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Le musée et centre d’archives La Contemporaine – seule institution en France à collecter et conserver des collections sur l’histoire européenne des 20e et 21e siècles – a inauguré en automne dernier un nouveau bâtiment à l’entrée du campus universitaire Paris Nanterre. L’exposition « Élie Kagan, photographe indépendant » vient lancer la saison culturelle de ce nouveau lieu. À la mort du photographe, en 1999, la famille a confié à l’institution l’ensemble de son œuvre. Les deux commissaires Cyril Burté (La contemporaine) et Audrey Leblanc (EHESS-INA) ont réalisé une exploration minutieuse du travail d’Élie Kagan qui compte près de 200 000 images et archives professionnelles.

Pierre Collombert. Prise de vue de photographes, dont Élie Kagan, sur un balcon, Paris, mai 1968 © Pierre Collombert / ADAGP

À travers cette exposition, on traverse 30 ans d’Histoire parisienne. Élie Kagan était un photographe de presse indépendant, il a couvert l’actualité politique, militante et syndicale. C’est d’ailleurs grâce à son reportage de la manifestation du 17 octobre 1961 organisée par le FLN, réprimée dans la violence, qu’il obtient sa carte de presse et devient officiellement photographe de presse ! Il démarche les rédactions avec les tirages qu’il réalise lui-même dans le petit laboratoire qu’il s’est installé à son domicile. Il sera le témoin de la vie militante du début des années 60, jusqu’au années 90, il suivra toutes les manifestations. Il collabore essentiellement avec des titres de presse militants, les publications dans les journaux nationaux sont plus rares.
En 1999, à sa mort, sa famille choisit de confier le fonds photographique à la La contemporaine, qui sera en charge de conserver mais également de faire vivre ces archives au milieu de plusieurs millions d’autres documents de l’Histoire contemporaine.

Élie Kagan. Répression de la manifestation des Algériens, métro Solférino, Paris, 17 octobre 1961 © Elie Kagan / La contemporaine

Élie Kagan, Manifestation de femmes algériennes devant la Santé, Paris, 19 octobre 1961 © Elie Kagan / La contemporaine

Élie Kagan. Manifestation du Premier mai de Nation à Bastille, des membres du FHAR défilent. Paris, 1er mai 1971 © Elie Kagan / La contemporaine

Cyril Burté et Audrey Leblanc ont donc plongé dans l’œuvre du photographe composé de presque 200 000 images et documents pour composer cette exposition inaugurale du nouveau bâtiment de la Contemporaine. Dès demain, et jusqu’au 7 mai, vous découvrirez le travail de cet autodidacte qui a consacré sa carrière aux mouvements de revendications et manifestations, il était le témoin de son époque. Ses images peu connues circulent pour mémoire avant de devenir source pour l’histoire. Son reportage sur la répression de la manifestation des Algériens du 17 octobre 1961 servira à des associations pour dénoncer et faire reconnaître ces violences d’État.
Il documentera aussi bien le mouvement de libération des femmes que les revendications du Front homosexuel d’action révolutionnaire, il photographiera les intellectuels, les politiques de ces trois décennies. L’exposition dévoile également un corpus d’images plus personnelles, ce promeneur infatigable, capture le quotidien d’une ville fourmillante.

Élie Kagan. Simone Veil, Jacques Chirac, Michel Durafour, Paris, années 1970 © Elie Kagan / La contemporaine

Élie Kagan. Michel Foucault lit la déclaration des détenus de la centrale de Melun (à sa gauche, Jean-Paul Sartre), Paris, 17 janvier 1972 © Elie Kagan / La contemporaine

Élie Kagan. Salvador Dalí à l’hôtel Meurice, Paris, 1965 © Elie Kagan / La contemporaine

L’exposition est accompagnée d’un catalogue co-édité par La Contemporaine et Lienart.
Sous la direction de Cyril Burté et Audrey Leblanc
224 pages, 200 illustrations,
28 euros

INFORMATIONS PRATIQUES

mer19jan(jan 19)9 h 00 minsam07mai(mai 7)17 h 15 minÉlie Kagan, photographe indépendant (1960-1990)La contemporaine - Campus de l’Université Paris Nanterre, 184, cours Nicole Dreyfus 92 000 Nanterre

Ericka Weidmann
Après des études d'Arts Appliqués et de photographie, elle rejoint un magazine en ligne consacré à la photo en tant que directeur artistique, poste qu'elle occupera pendant 10 ans. En 2010, elle s'installe comme DA en indépendant. En parallèle, elle devient responsable éditorial pour Le Journal de la Photographie et c'est en septembre 2013 qu'elle co-fonde le quotidien L’Oeil de la Photographie pour lequel elle est rédactrice en chef jusqu'en septembre 2016 avant de fonder 9 Lives magazine ! Ericka Weidmann est également journaliste pigiste pour d'autres médias.

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