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Pour sa troisième carte blanche, notre invité de la semaine, le directeur du Jeu de Paume, Quentin Bajac partage avec nous le regret de ne pas avoir le médium photographique suffisamment représenté à la Biennale de Venise dont la 60ème édition se tient jusqu’en novembre prochain. Les expositions de photographie y font figure d’exception, l’édition 2024 présente le colombien Miguel Angel et le sud africain Sabelo Mlangeni, mais le reste de la programmation est presque exclusivement réservé à la peinture et au dessin. Frustrant pour une manifestation qui se veut progressiste, on espère donc un futur avec plus de médiums représentés.

Pas beaucoup d’images à proposer aujourd’hui car ce billet traite d’une absence ou rareté – celle de la photographie à la Biennale de Venise, que je viens de visiter, volontairement avec un temps de retard, je préfère d’ailleurs utiliser le terme de décalage.

© Miguel Ángel Rojas

Malgré la présence de quelques images du très beau travail de Miguel Angel Rojas et du très bon photographe sud africain Sabelo Mlangeni et de quelques autres, moins intéressants, la photographie reste rare, tant dans l’exposition principale que dans les pavillons nationaux.

Exposition in situ de Sabelo Mlangeni

Parmi les pavillons nationaux aux Giardini et à l’Arsenale seuls celui du Danemark et du Pérou ont choisi de présenter des photographes. Certes, cela n’est pas très étonnant la photographie n’ayant jamais eu vraiment droit de cité au sein des pavillons nationaux. Peut-être parce que, dans le format, un peu désuet et daté de la compétition artistique que représente finalement encore la Biennale (qui est aujourd’hui finalement ce qui ressemble le plus à ce que devait être le Salon de peinture du XIXe siècle), la photographie, « art moyen », modeste, démocratique ne permet pas suffisamment de monter le volume, de crier fort, ne ménage pas suffisamment de possibilités d’effets spectaculaires, de démonstrations de force?

Non, le plus étonnant demeure sa très parcimonieuse présence au sein de l’exposition principale « Foreigners everywhere », tant aux Giardini qu’à l’Arsenale. Il est dommage que cette Biennale, au propos louablement progressiste, à la présence bienvenue d’artistes peu montrés, se double pourtant d’une certaine frilosité à l’égard des médias, qu’ils soient anciens ou nouveaux : photographie rare donc, vidéo relativement mal représentée, film quasi absent, ordinateur inexistant. Beaucoup, beaucoup de peinture, du dessin, des textiles, donne l’impression d’un retour vers une forme de tradition ; L’effet final, surprenant, est celui d’une Biennale qui se veut justement ouverte sur les enjeux les plus contemporains mais qui dégage finalement une étrange sensation de repli.

https://www.labiennale.org/en

La Rédaction
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