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Pour sa deuxième carte blanche, le gérant et fondateur de la galerie L’Angle, située à Hendaye (64), Didier Mandart, a choisi de partager avec nous, le travail d’un photographe coup de coeur, il s’agit de Fabrice Domenet. Un fidèle de la galerie, puisque ce photographe originaire de Biarritz a été exposé à trois reprises. Les visiteurs de la galerie ont notamment pu découvrir ses séries « Voir les yeux fermés » et « La Peau du Monde » respectivement en 2019 et en 2021.

Voir les yeux fermés © Fabrice Domenet / Courtesy L’Angle gallery

La programmation d’une galerie est affaire de rencontres, celle d’un·e amateur·e d’art avec un médium, un sujet, une œuvre et son auteur·e. Il est toujours surprenant de constater combien certaines de ces rencontres peuvent aller jusqu’à émouvoir, bouleverser, voire participer à transformer durablement le regard ou la pensée. Ma rencontre avec Fabrice Domenet est de celles-là. Aussi je tenais à vous présenter ce photographe dont le travail ne laisse pas indifférent. D’une grande beauté plastique, les images qu’il crée provoquent en nous des émotions profondes. Pour la plupart dépourvues de figures humaines, ses photographies procurent des sensations qui sont réellement connectées à notre Moi spirituel et face à elles, tout concoure à ce que nos perceptions influencent notre pensée. Ce danseur et chorégraphe de formation sait à quel point le corps est lié à l’esprit.

Voir les yeux fermés © Fabrice Domenet/ Courtesy L’Angle gallery

En exergue de sa série « Voir les yeux fermés » créée en 2019 et immédiatement exposée à L’ANGLE, il place la citation suivante du philosophe Merleau-Ponty -dans L’œil et l’Esprit- « Des choses aux yeux et des yeux à la vision, il ne passe rien de plus que des choses aux mains de l’aveugle et de ses mains à sa pensée ». Et fort de venir y questionner notre rapport au réel, le photographe nous explique : « Errance dans les limbes de l’imaginaire, la chronologie des images s’inscrit dans un processus d’évolution temporelle. Rémanences, évocations ou présages ? L’intention ne se situe pas dans la narration. Seulement l’expérience de visions qui défilent tel un film dont le sens pourrait naitre de la symbolique de chacune des « fenêtres » ouvertes sur le subconscient. Telle l’expérience de la transe chamanique destinée à rentrer en contact avec l’invisible et qui consiste à créer l’union entre corps et esprit, mon travail photographique vient interroger cette relation entre le monde qui nous entoure et notre monde intérieur. Il cherche à rendre « visible » la manifestation du non visible. »

La peau du monde © Fabrice Domenet/ Courtesy L’Angle gallery

Dans sa quête de « phénoménologie de la perception » chère à Merleau-Ponty, l’auteur est prolifique. Dès l’année suivante, il produira sa nouvelle série : « La Peau du Monde » que L’ANGLE n’aura pas manqué de présenter au public et dans laquelle, cette fois, le regard est focalisé sur le végétal. Il y explore les circonvolutions de la matière, du temps et de l’espace, s’appliquant avec des images d’une grande sensualité, à nous faire ressentir le monde à travers la membrane d’une plante : « La Peau du Monde » apparaît comme un symbole qui conjugue les dimensions du dedans et du dehors. Une surface de délimitation qui dialogue, dans un va-et-vient incessant entre intérieur et extérieur ; une Peau tendue entre touché et touchant, un espace de contact qui entre en résonnance avec le Monde… »

La peau du monde © Fabrice Domenet/ Courtesy L’Angle gallery

Né en 1963, originaire de Biarritz, Fabrice Domenet vit et travaille à Paris. Initialement formé aux études chorégraphiques, il exerce le métier de danseur tout en s’adonnant parallèlement à la photographie qu’il pratique en tant qu’autodidacte. Une relation étroite s’inscrit entre ces deux domaines qu’il n’a jamais dissociés. Il questionne ainsi respectivement le rapport du corps-présence à l’espace et au temps, tout en cherchant à partir d’une expérience physique, à modifier nos états de perception. Issu de la « génération argentique », il investit très jeune dans son premier boitier et fait simultanément l’acquisition d’un agrandisseur photographique. Il s’exerce alors au tirage en chambre noire. Repéré par des experts de l’image en 2015, il expose pour la première fois au Festival Voies Off à Arles en 2016. Depuis, il est invité régulièrement à montrer ses travaux dans différentes galeries et festivals, en France et à l’étranger. Ses tirages auxquels il apporte le plus grand soin sont réalisés par les laboratoires en Piezography® (impression aux encres de charbon) sur des papiers photos fine-art mates, fabriqués à partir de fibres naturelles.
Fabrice Domenet est un fidèle de L’ANGLE qui montre son travail sur ses murs, dès 2018 avec sa série « Vers l’intérieur » (également présentée par L’ANGLE au festival de Duyun, Chine), en 2019 avec sa série « Voir les yeux fermés », en 2021 avec sa série « La Peau du Monde ».

À noter que les photographies de Fabrice Domenet seront projetées dans le cadre de l’ouverture des Rencontres d’Arles 2023, lors de La Nuit de l’Année, aux Papeteries Étienne (Quai de la Gabelle), le samedi 8 juillet à partir de 22h15.

https://www.langlephotos.fr/artistes/fabrice-domenet

La Rédaction
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