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Depuis son lancement en 2016, ce sont presque 60 photographes qui ont été missionné·es pour porter leur regard sur le territoire du Grand Paris à travers cette commande publique menée par les Ateliers Médicis en coopération avec le Cnap. Aujourd’hui, pour la 9ème année consécutive, ce sont six nouveaux photographes lauréat·s qui ont été nommé·es : Sebastián Bruno, Juliette Fréchuret, Lucie Hodiesne Darras, Jade Joannès, Alain Nzuzi Polo – Belle garçon et Mickael Vis. Découvrez les projets qui vont être développés cette année.

Sebastián Bruno
Place des Victimes du 17 octobre 1961 (titre provisoire)

De la série Ta-Ra (Pays de Galles 2013-2022), publiée par Ediciones Anomalas, 2023. © Sebastián Bruno

Sebastián Bruno cherche à créer un parcours à travers les personnages et les textures qui composent la Place des Victimes du 17 octobre 1961, située en face de la gare de Saint-Denis, où les gens s’approprient naturellement l’espace public, le transformant en une scène de rencontres, de convivialité et de travail. « Je veux savoir qui sont-ils ? Pourquoi y stationnent-ils ? Quels sont leurs routines, leurs rites ? »
Cette proposition cherche à créer un parcours à travers les personnages et les textures qui composent ce lieu, établissant un microcosme qui reflète la richesse sociale et culturelle de la ville de Saint-Denis, où résidents et voyageurs s’approprient involontairement et naturellement l’espace public, le transformant en une scène de rencontres, de convivialité et de travail.

Sebastián Bruno est né à Buenos Aires, en Argentine, en 1989. Entre 2010 et 2022, il a vécu et créé une grande partie de son oeuvre dans les communautés ouvrières du sud du Pays de Galles. Il vit et travaille actuellement à Saint Denis (93). Il a publié trois livres Duelos y Quebrantos (2018), The Dynamic (2023) et TA-RA (2023). Son travail a reçu de nombreux prix et a été exposé dans des galeries, des musées et des festivals en Europe et dans le reste du monde.

Juliette Fréchuret
Garenne

Rue de la Garenne, 2024 © Juliette Fréchuret

Monique Hervo, militante et écrivaine française naturalisée algérienne a vécut 12 ans dans un wagon frigorifique dans le bidonville de La Folie à Nanterre. Ce projet prend la forme d’un court-métrage de fiction documentaire mêlant ses archives personnelles documentant le Nanterre des années 60 à un regard contemporain sur un jardin urbain situé sur l’ancien bidonville rue de la Garenne.
Le projet de Juliette Fréchuret prend alors la forme d’une enquête documentaire autour du paysage de Nanterre et les réminiscences d’une histoire oubliée des lieux, en interrogeant les liens étroits entre passé et présent. À quoi ressemble la rue de la Garenne aujourd’hui ? Comment le passé se manifeste dans le présent ? Quels sont les signes de cette histoire ? Comment ce lieu a-t-il été transformé, aménagé ?

C’est à travers la photographie, l’installation, le film, la création sonore et la conférence performée que Juliette Fréchuret (née en 1998 à Antibes, vit et travaille à Montreuil) expérimente notre appartenance au réel. Sa pratique met en forme des récits d’altérité souvent précaires, attachés à des lieux et à leurs usager.es. Ses oeuvres situées et ouvertes, dans lesquelles la forme du film est souvent perspective, affectionnent le vivant qui nous habite et que nous habitons.

Lucie Hodiesne Darras
D’entrée de jeu

Des temps de répit sont proposés chaque samedi après-midi par le RSVA, le Centre d’animation du Calvaire Saint-Pierre de Caen et l’association PEP14 pour permettre à des jeunes entre 6 et 17 ans avec handicap d’avoir différentes activités, sur des choses qu’ils aiment faire, que cela soit des activités sportives, ou des activités artistiques. L’idée est qu’ils puissent se retrouver ensemble afin de développer leur inclusion dans notre société, de nouer des liens entre eux et avec les professionnels qui les accompagnent, et de par le loisir, leur permettre d’évoluer sur leur compétences sociales et linguistiques.
© Lucie Hodiesne Darras

Le projet « D’entrée de jeu » s’intéressera aux aires de jeux inclusives présentes en Ile-de-France. Aujourd’hui, il n’en existe que trois autres, une à Meaux, une autre à Vaujours et une dernière à Montereau. Les images mettront en lumière le quotidien des enfants en situation d’handicap, et de par le jeu, leur besoin vital d’inclusion dans notre société.

Née en France en 1995, Lucie Hodiesne Darras est diplômée de l’école de l’Image, Les Gobelins. Son approche photographique humaniste cherche à traduire une certaine vérité des émotions, tout comme les trajectoires de personnes invisibilisées dans notre société. En témoigne sa série « Lilou «, amorcée en 2010, où elle capture le quotidien de son frère autiste Antoine.

Jade Joannès
La limite et l’étendue

Liv dans sa chambre © Jade Joannès

« La limite et l’étendue » tisse un double portrait des conditions de vie des habitants de micro-logements dans le Grand Paris, entre intérieur et extérieur. Il explore la typologie de ces espaces étroits de moins de 9 m² – surface habitable minimale légale d’un logement -, les stratégies d’adaptation mises en place par les habitants et les zones refuges, des lieux publics qu’ils considèrent comme une extension de leurs espaces intimes. Au sein d’environnement aussi étroits, Jade Joannès requestionne donc l’idée « d’habitabilité » à travers son travail photographique.

Née en 1994 en Seine-Saint-Denis, Jade Joannès est diplômée de l’École Nationale Supérieure d’Arts de Paris-Cergy en 2019 et travaille désormais entre Paris et Lille. Son travail a été publié par les éditions Another Place Press, et a été exposé à Rotterdam, à Berlin, à Tokyo et sera présenté en 2025 à Arles. Son travail le plus récent a fait l’objet d’une exposition personnelle en 2023 à la Maison des Arts et du Patrimoine de Beaumont. Il est récompensé par le prix Urbanautica en 2024.

Alain Nzuzi Polo – Belle garçon
Bulles Queer dans la cité

Chevelure Luxuriante au vent © Alain Nzuzi POLO – 2024

Vivre toutes les couleurs des queers – dont je fais partie – en Ile de France, dans une barre de la Courneuve, de Marne la Vallée ou dans un immeuble parisien et en sortir pour mesurer combien la maison de chaque individu habite les rues et les places de la ville.
Montrer comment chacun fabrique un monde dans lequel il peut vivre, une bulle dans des quartiers pas forcément favorables aux LGBTQ+. Pas seulement un chez soi, une fois la porte de son appartement fermé, mais aussi à l’extérieur. Comment marcher, comment s’habiller, comment se sentir protégé par ses propres perceptions de l’extérieur, de la rue, du square, en entrant dans un magasin acheter de quoi se nourrir, comme de quoi s’habiller.

Alain Nzuzi POLO, né à Kinshasa en 1985 – République Démocratique du Congo – est un artiste formé à l’Académie des Beaux-Arts de Kinshasa (2006). Il vit en France depuis son passage à l’Ecole des Arts décoratifs de Strasbourg. Le dessin, la photographie, l’installation, la vidéo et la performance sont les expressions favorites de ses créations, ne s’interdisant aucun autre medium comme le travestissement dans le rôle de Belle-Garçon comme il aime s’appeler.

Mickael Vis
Sous le soleil devant les divins (titre provisoire)

Image d’archive, La Grande Borne à Grigny
© Mickael Vis

« Sous le soleil devant les divins » explore la vie des habitants de Grigny, en particulier La Grande Borne, aujourd’hui ville la plus pauvre de France selon l’observatoire des inégalités. Ce projet mêle photographies et archives pour raconter le quotidien des habitants, en évitant les stéréotypes et en mettant en avant les mères comme figures centrales de cette «ville comme maison».

Mickaël Vis, né en 1989, est un artiste basé à Paris. Après des études de photographie et une année chez Magnum Photos, il se consacre ensuite à sa pratique personnelle, centrée sur l’intime. En 2022, il publie son premier livre, « To Dance with the Devil », chez Rue du Bouquet. En 2023, il est en résidence aux Ateliers Médicis et contribue à la réalisation d’un livre pour Louis Vuitton sur la région de Reims. Il prépare actuellement son prochain ouvrage, « Notes sur l’équilibre des choses »

Ericka Weidmann
Après des études d'Arts Appliqués et de photographie, elle rejoint un magazine en ligne consacré à la photo en tant que directeur artistique, poste qu'elle occupera pendant 10 ans. En 2010, elle s'installe comme DA en indépendant. En parallèle, elle devient responsable éditorial pour Le Journal de la Photographie et c'est en septembre 2013 qu'elle co-fonde le quotidien L’Oeil de la Photographie pour lequel elle est rédactrice en chef jusqu'en septembre 2016 avant de fonder 9 Lives magazine ! Ericka Weidmann est également journaliste pigiste pour d'autres médias.

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