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La semaine dernière, Annick Allaigre, présidente de l’université Paris 8 a remis le titre de Docteur Honoris Causa au photographe et artiste espagnol Joan Fontcuberta. Cette distinction du Doctorat Honoris Causa salue une œuvre visionnaire, ayant pressenti de nombreuses problématiques logées au cœur de notre contemporanéité, et qui poursuit son auscultation de nos mutations sociales à travers le foisonnement des images.

Né à Barcelone en 1955, Joan Fontcuberta est un artiste visuel de renommée internationale, mais également enseignant, critique, commissaire d’exposition et historien. Son œuvre interroge les régimes de vérité produits par l’image, sur les dispositifs du croire et du faire croire, de la dualité fiction/réalité. Dans ce domaine, il a été pionnier, préfigurant les questionnements aujourd’hui si actuels autour de la crédibilité des images qui nous entourent, de leur potentiel de manipulation, ou encore de la crédulité du public. L’œuvre de Fontcuberta a une visée revendiquée de pédagogie, d’exercice de l’œil critique du spectateur. Aussi ne faut-il pas se laisser piéger par un humour facétieux que l’on retrouve au sein d’œuvres comme Spoutnik ou Miracles et cie : son œuvre a une portée éminemment politique. L’humour et le détournement sont les armes d’une solide pensée critique, qui interroge par là même la séduction, et la possible trahison, de l’image. Dans ses derniers projets, il s’est intéressé à la nature et à la fonction de l’image dans la culture numérique, et à la transition de la photographie, d’objet solennel ou archivistique à la dimension éphémère de l’image numérique. Il analyse constamment ce glissement de l’instant décisif qui fixe la mémoire, dans la photographie argentique, à l’instantanéité de photos quotidiennes, où l’acte photographique est banalisé et l’image n’existe que pour que nous existions sur les réseaux.

Michelle Debat, Joan Fontcuberta et Annick Allaigre lors de la Remise du Docteur Honoris © Université Paris 8 – Pôle création audiovisuelle. Mars 2022

Récompensé par de nombreuses distinctions en Allemagne, en Suède et en Espagne, il a également été fait Chevalier de l’Ordre des Arts et des Lettres, par le Ministère de la Culture français en 1994. Il a enseigné aux beaux-arts de Barcelone, et été invité dans de prestigieux établissements, parmi lesquels l’University of Wales au Royaume Uni, le Fresnoy en France et Harvard aux États-Unis. De nombreuses expositions personnelles ont célébré son travail dans le monde entier, au MoMa de New-York, au Museum of Fine arts de Fukui (Japon), à la Maison Européenne de la photographie à Paris.

Auteur de plusieurs essais sur la photographie, dont le passionnant Le baiser de Judas. Photographie et Vérité (Actes Sud, 1996) ou encore Le Boitier de Pandore. La photographie après la photographie (édition Textuel, Paris, 2017), Joan Fontcuberta continue d’explorer les mutations des images, dans une démarche de recherche et création, mais aussi de transmission et de pédagogie.

http://www.univ-paris8.fr

Ericka Weidmann
Après des études d'Arts Appliqués et de photographie, elle rejoint un magazine en ligne consacré à la photo en tant que directeur artistique, poste qu'elle occupera pendant 10 ans. En 2010, elle s'installe comme DA en indépendant. En parallèle, elle devient responsable éditorial pour Le Journal de la Photographie et c'est en septembre 2013 qu'elle co-fonde le quotidien L’Oeil de la Photographie pour lequel elle est rédactrice en chef jusqu'en septembre 2016 avant de fonder 9 Lives magazine ! Ericka Weidmann est également journaliste pigiste pour d'autres médias.

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