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Portrait d’enfance de Pauline Caplet

Cette semaine, nous accueillons Pauline Caplet, fondatrice de L’Enfant Sauvage — un espace d’exposition singulier dédié à la photographie contemporaine, situé en plein cœur de Bruxelles. Alors que vient de s’achever l’exposition consacrée à Martin Bogren, deux nouvelles propositions vous attendent à partir du 6 juin : l’une autour de la photographie vernaculaire à travers les trouvailles de la collection de Pauline et de Paul de La Marandais, l’autre autour des séquences de mariage captées par le cinéaste Benoît Richard. Tout au long de la semaine, Pauline partagera avec nous son univers à travers quatre cartes blanches éditoriales.

D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours été passionnée par l’image. À l’âge de 11 ans, j’ai commencé à prendre des photos avec un petit appareil numérique. Puis, à 15 ans, cette passion est devenue une vocation sérieuse : je savais pertinemment que je voulais suivre cette voie.
J’ai intégré une école de photographie à Cambrai, où j’ai pu approfondir ma pratique et découvrir les différentes techniques du métier. Ces années d’études m’ont permis de me familiariser avec les bases techniques de la photographie tout en développant ma sensibilité artistique.
J’ai eu la chance d’avoir d’excellents professeurs, avec qui je suis d’ailleurs toujours en contact et que je retrouve chaque année aux Rencontres d’Arles.

À mes débuts bruxellois (en 2011), j’ai rencontré Vincen Beeckman au sein de Recyclart (alors situé à la gare Chapelle), j’étais son assistante pour la mise en place d’expositions et d’événements. C’est là que j’ai découvert l’importance de la communauté artistique et de l’échange, ce qui a nourri mon désir d’être en contact direct avec les créateurs, d’expérimenter et d’innover. Aujourd’hui, c’est amusant et touchant de collaborer à nouveau avec Vincen, des années plus tard, et de l’exposer dans mon propre lieu.

En 2013, et pour six années, j’ai rejoint l’équipe de Studio Baxton qui venait tout juste d’ouvrir ses portes, un espace dédié à l’argentique fondé par deux photographes, dont Silvano Magnone. Ce lieu a été une étape importante dans mon parcours : un véritable laboratoire d’expérimentation visuelle, où j’ai pu développer des projets photographiques et curatoriaux tout en explorant différentes techniques, entre procédés anciens et écritures contemporaines. C’est aussi là que s’est nouée une relation artistique et personnelle forte avec Silvano, qui est aujourd’hui un photographe accompli, à la tête de son propre studio, et un ami proche avec qui je continue de collaborer.
En parallèle, j’ai travaillé comme assistante pour plusieurs galeries et institutions culturelles, ce qui m’a permis de mieux comprendre les rouages du milieu artistique et d’affiner ma sensibilité curatoriale.

Mon parcours a donc toujours été guidé par cette passion pour les images.
Au fil du temps, mon attention s’est déplacée de ma pratique artistique personnelle vers la conception de projets collectifs, la curation et l’accompagnement d’artistes. Je me suis progressivement davantage investie dans la création de formats curatoriaux, dans l’organisation d’expositions et dans des collaborations à long terme, trouvant dans ces échanges une forme d’engagement et de sens qui m’anime profondément. Si je continue à pratiquer la photographie de manière ponctuelle, ce n’est plus aujourd’hui le centre de ma démarche. Ce glissement naturel m’a permis d’ouvrir davantage le champ des possibles, en mettant mes compétences au service de la photographie et de l’image sous différentes formes.

En 2020, j’ai fondé L’Enfant Sauvage, un espace d’exposition et de création dédié à la photographie contemporaine. Mon ambition était de mettre en avant des photographes émergent.es et confirmé.es. Pensé comme un lieu de dialogue et de transmission, il vise à mettre en lumière le travail de photographes émergents autant que confirmés, et à offrir au public une expérience sensible de l’image. Ces cinq dernières années ont été parmi les plus riches et les plus précieuses de mon parcours : elles ont donné lieu à de nombreuses rencontres inspirantes, et à des collaborations humaines et artistiques qui continuent de nourrir ma pratique au quotidien, j’y reviendrai plus précisément dans un autre article.
Je fais également partie depuis 4 ans du comité d’organisation du Photo Brussels Festival, organisé par le Hangar. Je travaille également en tant que commissaire d’exposition pour plusieurs lieux.

L’année dernière, j’ai créé « Le petit bureau des archives » dans les Marolles, un projet plus intimiste où je redonne vie à des photographies amateurs (1920-1970) à travers des fanzines, des cartes postales et des expositions. C’est une façon de sauvegarder la mémoire collective et de rendre ces témoins visuels du passé accessibles à tous.tes, j’y reviendrai également dans un autre article.
Mon travail aujourd’hui se déploie donc entre la photographie, la curation et la transmission. J’organise régulièrement des ateliers, des lectures d’images, et j’accompagne des artistes dans leurs démarches créatives. Chaque projet est une nouvelle aventure !

https://www.enfantsauvagebxl.com/

Le portrait chinois de Pauline Caplet

Si j’étais une œuvre d’art : Le Voyageur contemplant une mer de nuages, Peinture de Caspar David Friedrich.
Si j’étais un musée ou une galerie : le Louvre.
Si j’étais un·e artiste (tous domaines confondus): Patty Smith.
Si j’étais un livre : Nature de Ralph Waldo Emerson.
Si j’étais un film : Big Fish de Tim Burton.
Si j’étais un morceau de musique : Space Oddity – David Bowie.
Si j’étais une photo accrochée sur un mur : une photo où l’on ne voit que l’ombre du photographe.
Si j’étais une citation : « J’ai tendu des cordes de clocher à clocher ; des guirlandes de fenêtre à fenêtre ; des chaînes d’or d’étoile à étoile, et je danse ». Arthur Rimbaud
Si j’étais un sentiment : La mélancolie.
Si j’étais un objet : un ouvre-lettre ou un caillou dans une poche.
Si j’étais une expo : Evidence: Soundwalk Collectve & Pat Smith, à MAC/CCB (Lisbonne) en collaboraton avec le Centre Pompidou, commissaires: Chloé Siganos et Jean-Max Colard.
Si j’étais un lieu d’inspiration : une forêt.
Si j’étais un breuvage : un thé au jasmin.
Si j’étais un héros : Robin des bois.
Si j’étais un vêtement : une marinière.

CARTES BLANCHES DE NOTRE INVITÉE

Carte blanche à Pauline Caplet : La photographie d’archives
(mardi 27 mai 2025)
Carte blanche à Pauline Caplet : L’Enfant Sauvage (mercredi 28 mai 2025)
Carte blanche à Pauline Caplet : Collaborations, réseaux, et cartographie de la photographie à Bruxelles (jeudi 29 mai 2025)
Coups de cœur de Pauline Caplet : Expositions, livres et collection (vendredi 30 mai 2025)

EXPOSITIONS

ven06jui(jui 6)14 h 30 mindim24aou(aou 24)19 h 00 minPaul & SylvieA Belgian Love Story (1930’s - 1960’s)L'Enfant Sauvage, 23 Rue de l'Enseignement - 1000 Bruxelles

ven06jui(jui 6)14 h 30 mindim24aou(aou 24)19 h 00 minBenoit Richard« Tu ne te marieras point »L'Enfant Sauvage, 23 Rue de l'Enseignement - 1000 Bruxelles

La Rédaction
9 Lives magazine vous accompagne au quotidien dans le monde de la photographie et de l'Image.

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