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Quel avenir commun ? : les lauréat.e.s des Regards du Grand Paris

Temps de lecture estimé : 9mins

Les noms des sept photographes viennent d’être dévoilés pour sa quatrième édition des Regards du Grand Paris autour de la thématique venue questionner l’avenir commun. Sur la centaine des projets reçus par les Ateliers Médicis et le CNAP, ils sont sept à avoir retenu l’attention du comité de sélection.

Ces projets se sont démarqués par leur sérieux, leur pertinence et leur sensibilité. Les lauréats démontrent des préoccupations écologiques et politiques, ainsi qu’une volonté de défendre la pratique photographique dans ses pouvoirs de représentation et de mise en relation des communautés, des êtres et de leurs environnements, au passé et au présent – sans jamais écarter la puissance esthétique de l’image.

Tout au long de cette aventure, des espaces d’échanges et de débats sont ouverts, invitant photographes, amateur.e.s, poètes.ses, et penseurs.ses. Refusant de cantonner d’une part les artistes à leur production personnelle et d’autre part les critiques et commanditaires à l’élaboration d’un discours sur le corpus produit, les Regards du Grand Paris veulent être le lieu d’une responsabilité partagée, d’un engagement commun.

Les sept projets lauréats :

Les formes de l’eau
Aurore Bagarry

L’eau est un élément commun et partagé. Les flux aquatiques ont modelé le bassin parisien par vagues de sédimentations dont les courbures actuelles ont structuré notre regard. Il est formé de roches d’origines marine, lacustre, lagunaire ou fluviatile. Depuis ce socle tertiaire, quel avenir commun lié à l’eau les franciliens partagent-ils ? En partant des profondeurs et de ce qui affleure, il s’agira d’observer les traces laissées par l’eau. Fossiles, sédiments, mouvements de terrain, érosion, effondrements seront répertoriés tels des indices formant l’esquisse d’un avenir commun.

Aurore Bagarry est née en 1982 au Mans. Photographe et vidéaste, elle est représentée par la galerie Sit Down à Paris. Elle est diplômée en 2004 de l’école des Gobelins et en 2008 de l’École nationale supérieure de la photographie d’Arles. Ses recherches ont été soutenues par le prix LVMH en 2008, le ministère des Affaires étrangères en 2009, le Cnap en 2013, la Drac Bretagne en 2017 et le Centre d’Art GwinZegal en 2019. Ses livres Glaciers sont parus aux éditions h’Artpon en 2017.

Transurbanisation
Mathias Depardon et Guillaume Perrier

Quelle place pour l’agriculture dans le Grand Paris ? La surface de culture péri-urbaine ne cesse de se réduire. Deux mouvements se croisent : l’effacement progressif de la ruralité dans la région parisienne et le développement d’une agriculture de proximité voulue par les citadins. Cohabitation ou confrontation ? Les photographes explorent cette dualité entre l’espace urbain et l’espace agricole, en parcourant les lisières, les frontières, les espaces de rencontres. Ils investissent ces espaces en pleine transformation pour étudier comment la ville « se réimbrique » avec l’agriculture.

Mathias Depardon est né en 1980 en France. Sa pratique photographique se trouve au confluent de la tradition documentaire et d’une expérience contemporaine. C’est dans les lieux frontaliers, à la périphérie que le photographe vient chercher les mutations qui agitent les zones sous tension. Son travail s’est fait connaître notamment autour de ses recherches et séries sur la Turquie et sa région où il a vécu en immersion près de six ans. Cette période fut d’ailleurs l’objet de l’exposition monographique Transanatolia au Musée des Archives nationales en 2017.
Guillaume Perrier est grand reporter et auteur de deux livres publiés chez Actes Sud, d’une bande dessinée et de films documentaires pour la télévision dont Erdogan, l’ivresse du pouvoir (Arte 2016). Ancien correspondant du journal Le Monde en Turquie, il cultive un tropisme pour le Moyen-Orient où il continue de voyager régulièrement, tout en explorant d’autres territoires. Ces reportages et ces enquêtes s’inscrivent sur le temps long du documentaire. Il vit à Paris depuis 2014.

Où naissent les photographies
Lucas Leglise

Les photographies sont liées aux lieux où elles sont prises, mais elles dessinent aussi une cartographie de laboratoires?; des chambres noires où l’on rejoue à chaque tirage le mystère de la photographie avec une grande variété de sensibilités. Paris a une place à part sur cette carte et des photographes du monde entier viennent ici donner corps à leurs images. Cette série de photographies montrera l’environnement d’ateliers de tirage du Grand Paris. Chaque photographie est tirée avec le procédé qu’elle documente, ainsi la série est à la fois un catalogue de techniques et un itinéraire dans la ville.

Lucas Leglise est né en 1992 à Chalon-sur-Saône, il vit et travaille à Paris. Il est diplômé de l’École supérieure d’art de Chalon-sur-Saône et des Beaux-Arts de Paris. Il a exposé son travail en France (Salon de Montrouge, 2018; Photo Saint-Germain, 2018), en Chine (OCAT institute, Pékin, 2019; abC art book fair, Pékin, 2018) et au Japon (Spiral, Tokyo, 2019; Tsukuba museum of art, Tsukuba, 2017).

L’Or des ruines
Geoffroy Mathieu

L’Or des ruines suit des glaneurs dans leurs parcours à travers les marges, à la découverte de leurs lieux de récolte, des gestes et techniques qu’ils déploient, des denrées qu’ils trouvent, des sociabilités qu’ils créent. Dans ces paysages abîmés, de nouvelles économies se tissent, dessinant ce que pourrait être un nouveau partage des ressources, une nouvelle manière de vivre dans un monde commun.

Geoffroy Mathieu est né en 1972. Il est diplômé de l’École nationale supérieure de la photographie d’Arles. Il vit et travaille à Marseille. Ses travaux interrogent la manière dont certaines questions écologiques ou politiques se concrétisent dans le paysage. À travers des protocoles de parcours, il documente les territoires en mutation, les frottements ville-nature ou les résistances poétiques dans les usages des lieux.

Visibles invisibles
Khalil Nemmaoui

On n’a pas assez mesuré les conséquences d’un provisoire qui dure et du piège de l’âge qui se referme doucement sur ces hommes et ces femmes qui, l’heure de la retraite venue, ne sont pas tous retournés au pays retrouver la famille et finir leurs jours entourés et accompagnés. À partir d’une documentation sur la vie des « chibanis » de Paris, ces hommes arrivés en France pour y travailler, ayant pu bénéficier ou pas du regroupement familial, le photographe explore la vie de toutes les communautés des personnes vieillissantes, loin de leur pays.

Khalil Nemmaoui est né en 1967 dans le moyen Atlas Marocain. Après des études scientifiques, il se consacre à la photographie et travaille pour la presse libre, naissante dans les années 1990. Le travail de Khalil Nemmaoui oscille entre la photographie humaniste et la notion de territoire-paysage. Influencé par le cinéma de David Lynch et de Wim Wenders et par les photographes américains des années 1980, il invoque le hors-champ et installe des espaces d’introspection et de contemplation souvent chargés de questionnements.

Forêt Métropolitaine
Alexandra Serrano et Simon Pochet

Forêt Métropolitaine est une création pluridisciplinaire alliant photographie et son. Elle prend la forme d’une enquête artistique sur l’histoire d’un lieu à l’identité particulière : la plaine de Pierrelaye-Bessancourt (Val-d’Oise). Autrefois zone d’épandage des eaux usées de la capitale, celle-ci accueillera à partir de fin 2019 la plus grande opération de reforestation en France depuis quatre siècles. Ce projet rendra compte des transformations de ce territoire et de l’imaginaire qui se construit autour de son nouveau destin : la volonté de créer une forêt ultra connectée, poumon vert du Grand Paris, offrant aux franciliens de nouveaux espaces de détente et de respiration.

Alexandra Serrano est née en 1988. Elle vit et travaille à Paris. Sa pratique photographique est sensible et poétique et porte un intérêt tout particulier à l’identité, à la mémoire, à l’histoire. À travers ses images, Alexandra s’approprie plastiquement des territoires en s’intéressant à l’expérience physique et affective d’espaces construits et investis par l’homme, observant non seulement les éléments qui les constituent mais également les individus qui les côtoient.
Simon Pochet est né en 1990. Il vit et travaille à Paris. Artiste sonore, il manipule le son à la croisée du documentaire, de la phonographie, de la composition électroacoustique, de la vidéo et de l’installation multimédia. Il s’intéresse aux questions de mémoire, d’espaces, de cartographie sensible et d’imaginaire des lieux, en privilégiant des démarches de création participative et en expérimentant des dispositifs de diffusion sonore interactifs.

La Barricade – Existing as a promise
Luise Schröder

La Barricade – Existing as a promise est un projet photographique documentaire et conceptuel, qui explore le mythe pictural et photographique des barricades à Paris et en France au fil des siècles. Il s’agira de produire des tableaux photographiques grand format et un film documentant l’expérience. Le projet traite du passé, du présent et de l’avenir des barricades dans le Paris actuel et ses banlieues.

Luise Schröder est née en 1982. Elle vit et travaille à Paris et Leipzig. Son travail aborde les aspects de « l’histoire en devenir » d’un point de vue actuel. Elle s’intéresse à la façon dont les cultures du souvenir et de la commémoration sont influencées et formées par les programmes politiques, les médias et la production d’images ainsi qu’à la façon dont cela affecte les identités et les communautés.

CALENDRIER :
• Rencontre avec les lauréat.e.s des Regards du Grand Paris – année 4 et présentation de l’exposition de Baudouin Mouanda, photographe des Regards du Grand Paris – année 3
Le 19 décembre 2019 à l’Ateliers Médicis
• Rencontre avec les photographes des quatre premières années de la commande photographique Regards du Grand Paris
Le 20 mars 2020 au Magasins généraux
• Présence à l’occasion des Rencontres de la photographie d’Arles et présentation de l’édition de la 4e année des Regards du Grand Paris en partenariat avec Fisheye
En Juillet 2020 à Arles
• Le rendu des photographies répondant à la commande s’effectuera jusqu’en septembre 2020. Les projets lauréats ne sont pas encore engagés. Les images qui suivent sont donc tirées de projets précédents des artistes ou de repérages.
https://www.ateliersmedicis.fr/
http://cnap.fr/

La Rédaction
9 Lives magazine vous accompagne au quotidien dans le monde de la photographie et de l'Image.

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