes iraniennes, avec des projets traitant de l’identité de la femme, de sa place dans la société iranienne, de sa liberté, et des abus qu’elles subissent. Chaque année, les membres du jury récompensent une ou plusieurs photographes iraniennes parmi les finalistes (sans connaitre leur nom ou nationalité, les dossiers étant anonymes).
Par cette carte blanche, je souhaite mettre en lumière les photographes iraniennes qui ont été finalistes du prix IWPA depuis 2017 et qui prennent des risques pour témoigner de situations et de traditions qui existent dans leurs pays.

Finalistes IWPA 2019:

Solmaz Daryani dans sa série “water bankrupt,”révèle la crise de l’eau en Iran, dans le sud, (le golfe Persique et toutes ses zones côtières) et le sud-est du pays et les conséquences de ce changement climatique et les répercussions économiques et sociales que cette sécheresse au cours des dernières années génèrent pour les populations; 30% des habitants du Sistan-Balouchestan ont migré vers les banlieues d’autres villes en raison de l’assèchement du lac Hamoun au cours des 3 dernières années, les frontières vides entre l’Iran et l’Afghanistan créent la possibilité de transit pour des passeurs, terroristes ou les cartels de drogue et donc augmentent le risque d’insécurité dans le pays

Maryam Firuzi, traite du corps de la femme et de sa dissimulation dans sa série « concealment ». Dans le cas de la femme iranienne, pour Maryam, cette dissimulation est encore plus paradoxale, sachant qu’au cours de l’histoire en Iran, cette question a connu beaucoup de hauts et de bas, en particulier au cours du siècle dernier, entre l’interdiction publique du voile jusqu’au moment où les femmes ont à nouveau été obligées de porter le hijab. Couvrir le corps féminin est un moyen d’indiquer les origines culturelles, la caste sociale, l’atmosphère politique et religieuse qui entourent cette femme, et elle nous dit « Si je suis obligée de me dissimuler, j’aurais souhaité que la nature ait fait son travail en premier lieu » Phrase qu’elle illustre merveilleusement dans cette série en jouant avec les éléments naturels, végétaux, minéraux ou animaux qui viennent entourer les visages féminins. La force de la série tient aussi de ce choix intergénérationnel des portraits.

Mahsha Ahrabi Fard. Les registres officiels de l’organisation nationale pour l’enregistrement de l’état civil iranien indiquent que, ces dernières années, environ 40.000 enfants de moins de 18 ans se sont mariés en Iran chaque année. La série « Little Women » de la photographe Mahsha Ahrabi Fard, dénonce une réalité de la société contemporaine iranienne et la condition des femmes dans ce pays. Selon la loi, les filles iraniennes sont prêtes à être mariées dès l’âge de 13 ans et les garçons iraniens peuvent prendre une femme à 15 ans, affirmant ainsi que les adolescents toujours dépendants de leurs parents ont la maturité sexuelle et sociale, la compréhension civile et les compétences requises pour fonder une famille ou pour signer un contrat légal d’une telle ampleur.
Les visages encore poupins de ces toutes jeunes enfants ont émus et questionnés beaucoup de personnes lors de nos expositions.

Finaliste IWPA 2018:

Tamineh Monzavi dans sa série « Grape Garden Alley”, traite de l’addiction à la drogue auprès des femmes, sujet hautement tabou en Iran. Les photos sont de magnifiques portraits de femmes « cassées » et révèlent la pauvreté et le peu de moyen mis à disposition pour cette population dans le pays.

Elahe Abdolahabadi propose une série « An instant of time and place » série en noir et blanc, portraits de jeunes gens, vielles personnes, femmes ou enfants pris en extérieur qu’elle place intentionnellement devant un voile blanc, métaphore de cette réalité qui l’entoure et qu’on ne peut pas voir.

Finaliste IWPA 2017:

Soheila Sanamno « rape destroys the victim’s future ». Soheila aborde la question du viol en Iran et de ses conséquences pour la victime, à travers l’histoire de Roghayyeh, qui, violée à l’âge de 20 ans devient un fardeau pour sa famille. Ces jeunes filles sont en quelque sorte « bannies » de la société car elles ne peuvent plus prétendre au mariage n’étant plus vierges, véritable honte et désastre pour leur famille.

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