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Carte blanche PMU : L’âge de raison
Rencontre avec Benoît Cornu

Temps de lecture estimé : 6mins

Sept mois après la nomination d’Elina Brotherus comme lauréate de la Carte blanche PMU 2017, on découvre enfin le fruit de son travail à la Galerie de photographies du Centre Pompidou. Un « double je », avec cette nouvelle exposition présentant les travaux d’autoportraits d’Elina et de son alter ego, explorant le « jeu » dans son sens le plus large. L’ouverture de « Règle du Jeu » est l’occasion pour 9 lives de revenir sur la genèse du projet, et le développement du mécénat culturel avec Benoît Cornu, Directeur de la communication du PMU.

« Je ne voulais pas passer de commande, je souhaitais vraiment leur donner carte blanche et ainsi leur offrir toute liberté. » – Benoît Cornu

9 lives : Le PMU soutient la photographie contemporaine et la jeune création depuis plusieurs années. Vous êtes partenaire du BAL, de la Galerie de Photographies du Centre Pompidou et vous avez créé la carte blanche il y a 8 ans. Pouvez-vous nous parler du mécénat culturel que le PMU a mis en place dans une logique à long terme ?

Benoît Cornu : L’histoire commence il y a 8 ans. Le PMU était, dans son histoire d’entreprise, confronté à l’ouverture de son marché à la concurrence avec une très forte dimension digitale. A cette époque, le mécénat culturel du PMU était patrimonial. Nous étions donc en pleine modernisation de l’entreprise et de son image. Nous avons réfléchi à la meilleure façon d’emmener ce mécénat culturel vers une orientation plus moderne, et la photographie s’est imposée rapidement. Hasard des rencontres et du calendrier, à ce moment là Raymond Depardon et Diane Dufour travaillaient sur le projet de création du BAL, lieu qui a été très longtemps le plus grand PMU de France. Fermé depuis quelques années, il était question de le transformer en un centre dédié à la photographie ; ils nous ont donc contacté et nous nous sommes lancés dans l’aventure.
De plus, la question était de savoir comment nous allions débuter dans ce mécénat photo. L’idée est venue naturellement ; comme nous souhaitions changer l’image de l’entreprise et de la marque, il nous a semblé intéressant d’avoir le regard d’un photographe sur la marque et ses attributs. C’est le premier travail que l’on a fait avec Malik Nejmi en 2010, en lui demandant de photographier nos clients de façon complètement libre. Cela a donné lieu à notre première carte blanche qui avait uniquement été pensée pour une édition privée. Notre intention était d’inscrire cette volonté dans le temps avec une invitation régulière, nous avons donc poursuivi l’année suivante avec Mohamed Bourouissa, la demande initiale était de photographier les supporters, il a ramené un travail très différent et pourtant ô combien intéressant ; ce sont les joies de la Carte blanche PMU.
La troisième année, nous avons décidé d’ouvrir cette carte blanche, en lançant un appel à candidature soutenu par un jury pour sélectionner les futurs photographes et de l’offrir au public avec une présentation au BAL.

9 lives : Comment évolue la Carte blanche PMU aujourd’hui ? Comment se développe votre démarche de mécénat ?

B. C. : Cette démarche a grandi dans le temps. Une des évolutions majeures de cette Carte blanche a été le passage du Bal au Centre Pompidou. Le Centre national avait alors le projet d’ouvrir la Galerie de photographies, et ça été une bonne opportunité pour nous. Cela nous offrait une approche intéressante : d’un côté nous participions à l’ouverture de cette galerie, et de l’autre, nous bénéficions de cette plateforme et d’un tremplin pour faire vivre et exister la Carte blanche de façon beaucoup plus large.
Permettre à des artistes contemporains d’entrer dans les collections et d’exposer à Pompidou est une opportunité formidable qu’ils n’auraient jamais sans nous. Alors si on peut offrir cela à de jeunes artistes, cela nous conforte dans une action de mécénat utile !

« Cette Carte blanche a cette vertu de réussir à s’inscrire dans le temps. » B. C. 

9 lives : Cette année, Elina Brotherus est la huitième lauréate, sept artistes l’ont précédée, comment se passe le suivi des artistes dans le temps ? Quel rapport entretenez-vous avec eux ?

B. C. : Dans la carte blanche, il y a deux temps. La première est sa réalisation, qui est un temps assez court pour des artistes qui travaillent habituellement sur des délais plus longs. Par exemple Elina a été sélectionnée fin janvier, son exposition s’est ouverte cette semaine et l’ouvrage est bouclé depuis plusieurs semaines déjà. Cinq mois seulement sont donc réservés à l’execution du projet. Pour faciliter ces délais, il y a donc un accompagnement très important effectué par Françoise Vogt (ndlr : Chargée du mécénat culturel du PMU) sur la réalisation, avec les équipes du Centre Pompidou pour l’exposition et de WPS Patrick Le Bescont pour la monographie. Pendant ces mois, l’histoire fait que des liens se tissent et que nous gardons un contact avec eux. La plupart des lauréats découvrent notre univers, à travers cette expérience, certains ont pu faire évoluer leur carrière. Les images réalisées lors de cette Carte blanche ont eu un impact direct sur leurs travaux artistiques.
On essaye vraiment de garder le contact, de les aider lorsqu’on le peut. C’est un travail de soutien lors de la Carte blanche, et après il y a une relation qui s’installe sur le long terme.

« PMU est une marque populaire et cette Carte blanche nous permet de faire un lien entre cette marque et l’art contemporain. Alors si quelques-uns de nos clients peuvent pousser la porte du Centre Pompidou, c’est qu’on a réussi notre travail de mécène de réconcilier les publics. » B. C. 

9 lives : Y a t-il des nouveaux projets à venir ?

B. C. : Oui bien entendu, nous avons des projets qui sont en cours de réflexion et dont je ne peux pas encore parler…
Le Centre Pompidou est un ancrage fort, mais il faut que l’on continue d’avancer, c’est pourquoi nous réfléchissons à être présents dans un festival dont la dynamique et la renommée pourraient nous permettre de toucher un autre public.

Vous avez jusqu’au 22 octobre, pour découvrir l’exposition « Règle du Jeu », proposition artistique de la Carte blanche PMU d’Elina Brotherus, mêlant photographie et vidéo.

A lire : notre rencontre avec Elina Brotherus (article publié en juin 2017) 

INFORMATIONS PRATIQUES
Règle du Jeu
Carte blanche PMU Elina Brotherus
Du 27 septembre au 22 octobre 2017
Centre Pompidou
Galerie des Photographies
75004 Paris
http://www.centrepompidou.fr
> Règle du Jeu, Elina Brotherus
Aux Editions Filigranes
Graphisme : WhitePapierStudio
Automne 2017
http://www.filigranes.com
http://www.whitepapierstudio.com

http://elinabrotherus.com
http://carteblanchepmu.fr

Ericka Weidmann
Après des études d'Arts Appliqués et de photographie, elle rejoint un magazine en ligne consacré à la photo en tant que directeur artistique, poste qu'elle occupera pendant 10 ans. En 2010, elle s'installe comme DA en indépendant. En parallèle, elle devient responsable éditorial pour Le Journal de la Photographie et c'est en septembre 2013 qu'elle co-fonde le quotidien L’Oeil de la Photographie pour lequel elle est rédactrice en chef jusqu'en septembre 2016 avant de fonder 9 Lives magazine ! Ericka Weidmann est également journaliste pigiste pour d'autres médias.

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