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Claire Jacquet, Directrice du FRAC Aquitaine

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Il y a dix jours, nous vous présentions le Prix Orisha 2017 à travers le témoignage de Claire Jacquet, membre du Jury. Aujourd’hui, nous la rencontrons pour nous parler de son rôle de directrice au Frac Aquitaine.

9 lives : Quel bilan dressez-vous depuis votre arrivée au Frac Aquitaine ?

Claire Jacquet : Pour vous répondre de façon dynamique et synthétique, je suis arrivée au Frac Aquitaine en 2007 en héritant d’une histoire pleine de rebondissements comme dans toute structure. Jean-Louis Froment longtemps présent dans le comité technique d’achat en tant que directeur du CAPC musée d’art contemporain de Bordeaux avait favorisé à l’époque l’acquisition d’œuvres devenues emblématiques aujourd’hui. Bernard Marcadé et Gilles Mora ont favorablement complété le fonds, nous mettant sur la voie d’un art international à la fin des années 1980. Je me suis donc retrouvée face à une collection incroyablement riche et de grande qualité, mais avec un logiciel à réinventer, car la vocation d’un Frac est d’aller en région dans des lieux peu touchés par la culture, dans les hôpitaux, les prisons dans une dimension de service public. Depuis 10 ans j’ai réintroduit une dynamique de travail déclinant des concepts d’exposition innovants et très collaboratifs. La dimension humaine des projets est essentielle à mes yeux et c’est sans doute la grande richesse d’une telle structure de ne rien pouvoir faire seule, comme un musée ou une fondation privée, qui ont aussi tout leur sens. On a aujourd’hui un bilan positif avec un accroissement du nombre d’actions et un maillage solide sur le territoire (123 actions en 2016 ayant rassemblé un peu plus de 145 000 personnes, dont 26 expositions partout en région. Au total 628 œuvres ont été prêtées, soit 52% de la collection en circulation).
Nous pouvons compter sur de nombreux partenaires en région qui ont compris notre rôle et ont envie de partager une expérience avec nous.

9 lives : Les défis et la genèse du projet du nouveau Frac Aquitaine à la MÉCA

C. J. : Le Frac Aquitaine a su anticiper ce projet qui date de 12 ans environ. Quand je suis arrivée on s’était déjà rendu compte que les locaux n’étaient plus adaptés. Très vite un projet de concertation autour d’un nouvel établissement a vu le jour, l’État et la Région ayant eu le temps de réfléchir au mode de financement. Entre temps on a rencontré des épisodes contraires : la crise évidemment au tournant des années 2010 et la fusion des régions. Malgré ce paysage un peu bouleversé, la Région et l’Etat nous sont toujours restés fidèles et engagés.
La MÉCA va s’installer fin 2018, sur les quais de la zone Euratlantique derrière la gare dans un contexte urbanistique très favorable, Bordeaux aujourd’hui étant une ville attractive avec l’émergence de ce genre d’équipements phares.

Ce nouveau bâtiment sur une surface avoisinant les 12 000 m² va rassembler 3 structures culturelles : ECLA et OARA, deux agences du Conseil régional tournées pour la première vers le cinéma et le livre et pour la deuxième le spectacle vivant, et nous qui regroupons tous les arts visuels et plastiques, de la peinture au design en passant par la photographie et la sculpture, l’installation, les performances..
Nous deviendrons alors une sorte d’incubateur et je crois beaucoup à la relation de proximité avec ces 2 agences pour imaginer des projets transdisciplinaires et croisés. Le Frac Aquitaine sera vraiment un outil de travail à l’adresse du public.
Je travaille sur une manifestation d’ouverture qui pourrait rassembler une dizaine d’invités, favorisant l’idée d’un projet où la diversité a toute sa place. Je pense notamment à l’Afrique subsaharienne pas assez présente dans nos collections.

9 lives : La vie de la collection et mode de fonctionnement

C. J. : Nous disposons d’un budget d’acquisition de 130 000€ par an, ce qui est la moyenne des Frac.
La photographie représente 50% de la collection, un des axes fort d’acquisition dès le départ car plus facile pour la diffusion et en écho avec le CAPC qui exposait plutôt des grandes installations et œuvres en volume. Il y a eu donc comme une répartition tacite.
Ce fonds de photographies, je souhaite le faire évoluer vers les arts visuels au sens large : la vidéo bien sûr mais aussi des installations qui convoqueraient des films ou des archives photographiques.
Nous visons un bon équilibre entre artistes internationaux et artistes français, avec une attention particulière pour les artistes vivant en Nouvelle-Aquitaine. Des artistes n’ayant pas de galerie à Paris et qui manquent de relais d’opinion ou d’occasion de présentation et de valorisation, comme avec Raphaël Zarka dont nous avons été les premiers acquéreurs en 2007 sans cesser de l’accompagner avec la trajectoire qu’on lui connaît à présent.
L’année dernière dans le cadre de la saison France-Corée dans le cadre d’un projet du CNAP, j’ai emmené des blockbusters de la collection comme Gilbert & George mais aussi Nicolas Milhé, artiste émergent.
En terme de fonctionnement, nous sommes une relativement petite équipe de 13 personnes, ce qui nous permet de rester agiles et réactifs.

Actuellement au Frac Aquitaine :

Des mondes aquatiques #2

Mirages #4

Au Centre Pompidou, Paris : Musée en œuvre (s)

http://frac-aquitaine.net

Frac Aquitaine
Hangar G2
Bassin à flot n°1
Quai Armand Lalande
33 300 Bordeaux

Marie-Elisabeth De La Fresnaye
Après une formation en littérature et histoire de l'art, Marie de la Fresnaye intègre le marché de l'art à Drouot et se lance dans l'événementiel. En parallèle à plusieurs années en entreprise dans le domaine de la communication éditoriale, elle créé son blog pour partager au plus grand nombre sa passion et expertise du monde de l'art contemporain et participe au lancement du magazine Artaïssime.

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