Temps de lecture estimé : 6mins

Alors que la galerie Templon annonce l’ouverture prochaine d’une nouvelle antenne à New York dans l’épicentre de Chelsea, rencontre avec Mathieu Templon le challengeur de ce nouveau chapitre à l’heure d’un bilan effervescent pour Art Brussels dans cette capitale où il a su mener avec succès le premier volet de l’expansion européenne.

portrait de Mathieu Templon, directeur DR

Une présence naturelle et indispensable où il entend poursuivre la défense outre atlantique des artistes de la galerie tout en élargissant les possibles, Mathieu Templon ayant lui-même fait ses armes à New York chez l’emblématique Sean Kelly. Le futur directeur new yorkais revient sur l’attractivité et la spécificité de la capitale belge et de ses collectionneurs autour d’un panel ultra désirable dont le solo show très remarqué d’Abdelkader Benchamma alors qu’Omar Ba bénéficie d’une exposition aux Musées Royaux des Beaux-Arts. Il dresse le bilan de la période et la place prise par le numérique tout en restant lucide sur les changements réels et supposés du « monde d’après ».

vue de l’exposition Michael Ray Charles, In the Presence of Light Templon Paris photo Laurent Beurdeley

vue de l’exposition Michael Ray Charles, In the Presence of Light Templon Paris photo Laurent Beurdeley

Templon ouvre une antenne à New York avec quels objectifs ?

Nous avions envie de nous agrandir depuis un moment et l’idée de New York est venue assez naturellement, d’abord et avant tout pour nos artistes car beaucoup d’entre eux ne sont pas représentés outre atlantique aujourd’hui. La galerie se situe en plein cœur de Chelsea 293 10e Avenue, entre les 26e et 27e rues, dans un bel espace de plus de 600m² dont près de 250 m² d’exposition. Templon aura maintenant 4 espaces dont celui de New York, ville où nos liens avec la scène artistique sont historiques. L’espace de la galerie est en cours de rénovation par l’agence DMA. Elle ouvrira en septembre 2022.

Quelle ligne défendez-vous à Bruxelles ?

vue de l’exposition Ivàn Navarro Constellations of Fate Templon Bruxelles photo Isabelle Arthuis

vue de l’exposition Ivàn Navarro Constellations of Fate Templon Bruxelles photo Isabelle Arthuis

L’espace a ouvert avec la volonté d’apporter une autre visibilité à nos artistes, le public belge n’étant pas obligatoirement présent à Paris de façon régulière alors que c’est un public de réels connaisseurs, le pays détenant le plus fort pourcentage au monde de collectionneurs, et des collectionneurs de grande qualité. Nous avons ouvert la galerie à Bruxelles en 2013, et je suis arrivé il y a 6 ans avec l’idée de continuer à défendre le programme de Paris tout en introduisant des nouveautés, chaque année je proposais un nouvel artiste, plus jeune, de ma génération. Cela a été un fantastique laboratoire, particulièrement pertinent à Bruxelles, les belges ayant une véritable appétence pour la nouveauté et peut-être de façon moins conservatrice que les français.

Quels facteurs contribuent-ils selon vous au dynamisme de cette capitale ?

Avant tout les collectionneurs. De plus Bruxelles est une ville très agréable qui offre une grande qualité de vie ce qui attire aussi les artistes, contrairement à Paris où l’immobilier est trop dissuasif. On a parlé de Bruxelles comme d’un nouveau Berlin, et je dirais que Bruxelles cumule à la fois les avantages berlinois des grands espaces avec une grande densité de collectionneurs, comme en région parisienne.

vue de l’exposition Jitish Kallat, Echo Verse Templon Paris photo Tanguy Beurdeley

TEMPLON Art Brussels Vue du stand 2022 (c) Isabelle Arthuis

Quel est votre retour d’expérience sur le numérique et les Viewing rooms ?

Il y a indéniablement un changement dans le monde de l’art contemporain avec l’émergence du numérique. Nous avons été l’un des derniers secteurs à devoir franchir le pas et pendant longtemps les gens étaient encore réticents alors qu’aujourd’hui et sans doute encore plus avec la pandémie, il est indispensable d’être présents. Cela peut se faire à plusieurs niveaux et les réseaux sociaux dont instagram sont une étape obligée. Nous avions été dans les premiers à développer une viewing room sur notre site dès la première semaine du confinement. Cela été assez simple car nous avions au préalable, dès 2019, mis en place un outil digital autour d’une exposition organisée à Bruxelles sur le dessin « From the Paper to the Wall » que je voulais partager avec le plus grand nombre.

Même si le marché de l’art est un marché de plus en plus globalisé, chacun a réalisé à quel point il est essentiel de pouvoir montrer également en ligne. Les démarches sont complémentaires. Les gens voyagent moins et sont prêts à cela. Concrètement, à ce stade, en termes d’achat ce ne sont pas les viewing rooms qui changent la donne. En revanche, cela fait longtemps que l’on vend à distance par mail et avec le téléphone. Même si cette tendance s’est renforcée, on privilégie toujours la relation entre collectionneur et marchand. C’est l’interpersonnel qui est essentiel, et cela ne peut se réduire à un simple outil en ligne qui permet d’acheter en quelques clics !

Quels nouveaux défis s’ouvrent au métier de galeriste ?

Ils sont multiples dans un monde artistique multipolaire avec un nombre exponentiel de galeries et une grande concentration d’acteurs qui dominent le marché en termes de chiffre d’affaires. En tant que galerie de taille moyenne, notre objectif est de démontrer qu’il existe une alternative aux méga-galeries anglo-saxonnes ou aux maisons de ventes. Ce ne sont pas forcément ces grandes multinationales du monde de l’art qui sont les plus à même de défendre les artistes auprès des collectionneurs, des institutions ou de la presse mais plutôt des acteurs comme nous qui offrons une vraie relation humaine et un engagement de tous les instants auprès de nos artistes et collectionneurs.

Votre quotidien a-t-il évolué depuis la crise ?

Il y a eu une relative accalmie en ce qui concerne les foires et les déplacements, passant de 15 foires par an à 3 ou 4. Cela nous a permis de nous recentrer. En France, comme nous étions les seuls lieux de culture ouverts, le public a repris avec enthousiasme le chemin des galeries. En revanche, je ne suis pas sûr que le monde ait vraiment changé. Nous avons besoin de continuer à nous déployer, à aller à la rencontre des gens et je dois dire que je suis en voyage comme jamais depuis un an !

INFORMATIONS PRATIQUES
• A la galerie : Paris
FRANZ ACKERMANN – A range of thoughts
VALERIO ADAMI
du 14 mai au 16 juillet 2022
• A la galerie : Bruxelles
IVÁN NAVARRO – Constellations of Fate
jusqu’au 18 juin 2022
Galerie Templon – Current shows

Organiser votre venue :
visit.brussels | Visit Brussels
Thalys

Marie-Elisabeth De La Fresnaye
Après une formation en littérature et histoire de l'art, Marie de la Fresnaye intègre le marché de l'art à Drouot et se lance dans l'événementiel. En parallèle à plusieurs années en entreprise dans le domaine de la communication éditoriale, elle créé son blog pour partager au plus grand nombre sa passion et expertise du monde de l'art contemporain et participe au lancement du magazine Artaïssime.

You may also like

En voir plus dans Interview Art Contemporain