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Le 31 mai, le jury, présidé par Héloïse Conésa, conservatrice pour la photographie contemporaine au département des Estampes et de la photographie de la BnF, a examiné les dossiers en lice pour la 67ème édition du Prix Niépce. C’est le photographe française Julien Magre qui a été désigné comme lauréat 2022 pour son corpus photographique intitulé « En vie ». La candidature de Julien Magre était parrainée par Philippe Guionie, directeur de la Résidence 1+2 «Photographie & sciences».

Julien Magre © Louise Magre

Créé en 1955 par Albert Plécy, Le Prix Niépce Gens d’images est le premier prix de photographie professionnelle lancé en France. Le double objectif de son fondateur était de sortir les photographes de l’anonymat et de les aider à déployer leur influence auprès du grand public à travers la presse et l’édition, notamment. Le Prix Niépce distingue chaque année le travail d’un photographe confirmé, âgé de moins de 50 ans, français ou résidant en France depuis plus de trois ans. Il est soutenu par le ministère de la Culture, la Bibliothèque nationale de France et l’ADAGP.
En 2022, le Prix Niépce Gens d’images est doté de 15 000 € par l’ADAGP et Picto Foundation.
À ce titre, lauréat bénéficie d’une exposition à la Bibliothèque nationale de France (du 13 décembre 2022 au 13 février 2023), d’une acquisition de tirages par la BnF, d’une exposition au Jeu de Paume au Château de Tours (automne 2022), d’un Atelier Gens d’images et d’une exposition de trois mois, sous droits d’auteur de 2 000 €, organisée par la Galerie Dityvon-Université d’Angers, en 2024.

© Julien Magre

« En Vie » est le titre de ce corpus de photographies.
La première image représente une jeune femme Caroline, photographiée en 1999. L’image est décadrée, invitation au hors-champ. Assise dans l’herbe, visage coupé, un subtil mouvement de mains définit les contours d’une douce intimité.
La dernière image est une photographie de famille réalisée lors des vacances de la Toussaint sur une plage de Bretagne en 2020. C’est aussi un jeu de main, celle de Julien qui affleure le cadre sur sa gauche.
Entre les deux, une vingtaine d’années, la Vie en majuscule.
Je n’avais jamais rencontré Julien Magre avant de le parrainer pour le prix Niépce, édition 2022 et pourtant, les photographies de sa famille m’étaient déjà presque toutes familières. Caroline, Julien, Louise, Suzanne, Paul étaient devenu·es comme des identités de proximité. Je ressentais et je ressens toujours un étrange et doux sentiment d’appartenance. Cette famille est aussi quelque part la mienne. N’est-ce pas la force de la photographie de rendre familier ce qui ne l’est pas, de rendre accessible ce qui est lointain, de rendre immense les choses minuscules. Ne vous y trompez pas, bien au-delà des codes classiques de représentations de la photographie vernaculaire, la photographie de Julien Magre est une photographie d’auteur qui ose et affirme.

© Julien Magre

La photographie est aussi une affaire d’obsessions et de solitudes. Depuis plusieurs décennies, avec constance et humilité, Julien photographie sa famille, en famille, avec ses permanences, ses joies, ses fractures, ses fulgurances et ses silences. Il photographie «droit», sans ambages. La force de ses images est dans la sobriété des formes. La distance au sujet est courte, quelques mètres, quelques dizaines de mètres tout au plus. Il a le talent de celles et ceux qui savent planter le décor et incarner des choses simples pour les rendre universelles : un geste, une main, un visage, un regard, un paysage, un objet, une concordance des temps. « La photographie est une brève complicité entre la prévoyance et le hasard » écrivait John Stuart Mill, philosophe et économiste britannique de la fin du XIXème siècle.
Sensible et porteuse de sens, son oeuvre l’est. Singulière, son oeuvre l’est aussi. Julien a la modestie de celui qui pose des questions ouvertes avec une photographie respectueuse et poétique. Il est l’écrivain de ses failles intimes, le dedans et le dehors associés dans un tout photographique tendant vers l’universel.
À l’heure de nos sociétés contemporaines connectées, en mutations constantes et interdépendantes, Julien Magre affirme avec poésie et douceur que la famille est et restera un socle. Elle l’est pour lui. À travers ses photographies, elle le redevient pour nous. En ce sens, l’histoire que Julien Magre nous raconte nous rend modeste et invincible.»

– Philippe Guionie, mai 2022
Directeur de la Résidence 1+2 «Photographie & Sciences» à Toulouse

Les Finalistes de cette édition 2022
– Aurore BAGARRY présentée par Françoise Bornstein, directrice de la Galerie Sit Down, Paris.
– Vincent CATALA présenté par Patricia Morvan, co-directrice de la Galerie VU.
– Alexandra CATIÈRE présentée par Solenn Laurent, responsable des ventes, Galerie Polka, Paris.
– Andrea EICHENBERGER présentée par Cristianne Rodrigues / Atelier Salgado.
– Mathieu FARCY présenté par Frédérique Founès, directrice de la Maison de photographes Signatures, Paris.
– Pierre FAURE présenté par Charlotte Flossaut, directrice de PhotoDoc, Paris.
– Estelle LAGARDE présentée par Olivier Bourgoin, directeur de l’agence Révélateur, Paris.
– Letizia LE FUR présentée par Florence Drouhet, commissaire d’exposition.
– Emeric LHUISSET présenté par Christian Gattinoni, photographe, critique, directeur du web magazine La Critique.org.
– Julien MAGRE présenté par Philippe Guionie, enseignant, directeur de la résidence 1 + 2 à Toulouse.
– Olivier MARCHESI présenté par Nico Foss, encadreur et directeur de la Galerie Atelier l’oeil vert.
– Richard PAK présenté par Michel Poivert, professeur, auteur, directeur du Collège international dela photographie.
– Kourtney ROY présentée par Jehan de Bujadoux, responsable de la Galerie Esther Woerdehoff, Paris.
– SMITH présenté par Audrey Bazin, directrice du département photo de la Galerie Christophe Gaillard.
– Frédéric STUCIN présenté par Christian Caujolle, fondateur de l’agence et de la Galerie VU, directeur artistique.

Ericka Weidmann
Après des études d'Arts Appliqués et de photographie, elle rejoint un magazine en ligne consacré à la photo en tant que directeur artistique, poste qu'elle occupera pendant 10 ans. En 2010, elle s'installe comme DA en indépendant. En parallèle, elle devient responsable éditorial pour Le Journal de la Photographie et c'est en septembre 2013 qu'elle co-fonde le quotidien L’Oeil de la Photographie pour lequel elle est rédactrice en chef jusqu'en septembre 2016 avant de fonder 9 Lives magazine ! Ericka Weidmann est également journaliste pigiste pour d'autres médias.

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