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En 2016, Delphine Dumont, directrice générale du Hangar, initie le PhotoBrussels Festival, un événement qui célèbre la photographie à travers de nombreuses expositions au sein de la capitale belge et qui est devenu au fil du temps un rendez-vous incontournable dans le paysage de la photographie européenne. Sa huitième édition est inaugurée demain autour de l’exposition collective de photographes ukrainiens « Generations of Resilience » mais ce sont cinquante expositions qui sont proposées au public durant tout ce mois de la photo.

Misery is butterfly / (2019-2020) © Olia Koval

Pendant plus d’un mois la capitale belge devient le centre névralgique de la création photographique contemporaine. Le programme de cette huitième édition de PhotoBrussels Festival est riche avec l’organisation en simultané d’une cinquantaine d’expositions photo au cœur de la ville. Ce parcours est dessiné par un comité formé de huit structures bruxelloises autour du Hangar (Atelier Contraste, Box Galerie, Contretype, L’Enfant Sauvage, Fondation A, La Nombreuse, Stieglitz19 et Tipi Bookshop).

Unknown / (1972) © Yevgeniy Pavlov

From the series Bilateral Rooms / (2016-2017) © Mykhaylo Palinchak

Le centre d’art photo Hangar, initiateur de cette manifestation, inaugure cette nouvelle édition avec l’exposition « Generations of Resilience« , qu’il a réalisé en collaboration avec la commissaire Kateryna Radchenko. Le 24 février prochain, l’Ukraine célébrera tristement les deux ans de l’invasion russe sur son territoire. « Generations of Resilience » réunit 22 photographes ukrainiens et rend hommage aux artistes qui utilisent la photographie pour lutter et combattre au fil des époques. Ce sont ainsi les œuvres de trois générations qui entrent en dialogue avec d’une part les photographes historiques comme Boris Mikhailov ou Valentyna Bilousova, et d’autre part, les photographes contemporains avec Maxim Dondyuk, Daria Svertilova ou Lisa Bukreyeva et les jeunes photographes émergents qui ont créé des récits visuels sur leur propre expérience de la guerre.

Artillery shelling of a field near the previous front line where there were fierce fights in the Kharkiv region.
From the series Invasion / (2022-onwards) © Maxim Dondyuk

From the series Irreversibly Altered / (2022-2023) © Daria Svertilova

From the series Not Like Us © Lisa Bukreyeva

Untitled © Igor Efimov

Delphine Dumont explique « Par le choix de montrer des séries réalisées avant et après l’escalade du confit, on constate 2 phénomènes. D’une part, la résilience créative est palpable. Les artistes ont poursuivi leur travail, coûte que coûte, comme ils l’avaient fait après le début de l’invasion en 2014. D’autre part, les thématiques abordées sont directement liées à la guerre et à ses conséquences sur la population et peuvent représenter comme une forme thérapeutique d’assimilation des faits. Les artistes intériorisent en quelque sorte un évènement vécu collectivement – l’état de guerre – et en rendent compte de manière formelle. L’underground intellectuel et contestataire du siècle dernier s’est mué en un underground vécu, domestique, comme en témoignent les images des civils reclus dans des abris souterrains, scènes devenus le quotidien des Ukrainiens depuis 2 ans. »

Kateryna Radchenko, la co-commissaire poursuit  » L’exposition montre les défis auxquels ont été confrontées plusieurs générations de photographes ukrainiens. Les processus cycliques, les événements historiques et l’unité effacent la frontière entre ces générations. La collection de photos des années 1970 à aujourd’hui, de Boris Mikhailov aux jeunes émergents, souligne la nature spirale de la lutte pour l’indépendance de l’Ukraine et le développement démocratique. […] L’Ukraine a connu des changements dramatiques à tous les niveaux depuis le début de l’invasion à grande échelle, qui ont également afecté l’art. En un clin d’œil, les photographes présents en Ukraine sont devenus des journalistes de guerre et des photographes documentaires, sans expérience de travail en zone de guerre, sans être formés ou désireux de le faire. Il n’y a plus de lieu sûr en Ukraine maintenant. »

L’exposition démontre parfaitement que la photographie est devenue l’un des principaux moyens de documenter les changements et est un outil de lutte en temps de guerre.

Retrouvez tout le programme de PhotoBrussels Festival ici :
https://www.photobrusselsfestival.com/

INFORMATIONS PRATIQUES

jeu25jan12 h 00 mindim25fev18 h 00 minPhotoBrussels Festival 08hangar photo art center gallery, 18, Place du Châtelain 1050 Brussels

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Ericka Weidmann
Après des études d'Arts Appliqués et de photographie, elle rejoint un magazine en ligne consacré à la photo en tant que directeur artistique, poste qu'elle occupera pendant 10 ans. En 2010, elle s'installe comme DA en indépendant. En parallèle, elle devient responsable éditorial pour Le Journal de la Photographie et c'est en septembre 2013 qu'elle co-fonde le quotidien L’Oeil de la Photographie pour lequel elle est rédactrice en chef jusqu'en septembre 2016 avant de fonder 9 Lives magazine ! Ericka Weidmann est également journaliste pigiste pour d'autres médias.

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