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Après une annonce abrupte au début de l’été de l’arrêt de la galerie Le Réverbère après 43 ans d’activité, nous avons décidé de rendre un hommage particulier au travail de Catherine Derioz et Jacques Damez. Nous avons interrogé leurs photographes, dans l’ordre chronologique de leur arrivée à la galerie. Cette semaine, nous touchons à la fin de ce partage de témoignages. Aujourd’hui, voici notre dernière rencontre, celle avec avec Baudoin Lotin, représenté par Le Réverbère depuis 2017. Il revient sur cette aventure photographique et se confie sur l’arrêt de cette institution qu’était la galerie lyonnaise.

Huamantla, Tlaxcala, Mexique, 2018 © Baudoin Lotin / Courtesy Galerie Le Réverbère

Cuahautemoc, Chihuahua, Mexique, 2001 © Baudoin Lotin / Courtesy Galerie Le Réverbère

Acayucan, Veracruz, Mexique – 1985 © Baudoin Lotin / Courtesy Galerie Le Réverbère

Chamula, Mexique, 2018 © Baudoin Lotin / Courtesy Galerie Le Réverbère

Ericka Weidmann : Pouvez-vous nous raconter votre rencontre avec Catherine et Jacques et comment avez-vous intégré la galerie ?

Baudoin Lotin : Je crois être le dernier à avoir intégré la galerie “Le Réverbère“. C’était en 2017.

Cela a commencé par un appel téléphonique. A l’autre bout du fil, une dame me demande si je suis bien Baudoin Lotin ? C’est Catherine Dérioz qui me parle de la galerie de Lyon créée avec son compagnon Jacques Damez. Ils ont le projet de monter une exposition intitulée “Mexique, aller-retour“.
Je suis surpris ! Effectivement je photographie le Mexique depuis 1982, mais comment se fait-il qu’ils connaissent mon travail?

Madame Dérioz me rappelle que Bernard Plossu m’avait invité à participer à l’exposition “Visiones de México : 21 photographes“ au MuVIM de Valencia. En effet Bernard Plossu y était commissaire. Leur choix s’est arrêté sur mes images. Je suis donc entré au Réverbère par la grande porte, invité dans une galerie de légende pour côtoyer des photographes dont j’avais étudié les œuvres durant mes études au “75“ à Bruxelles.

Je ne cache pas que j’ai plané suite à cet appel, mais que dire lorsqu’ils m’ont proposé de venir chez moi pour nous rencontrer et parcourir mon travail de plus de quarante années.
Nous avons passé un week-end à nous découvrir, pour passer de gens inconnus à je crois deux couples qui étaient proches dans le regard, l’humour et le ressenti de la vie. Nous avons bien ri.
Cette rencontre a été le départ d’une envie de nous unir pour parcourir un chemin ensemble.

San Rafael, Sierra Madre occidentale, Mexique,1982 © Baudoin Lotin / Courtesy Galerie Le Réverbère

Patzcuaro, Mexique, 2022 © Baudoin Lotin / Courtesy Galerie Le Réverbère

Mexique, 2021 © Baudoin Lotin / Courtesy Galerie Le Réverbère

Cuautla, Morelos, Mexique – 1985 © Baudoin Lotin / Courtesy Galerie Le Réverbère

E. W. : Que représente pour vous cette collaboration ?

B. L. : C’est une nouvelle aventure qui commençait pour moi. Je n’avais jamais intégré une galerie d’art. Les débuts sont professionnellement enchanteurs. Je tombe dans une ambiance familiale propice aux partages, aux découvertes. Le groupe est accueillant. Catherine et Jacques me présentent des passionnés de la photographie. Je me sens bien. Je retrouve Bernard Plossu et Thomas Chable deux photographes que je connaissais déjà et dont j’apprécie particulièrement les photos. Le dialogue s’engage.

Je ne connaissais rien du fonctionnement d’une galerie, mais les choses ici sont claires, nous avons carte blanche pour mener notre travail comme nous le souhaitons. Nulle pression pour nous pousser dans une direction. Respect !

Petit à petit et avec les diverses expositions auxquelles j’ai participé à la galerie, mais aussi dans d’autres villes de France et de Belgique, le Réverbère nous a toujours soutenus. Par exemple j’ai pu rencontrer Marjolaine Vuarmesson de la “Baxton Galery“ pour une exposition au Festival de la Photographie de Bruxelles en 2023 et cet automne pour une présentation de mon reportage sur le Kurdistan.

Au “Réverbère“ il y a du cœur, mais aussi du savoir artistique, du ressenti, de la qualité humaine, du vécu et du partage.
Après plus de 40 années à mettre en valeur la photographie et les photographes, il faut être plus que passionnés.

Guanajuato, Guanajuato, Mexique – 1982 © Baudoin Lotin / Courtesy Galerie Le Réverbère

Xochitlan de Romero Rubio, Puebla, Mexique – 2013 © Baudoin Lotin / Courtesy Galerie Le Réverbère

Kurdistan Turc
Récolte, 1999 © Baudoin Lotin / Courtesy Galerie Le Réverbère

E. W. : Comment voyez-vous la suite, sans Le Réverbère ?

B. L. : La nouvelle de la fermeture de la galerie m’a affecté. Je ne m’y attendais pas.
Oui, le covid à bien changé des choses…
Mes pensées vont vers Catherine et Jacques, mais aussi vers l’équipe qui œuvrait à leurs côtés. Des passionnés encore. Ils font aussi partie de l’âme de la galerie
Pour moi, la diffusion de mon travail s’arrête avec le réverbère. La lumière s’éteint, mais l’artiste reste et l’amitié aussi. Merci pour vos combats photographiques et bonne route à vous vers de nouveaux projets.

E. W. : Cherchez-vous une autre galerie pour vous représenter (ou avez-vous déjà trouvé) ? Si oui, que recherchez-vous dans une collaboration avec une galerie ?

B. L. : L’expérience était trop belle pour tout recommencer. Je préfère rester sur les beaux sentiments vécus avec Catherine, Jacques et la bande.
La photographie et le photographe ne s’arrêtent pas. D’octobre à janvier prochain je ferai un parcours dans le rif marocain. C’est ma route.

INFORMATIONS PRATIQUES

ven20sep(sep 20)14 h 00 minsam28déc(déc 28)19 h 00 minHistoire(s) sans finExposition collectiveGalerie Le Réverbère, 38 rue Burdeau 69001 Lyon

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La fin d’une utopie. Rencontre avec Catherine Derioz et Jacques Damez de la Galerie Le Réverbère

Ericka Weidmann
Après des études d'Arts Appliqués et de photographie, elle rejoint un magazine en ligne consacré à la photo en tant que directeur artistique, poste qu'elle occupera pendant 10 ans. En 2010, elle s'installe comme DA en indépendant. En parallèle, elle devient responsable éditorial pour Le Journal de la Photographie et c'est en septembre 2013 qu'elle co-fonde le quotidien L’Oeil de la Photographie pour lequel elle est rédactrice en chef jusqu'en septembre 2016 avant de fonder 9 Lives magazine ! Ericka Weidmann est également journaliste pigiste pour d'autres médias.

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