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Cette année, Lionel Antoni et Elisabeth Hébert, les co-fondateurs de la manifestation, célèbrent leur dixième anniversaire. À chaque printemps, L’Oeil Urbain met la photographie documentaire à l’honneur et à l’occasion de cette nouvelle édition; ils ont choisi un thème à leur image : celui de l’engagement. Aujourd’hui, nous partageons avec vous, notre rencontre avec Lionel Antoni à quelques jours de la fermeture de cette dixième édition, prévue le 22 mai prochain. 

Comment et dans quel contexte avez-vous fait naître ce festival ?
À Corbeil-Essonnes, il y a toujours eu des expositions de photographie, mais la programmation était toujours très classique, avec du Doisneau, Ronis, Lartigue… Nous avions envie de montrer une photographie plus actuelle. La ville organisait un festival de BD, mais au départ en retrait du responsable, la mairie cherchait à renouveler l’offre culturelle, c’est ainsi que nous nous sommes trouvés.
On départ, nous n’étions pas du tout partis sur l’idée de créer un festival. La première chose que nous ayons lancée, c’est la résidence. Ainsi, la première année, lorsqu’Arno Brignon réalisait sa résidence, nous avons présenté trois expositions. C’était loin d’être un festival, mais ça a évolué et les choses ont pris de l’ampleur au fil du temps, nous avons commencé à investir de plus en plus de lieux…
Il y a dix ans, en région parisienne l’offre n’était pas très riche en terme d’événements photographiques, alors nous avons rapidement touché un public parisien ou des alentours, c’est la crise sanitaire qui a amené les Corbeil-Essonnois.

Manifestation étudiante, grandes grèves, Paris, 1995 © William Klein

Au long de cette dernière décennie, quelles ont été les principales difficultés rencontrées ?
Les difficultés inhérentes à tous les festivals, ce sont les recherches de financement. Et pour notre part, c’est le manque de personnel, notamment cette année où pour l’édition anniversaire on se retrouve en équipe très réduite. Nous sommes financés en premier lieu par la municipalité, ensuite et pour la première fois cette année, par l’agglomération Paris-Sud et par le département. Ce sont les subventions reversées à l’association qui nous permettent de payer les droits d’auteur aux photographes, mais c’est difficile car notre événement se déroule assez tôt dans l’année, alors même que les budgets ne sont pas votés. Les subventions arrivent donc tardivement, ce qui peut poser des problèmes aux photographes.

ZAD Notre Dame Des Landes
Explusion des habitations et installations jugées illégales en vue de projet d’aménagement de la zone pour la construction d’un nouvel aéroport pour l’agglomeration nantaise. Au matin du 30 octobre, il faudra à peine 1h30 au force de l’ordre pour entourer le jardin partage du sabot. © Collectif ITEM

Pouvez-vous nous présenter cette édition anniversaire ?
Cette année, nous avons choisi le thème de l’engagement. Le point important, c’est que nous avons changé de municipalité aux dernières élections. Passer du parti des républicains à une union de gauche nous a poussés à travailler de manière plus engagée. Je me libère un peu plus en matière de programmation. On retrouve beaucoup de sujets au longs cours. Nous organisons une importante rétrospective de Guillaume Herbaut sur vingt ans d’Ukraine – nous sommes vraiment rattrapés par l’actualité. Cette exposition va être impressionnante, on redécouvre ses images, mais il va également en ajouter des récentes. Il y a aussi l’anniversaire du collectif ITEM qui souffle ses 20 bougies. Et bien entendu, en tête d’affiche, il y a William Klein. C’est un projet impressionnant, Maureen Auriol (rédactrice en chef photo chez Marianne ) nous accompagne dans la réalisation de cette exposition. Les tirages vont être présentés dans la rue, sur des bâtiments historiques de la ville, en format géant, c’est une grande première ! C’est important que nous présentions une partie des expositions dans l’espace public, on peut ainsi toucher plus de monde.

Ukraine, Savur-Mohyla, 05 octobre 2014
Le monument de Savur-Mohyla, à la mémoire des soldats soviétiques morts durant la Deuxième Guerre mondiale pour contrôler cette ligne de crête stratégique, a été détruit. Le 21 août 2014, après des semaines de bombardements entre les forces pro-russes et pro-ukrainiennes, l’obélisque du mémorial est tombé.
© Guillaume Herbaut/Agence VU

Comment imaginez-vous l’évolution du festival ?
Au départ, nous nous étions dit que nous ferions ça dix ans. Là, nous sommes en pleine réflexion, en pleine remise en question. Alors c’est difficile de répondre à cette question à l’instant T. Ce que l’on peut dire, c’est qu’il va y avoir une onzième édition pour la résidence qui se déroule cette année, mais nous ne savons pas encore dans quelles conditions. On y réfléchit sans avoir vraiment de directives. Ce qui est sûr, c’est que nous ne pouvons pas continuer avec si peu d’effectifs. En particulier sans notre coordinatrice, qui après son départ n’a pas été remplacée. Humainement, on ne peut pas continuer à ce rythme-là, cette édition ne va vraiment pas être facile à réaliser. Mais nous sommes des passionnés, c’est ce qui nous fait tenir, nous n’avons vraiment pas envie de nous arrêter !

© Sandra Mehl

Rendez-vous à Corbeil-Essonnes avant le 22 mai prochain !

INFORMATIONS PRATIQUES

ven01avr10 h 00 mindim22mai(mai 22)19 h 00 minL'Œil Urbain 202210e édition, 10 ans d'engagement OrganisateurL'Oeil Urbain


https://www.loeilurbain.fr/

Cet entretien a été publié dans le numéro #349 (avril/mai) de Réponses Photo.

Ericka Weidmann
Après des études d'Arts Appliqués et de photographie, elle rejoint un magazine en ligne consacré à la photo en tant que directeur artistique, poste qu'elle occupera pendant 10 ans. En 2010, elle s'installe comme DA en indépendant. En parallèle, elle devient responsable éditorial pour Le Journal de la Photographie et c'est en septembre 2013 qu'elle co-fonde le quotidien L’Oeil de la Photographie pour lequel elle est rédactrice en chef jusqu'en septembre 2016 avant de fonder 9 Lives magazine ! Ericka Weidmann est également journaliste pigiste pour d'autres médias.

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