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Pour sa deuxième carte blanche, notre invité de la semaine, Christoph Wiesner, directeur des Rencontres d’Arles, nous dévoile les coulisses du choix de l’image de l’année, celle qui figurera sur l’affiche de la manifestation. Une photographie qui constitue le premier contact avec l’esprit de l’édition : non pas un résumé, mais une condensation. Et pour cette sélection, la décision se prend collectivement. Pour cette 56ᵉ édition, placée sous le thème Images indociles, c’est une œuvre collaborative qui a été retenue : Super-héros de Warakurna #1, représentant un jeune garçon déguisé en super-héros, réalisée par les artistes australiens Tony Albert (Girramay/Yidindji/Kuku Yalanji), David Charles Collins et Kieran Lawson.

Chaque année, le choix de l’image de l’année pour les Rencontres d’Arles est un moment à part. C’est un instant suspendu, presque rituel. L’image que nous choisissons ne sert pas simplement à illustrer le festival : elle le représente, l’incarne, le projette dans les regards de l’été à venir. Elle est à la fois bannière, promesse et point d’interrogation. Elle circule bien avant les expositions, et souvent, elle précède même la compréhension pleine de la programmation. Elle devient, pour beaucoup, le premier contact avec l’esprit de l’édition.

On me demande souvent : comment faites-vous pour choisir cette image ? Il n’y a pas de recette. C’est une quête, chaque fois différente. Nous partons avec nos intuitions, nos lectures de la programmation, les tensions que nous avons repérées entre les expositions, les résonances inattendues. Nous cherchons une image qui ne résume pas, mais qui condense – quelque chose comme un éclat de l’édition. Une image qui dialogue avec un des thèmes de l’année sans pour autant l’illustrer littéralement.

C’est un travail collégial dans la décision finale, sensible, parfois long. L’équipe regarde, discute, hésite. Il arrive que l’image s’impose très vite. D’autres fois, elle se fait attendre.

Mais il y a toujours un moment – et c’est là que cela devient très clair – où une image nous arrête. Où elle semble contenir une vibration particulière. Elle a une force visuelle évidente, bien sûr, mais aussi une charge plus souterraine. Elle ouvre des questions. Elle évoque des luttes, des regards, des récits. Elle ne livre pas tout, et c’est ce qui fait sa puissance.

Tony Albert (Kuku Yalanji), David Charles Collins et Kirian Lawson.
Super-héros de Warakurna #1, série Super-héros de Warakurna, 2017.
Avec l’aimable autorisation des artistes / Sullivan+Strumpf.

Pour l’édition 2025 autour des Images indociles, cette recherche a été particulièrement stimulante. Il fallait une image qui ose, sans crier. Qui résiste, sans s’expliquer. Qui parle au regard, mais aussi au corps, au trouble, à la mémoire. Une image libre. Et c’est exactement cela que nous avons fini par trouver, ensemble, avec l’image intitulée Super-héros de Warakurna #1 (série Super-héros de Warakurna, 2017), réalisée par les Australiens Tony Albert (Girramay/Yidindji/Kuku Yalanji), David Charles Collins et Kieran Lawson.

INFORMATIONS PRATIQUES

lun07jul(jul 7)10 h 00 mindim05oct(oct 5)19 h 00 minLes Rencontres d'Arles 2025Images IndocilesLes Rencontres d'Arles, 32, rue du Docteur Fanton 13200 Arles

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