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spiaggia libera est une galerie fondée en 2023 à Paris par Sacha Guedj-Cohen et Simon Lasry défendant une programmation internationale avec un focus art digital. Elle vient de participer à Art-o-rama avec un projet spécial de Marilou Poncin, artiste que j’ai découverte à 100% l’Expo et au macLYON et dont l’univers autour de l’hybridité des corps et des critères de représentation numérique de la beauté féminine est particulièrement impactant. Elle fait actuellement partie du Prix Découverte Louis Roederer à Arles. Sa nouvelle installation pour Art -o-rama « Sunburn and Moonlight » nous plonge dans la chaleur et la brûlure de l’été. Conjointement la galerie inaugure un nouvel espace, LA PLAGE à Marseille, ville d’origine de Sacha qui souhaite y impulser un nouveau format d’expositions et de dialogue. Sacha revient sur le potentiel de la scène Marseillaise et les étapes décisives de son parcours.

Sacha Guedj-Cohen, co-fondatrice et directrice Spiaggia Libera, photo Pauline Assathiany

Marie de la Fresnaye. Quel est l’ADN de spiaggia libera et la signification du titre ?

Sacha Guedj-Cohen. Spiaggia Libera , qui signifie « plage libre » ou « plage publique » en italien, est synonyme de liberté et d’expression dans la création. En Italie, on observe actuellement une tendance à la privatisation des zones côtières, ce qui rend de plus en plus difficile le simple fait d’aller à la plage, de s’allonger, de lire un livre, de nager ou de faire une sieste. Spiaggia Libera ressemble donc presque à un lieu de résistance moderne. Nous voulions insuffler à cet espace cet esprit de résistance par la création – et bien sûr, apporter un peu de mer et de soleil au cœur de Paris

Et de Paris à Marseille, en retournant vers la mer.

Marilou Poncin Sleepy in a shell n°4 (2024)
Céramique émaillée, impressions sur rhodoïde et résine 20 × 25 × 8 cm
Courtesy de l’artiste et spiaggia libera, Paris.
Photo © Marilou Poncin

Marilou Poncin Erotique body experience n°9 (2024)
Pastel sur papier 40 × 23 cm
Courtesy de l’artiste et spiaggia libera, Paris.
Photo © Marilou Poncin

MdF. Vous avez participé à Art o rama pour la 2ème fois avec une exposition personnelle de Marilou Poncin et un projet spécial : pouvez-vous le décrire ?

SGC. « Moonlight & Sunburn », l’exposition de Marilou Poncin à Art-o-rama à Marseille, s’intéresse à la représentation des femmes dans le monde numérique. Au cœur de l’exposition se trouve un grand autoportrait où le corps de Poncin, immergé dans les profondeurs et drapé dans des tissus classiques, incarne une nymphe aquatique, symbole à la fois de vulnérabilité et de pouvoir. Autour de celui-ci, des céramiques et des dessins retravaillent des images de magazines vintage, remettant en question le regard masculin traditionnel en se réappropriant ces visuels dans des récits oniriques et poétiques. La fresque, inspirée par la lumière de Marseille, réfléchit davantage sur la fluidité de l’identité et la manière dont les femmes sont représentées dans le monde numérique, brouillant les frontières entre le réel et l’imaginaire.

Jean-Baptiste Janisset, Sourire aux anges du Frioul, 2020. Courtesy of the artist, spiaggia libera, Paris

MdF. En parallèle vous lancez un nouvel espace à Marseille, ville très dynamique mais avec peu de galeries commerciales : quelles sont vos motivations ?

SGC. Marseille est une ville vivante et dynamique, où de nombreux artistes se sont récemment installés, suscitant une vague de nouveaux projets et initiatives culturelles. Je suis moi-même marseillais, c’est donc passionnant de voir comment la ville évolue. Mais plus que de simplement le voir se produire, nous voulions participer à ce changement.

La saison 2024-2025 marquera le début de la première phase du programme du nouvel espace de la galerie à Marseille, que nous aimons appeler LA PLAGE. Dans cet espace, nous souhaitons introduire un nouveau format d’exposition. Notre objectif est de favoriser des liens significatifs entre les différents acteurs de la galerie et les œuvres de nos artistes.

Nous avons imaginé LA PLAGE comme un espace chaleureux, à l’image de la programmation que nous défendons depuis l’ouverture de la galerie. L’idée derrière ce nouveau projet est de bousculer le rythme habituel des visites de galeries à Paris, en créant des moments d’échange plus riches avec les artistes et leur travail.

Nous souhaitons également mettre en lumière la scène artistique marseillaise et créer de nouveaux dialogues entre les artistes internationaux que nous soutenons et les talents locaux émergents.

Marilou Poncin Sleepy in a shell n°4 (2024)
Céramique émaillée, impressions sur rhodoïde et résine 20 × 25 × 8 cm
Courtesy de l’artiste et spiaggia libera, Paris.
Photo © Marilou Poncin

MdF. Comment décririez-vous Marseille ?

SGC. Marseille, c’est comme un coucher de soleil avec le bruit d’un scooter qui démarre en arrière-plan. C’est une ville magnifiquement chaotique, pleine d’extrêmes et de contradictions. C’est aussi l’une des villes les plus cosmopolites de France, la porte d’entrée du sud et une fenêtre sur un horizon plus vaste. Marseille déborde d’énergie, une énergie qu’il ne faut pas essayer de contenir, mais plutôt d’accepter et de nourrir.

MdF. Quelles sont les étapes décisives de votre carrière ?

SGC. Je suis historienne de l’art de formation, ayant étudié à la Sorbonne avant de travailler avec différentes galeries, dont Emmanuel Perrotin et Kamel Mennour. Plus tard, j’ai également travaillé avec des fondations privées comme Kadist et la Sigg Art Foundation où j’ai dirigé des programmes de résidence dans le sud de la France et en Arabie Saoudite.

J’ai toujours eu un pied dans la recherche et l’autre dans le monde non académique, toujours proche de la création contemporaine et des artistes qui poussent notre société à se remettre en question et à se réinventer sans cesse.

Je connais mon associé Simon Lasry depuis longtemps. Nous nous sommes d’abord associés pour une exposition collective, « Hestia », qui présentait des œuvres de Celia Hempton, Louisa Gagliardi, Natacha Donzé et Paul Maheke, entre autres, dans un bâtiment vide du 6e arrondissement. Suite à cette expérience et à son succès, nous avons décidé d’ouvrir la galerie ensemble.

MdF. Quels conseils donneriez-vous aux jeunes collectionneurs ?

SGC. D’abord et avant tout, faites confiance à votre instinct et à votre œil. Achetez des œuvres qui vous parlent et qui vous aident à comprendre que la vraie valeur de l’art n’est pas une question d’argent. Et bien sûr, les bons conseils sont précieux, après tout, c’est mon métier ! Je pense aussi que les jeunes collectionneurs devraient s’intéresser aux artistes émergents pour pouvoir évoluer aux côtés des artistes qu’ils suivent.

INFOS PRATIQUES :
• spiaggia libera
56, rue du Vertbois
75003 Paris
https://spiaggia-libera.com/
• LA PLAGE :
1 plateau de Malmousque
13007 Marseille

Marie-Elisabeth De La Fresnaye
Après une formation en littérature et histoire de l'art, Marie de la Fresnaye intègre le marché de l'art à Drouot et se lance dans l'événementiel. En parallèle à plusieurs années en entreprise dans le domaine de la communication éditoriale, elle créé son blog pour partager au plus grand nombre sa passion et expertise du monde de l'art contemporain et participe au lancement du magazine Artaïssime.

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