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Pour sa seconde carte blanche, notre invité de la semaine, le fondateur et directeur du festival CARGO – les photographiques de Saint-Nazaire, Dominique Gellé revient sur la genèse de la manifestation. Nous sommes en 2021, lorsque le collectif l’art à l’ouest inaugure sa première édition, un festival photographique en Pays de la Loire qui s’adresse à toutes et à tous en s’établissant dans l’espace public. CARGO a ainsi participé à sortir la région Pays de la Loire de la « zone blanche » concernant les événements consacrés à la photographie. La 4ème édition est visible jusqu’au 29 septembre prochain !

Saint-Nazaire-Le Havre, Galerie des Franciscains, Cargo 2022 © AAO

Réflexion

Extraits : Le temps du débat, France Culture – Michel Guérin, Le Monde – Ariane Mnouchkine, Théâtre du soleil

À l’heure où les extrémistes sont aux portes du pouvoir, le monde de la culture a-t-il échoué ? On constate une désaffection des classes populaires pour une culture « élitiste » (arts plastiques, art vivant) vivant de subventions. Faire des procès en élitisme à des artistes n’a pas grand sens si on ne le remet pas dans un mouvement de société plus global : la gauche a abandonné une partie des classes populaires en prêtant foi à la prétendue « moyennisation » de la société française (le présupposé que les ouvriers disparaîtraient au profit des classes moyennes, ndlr). Dans les lieux culturels, le lien aux publics est relégué à des équipes spécialisées qui sont formées et diplômées, mais aujourd’hui précarisées et dépréciées.
La professionnalisation du secteur mené par Jack Lang a contribué à « l’élitisation » de ces métiers culturels où l’on trouvait davantage de militants . Aujourd’hui les publics éloignés de la culture sont en effet catégorisés – y compris dans les lignes de budget des institutions, dont les subventions sont en partie conditionnées au public touché : les scolaires, les détenus, les personnes malades, les usagers des centres sociaux… Ce qui contribue à invisibiliser les classes populaires dont la majorité ne passe pas par la case prison, ni nécessairement par l’hôpital ou les centres sociaux.

Filip Dujardin, Ligne hélYce, Cargo 2022 © AAO

Ilka Kramer, Jardin des plantes, Cargo 2022 © AAO

Action

Fort de ce constat et suite à ma lecture d’une étude du Ministère de la culture sur les festivals et les lieux photographiques en France, j’ai découvert que « ma » région Pays de la Loire se trouvait en zone blanche en comparaison de sa voisine Bretagne. Pourquoi ne pas agir ? Ancien entrepreneur, spécialisé en photographie, j’ai eu envie de créer un nouveau modèle économique avec un collectif libre, militant, expert et passionné pour imaginer et concevoir des programmes (résidences, ateliers, projets d’éducation artistique, expositions, éditions) et soutenir la photographie sur mon territoire. L’association et le collectif l’art à l’ouest ont vu le jour en 2016. Quelques expositions plus tard, et une réflexion lente et mûrie (COVID oblige), nous avons recentré nos actions en créant un festival photographique en Pays de la Loire. Nos partenaires historiques, la ville de Saint-Nazaire, SNCF Gares & Connexions, l’entreprise Abri services (rachetée depuis par le groupe JCDecaux) ont suivi le projet, en phase avec nos valeurs : la culture partout pour tous, la juste rémunération des auteurs et des intervenants, le respect de l’autre et de ses différences.

Nobukho Naqaba, pêcherie 172, Cargo 2024 © AAO

Evangelia Kranioti, Jardin de Sautron, Cargo 2023 © AAO

John Batho, quartier Petit Maroc, Cargo 2021 © AAO

Le festival Cargo, les photographiques de Saint-Nazaire c’est depuis la première édition en 2021 : 7 résidences d’artistes ; 34 photographes invités ; 40 expositions dans l’espace public ; 7 projets d’éducation artistique ; 4 grands partenariats et co-productions avec le Musée Malraux du Havre, les Maisons régionales d’architecture de Normandie et des Pays de la Loire, le Palais de la Porte dorée-Musée national de l’histoire de l’immigration à Paris, le Centre d’accueil des demandeurs d’asile (CADA) de Saint-Brévin ; plus de 750 000 visiteurs dans l’espace public* et plus de 10 000 visiteurs à la Galerie des Franciscains. Le festival contribue aussi à l’économie régionale par la rémunération des intervenants. Il est aujourd’hui reconnu en France par la profession et les médias. Un projet d’envergure proposé par notre collectif vient d’être acté par nos partenaires pour 2026 autour du thème « À la vie, à la mer » avec une grande rétrospective et des expositions partout dans la ville questionnant l’art et la science.

*Sources Stran, Ville, SNCF Gares & Connexions.

www.lartalouest.com/cargo-photographiques
Sur instagram : cargo_festival_photo

INFORMATIONS PRATIQUES

ven28jui(jui 28)10 h 30 mindim29sep(sep 29)18 h 30 minCARGO, les photographiques de Saint-Nazaire #4 OrganisateurLe collectif L’art à l’ouest

La Rédaction
9 Lives magazine vous accompagne au quotidien dans le monde de la photographie et de l'Image.

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