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Partager Partager Temps de lecture estimé : 7minsAlors que j’ai été assez désorientée parfois par les propositions du Frac Lorraine très conceptuelles ou d’un format collectif peu lisible, les deux expositions des artistes Michael Rakowitz et Ouassila Arras sont tout à fait convaincantes et méritent le déplacement. A partir d’histoires universelles elles touchent à l’intime dans une évocation sensible de la mémoire. Mémoire d’un passé spolié chez Michael Rakowitz suite à la destruction et au pillage du patrimoine archéologique irakien directement impacté par l’invasion de l’armée américaine et de l’Etat islamique et mémoire silencieuse d’une communauté d’anciens combattants émigrés de la guerre d’Algérie chez Ouassila Arras (sur proposition de la directrice du Frac Champagne-Ardenne, Marie Griffay). Fanny Gonella, directrice du Frac Lorraine, commissaire à l’origine de l’invitation à l’artiste irako-américain en préambule insiste sur « la transformation du passé par le présent et un ré-ancrage de l’histoire dans ce qui fait notre réalité quotidienne » chez l’artiste. Ce potentiel de « mutation des réalités diasporiques » comme elle poursuit se note dès l’arrivée dans le Frac par certains produits alimentaires en provenance de pays du Moyen Orient qui traduisent ce décalage que l’on peut ressentir quand on se trouve loin de chez soi et se sentir rassuré devant ces nourritures familières. Cela renvoie aussi à l’expérience menée par Michael Rakowitz alors qu’il habitait à Brooklyn autour de son projet de boutique de vente de dates irakiennes qui même si elle n’a pu aboutir à cause des nombreux freins d’importation et de transport, a été une expérience collective très forte entre exilés. Une métaphore du sort que vivent de nombreuses personnes en transit. Michael Rakowitz avait exposé un magnifique Lamasu Assyrien ailé sur Trafalgar Square en 2018 créé à partir de milliers de boîtes de sirop de dattes. Ouassila Arras, Care, 2021Vue d’exposition Degrés Est, février–juin 2022 49 Nord 6 Est–Frac Lorraine, Metz. Photo Fred Dott Ouassila Arras, Care, 2021Vue d’exposition Degrés Est, février–juin 2022 49 Nord 6 Est–Frac Lorraine, Metz. Photo Fred Dott Cette odyssée est magistralement traduite dans la première salle avec The invisible ennemy should not exist, vaste opération à laquelle se livre l’artiste depuis 15 ans autour de la refabrication de plus de 8000 artefacts en compensation des pertes subies par le Musée national de Bagdad, à partir de petites figurines en papier mâché et d’emballages alimentaires irakiens récupérés, d’une grande fragilité et précision. On connait la présence de ces objets dans de grands musées occidentaux encyclopédiques, Le Pergamon museum de Berlin, Le Louvre, Le Metropolitan..ce qui induit un certain regard et rapport vis-à-vis de la culture à travers les codes muséographiques scrupuleusement repris (cartels..). Un certain miroir nous est tendu comme le résume Fanny Gonella et notre perception sera sans doute différente selon notre pays d’origine. Mais si ces fantômes ont une valeur, elle est induite par la récupération qu’en fait un marché régi par le capitalisme, ce qui soulève les problématiques liées aux circuits parallèles clandestins et rapports de force dominants. L’indignation liée au pillage de ces objets est à mettre en perspective avec le manque d’indignation face aux pertes humaines comme le soulève l’artiste. « Les objets venus d’Irak sont traités avec plus d’intérêt que les personnes qui en viennent ». The invisible enemy should not exist, 2020. Courtesy Galerie Barbara Wien,Berlin Vue d’exposition Réapparitions, février–juin 2022 49 Nord 6 Est–Frac Lorraine, Metz. © Michael Rakowitz Photo Fred Dott La vidéo réalisée à l’institut d’art oriental de Chicago part d’une anecdote assez emblématique en Irak où une demande de rançon avait été publiée autour d’un certain John Adam, soldat américain matérialisé par une simple petite figurine sculptée. Une autre narration se met en place à partir du parallèle entre cette production de masse d’une statue votive millénaire et l’emblème du héros à l’américaine. Dans l’espace suivant plus monumental, la salle G du palais de Nimrud édifié par le roi Neo-Assyrien Ashurnasirpal II est reconstituée à travers l’évocation de ces panneaux qui se trouvent répartis entre différents musées comme en témoignent certains manques ou fragments. Décontextualisés, ils sont liés à un moment de détente et de plaisir chez le public occidental, alors qu’ils renvoient à une histoire complexe à laquelle nous n’avons plus accès comme le souligne Fanny Gonella. Ces vides symbolisent également les manques auxquels doivent faire face les irakiens. Au total 400 panneaux constituaient ce fascinant palimpseste et l’idée de l’artiste est de mettre le regardeur à la place d’un irakien la veille de la destruction de ces panneaux. Une prise de conscience qui se matérialise également par la contractualisation engagée par l’artiste entre la Tate et un musée irakien autour d’une œuvre en co-responsabilité. Des documents attestent de cette démarche. Il est question alors de justice diasporique réparatrice endossée par le musée. La dernière salle est dédiée à l’écriture sumérienne évoquée par les différents sceaux-cylindres recomposés par l’artiste de façon toujours très méticuleuse et l’évocation de toute une constellation de personnes engagées autour de ses projets. Cela permet de rendre visible une réalité derrière tous ces objets, pour reprendre les paroles de la commissaire. De nouveau ces notions de déplacement et de circulation, de la restitution, du pillage sont évoquées et résumées dans la frise qui court le long des murs, soulignant certains télescopages temporels. Quel rapport entretenons-nous avec ces collections ? Comment fabrique-ton l’histoire ? Qui a accès à cette histoire ? Autant d’enjeux qui rejoignent également les missions d’un Frac comme le résume Fanny Gonella en guise de conclusion. Une relecture nécessaire de nos récits et schémas de représentation culturelle formellement très aboutie et tout à fait remarquable. Ouassila Arras, Care, 2021Vue d’exposition Degrés Est, février–juin 2022 49 Nord 6 Est–Frac Lorraine, Metz. Photo Fred Dott L’exposition de l’artiste franco-algérienne Ouassila Arras sous le commissariat d’Agnès Violeau, même si elle est plus condensée de par la petite taille de l’espace Degrés Est, dédié aux artistes de la région Grand Est, n’en n’est pas moins signifiante. Il y est aussi question de déplacement et de fantômes du passé à travers les témoignages que l’artiste a recueillis auprès de la communauté des Chibanis, ces anciens combattants retraités qui ne se sentent chez eux nulle part, ni en France, ni en Algérie où ils ne peuvent retourner. Cette histoire silencieuse qui s’effrite se matérialise par l’argile qui se dissout des murs pour se répandre dans les différents espaces du Frac par le biais des déplacements des visiteurs. Une lente contamination des consciences redoublée par l’odeur prégnante du héné recouvrant le sol. L’artiste dans son mémoire qui fait l’objet d’une publication à l’occasion de cette exposition revient sur sa génération en butte à ces questions identitaires en France et l’héritage culturel transmis par ses parents à travers l’exil, ce qui a donné lieu à une enquête qu’elle a menée en lien avec le travail de mémoire entrepris par des artistes et des penseurs engagés, tels que Zineb Sedira, Kader Attia ou Bouchra Khalili. Des identités à reconstruire encore et toujours et non pas sur des sables mouvants… INFOS PRATIQUES : Michael Rakowitz, Réapparitions Ouassila Arras Jusqu’au 12 juin 2022 49 Nord 6 Est – Frac Lorraine 1 bis rue des Trinitaires, Metz FRAC Lorraine Marque-page0
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