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Mort de Frank Horvat (1928 – 2020)

Les toits, Paris © Frank Horvat
Temps de lecture estimé : 3mins

Le photographe Frank Horvat est décédé ce jour, mercredi 21 octobre 2020, à l’âge de 92 ans. Né en 1928 en Italie, le photographe a vécu en Suisse, en Italie, au Pakistan, en Inde, en Angleterre et en France, où il s’installe à la fin des années 1950. En ce moment et jusqu’au 10 janvier 2021, la Maison Robert Doisneau lui consacre une exposition sur le Paris des années 50.

Au début des années 1950, Frank Horvat est alors un jeune photographe qui navigue dans les différentes sphères du métier. Tour à tour reporter, illustrateur et bientôt photographe de mode reconnu, il refuse dès cette époque de choisir, de se limiter à une spécialité ou de s’enfermer dans un genre. C’est donc avec un certain goût pour l’expérience et une curiosité aiguisée qu’il déambule dans Paris, la ville où il a choisi de s’installer. Cette exposition présente ainsi deux séries réalisées durant la même décennie avec la capitale pour toile de fond ou pour sujet et qui révèle la large palette expressive maîtrisée par le photographe dès ses débuts.

Le premier ensemble d’images, qui pourrait s’apparenter à une forme documentaire, montre un Paris de nuit, fait de night-clubs et de cabarets fréquentés par les touristes étrangers en quête de strip-tease à la française. En réalisant ses premières prises de vues, Frank Horvat ne souhaite pas en faire le thème d’un travail au long cours mais répond simplement à la commande d’un magazine américain. S’il photographie le spectacle et le public du Sphinx à Pigalle, son culot l’introduit rapidement derrière le rideau où il rejoint les danseuses dans leurs loges. Ces instantanés, pourtant réalisés dans une certaine hâte, nous plongent dans une promiscuité intime où les corps dénudés se laissent approcher pour un instant de pose et où les regards complices croisent volontiers ceux du jeune photographe. Quelques années plus tard, cette série ainsi que d’autres clichés (pris au Crazy Horse notamment) font l’objet d’une publication intitulée J’aime le Strip-Tease.

La seconde série d’images exposée ici montre davantage un Paris au grand jour où s’affichent la physionomie, le dessin et même le « graphisme » de la ville ainsi que les mouvements qui l’animent. Frank Horvat utilise un téléobjectif pour réaliser certains de ses clichés qui, à l’époque, ne font pas non plus l’objet d’un thème spécifique.

De ce travail résulte des séquences étonnantes, riches de surprises formelles voire abstraites, où les plans impitoyablement martelés en aplats affirment les lignes, les contours et les matières des lieux ou des visages. À ravers cet ensemble, cette recherche esthétique libre, Frank Horvat dévoile sa vision de Paris faite à la fois d’individus, anonymes ou célèbres, de foules, de points de vue et d’ambiances insolites mais aussi de pauses et d’accélérations, de silences et d’effervescences.
– Michaël Houlette

INFORMATIONS PRATIQUES

ven02oct2021lun01marParis années 50Frank HorvatMaison de la Photographie Robert Doisneau, 1, rue de la Division Général Leclerc 94250 Gentilly

La Rédaction
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