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L'Invité·e FLORE : Miroslav Tichy, Marguerite Duras et Louise Bourgeois, ces créateurs qui ont influencé mon travail La Rédaction17 décembre 2020 Partager Partager Temps de lecture estimé : 5minsPour sa troisième carte blanche, la photographe FLORE continue de partager les artistes qui l’inspirent et qui ont façonné son univers. Aujourd’hui, elle nous parle de trois artistes qui sont venus enrichir sa réflexion et son positionnement sur le monde. Avec le photographe tchèque Miroslav Tichy tout d’abord, mais également Marguerite Duras, dont l’œuvre littéraire nourrie le travail de Flore depuis plusieurs années, et enfin Louise Bourgeois. Miroslav Tichy A partir de 1996, j’ai mené de front cette pratique artistique et ma vie de photographe professionnelle. En 2005, après l’exposition de mon travail au Petit Palais, il m’a été proposé de recommencer à enseigner, en particulier le tirage argentique comme moyen d’expression de soi. J’ai beaucoup initié de débutants parce que c’était motivant pour moi d’enseigner une pratique que tout le monde avait annoncée comme moribonde. Donc, parce que jouer les Suites de Bach nécessitera toujours quelques gammes et qu’il y aucune raison pour qu’en photographie ce soit différent, parce qu’il faut savoir faire pour savoir défaire, j’ai repris les bases « un bon tirage, c’est un tirage équilibré, avec des matières dans les noirs et des matières dans les blancs, avec de belles fermetures et dont les masques ne doivent pas se voir etc » Mes élèves progressaient et, promo après promo, j’avais acquis un œil de lynx. Sans m’en rendre compte, je crois que ça me rigidifiait un peu à la longue dans recherche personnelle, dans ce sens qu’il peut y avoir quelque chose d’insidieusement enfermant à enseigner quotidiennement un seul point de vue. L’été de mes 45 ans, à la librairie Torcatis de Perpignan, je tombe sur un livre de Miroslav Tichý . C’est comme si on m’ouvrait enfin une porte en grand sur la liberté. De retour à Paris, je vais voir l’exposition au Centre Pompidou. Je lis et je regarde tout ce que je trouve sur lui, comme une grande respiration. A partir de Miroslav Tichý , peut-être parce qu’avec la maturité mon écriture était déjà affermie, les créateurs qui vont compter pour moi influenceront, non plus mon rapport à la forme mais ma réflexion sur mon positionnement en tant qu’artiste et donc mon rapport au monde. Par leurs personnalités, ils m’aideront à ouvrir de nouveaux espaces de liberté à l’intérieur de moi, à m’affirmer et à mieux résister à la pression du marché, des modes et des tendances. Marguerite Duras En 2015, je commence à travailler sur une approche photographique de l’œuvre de Marguerite Duras autour de son enfance indochinoise. Pour ce faire, je lis ou relis naturellement tout ce qui s’y rapporte. C’est ainsi que je découvre qu’elle a écrit quatre fois, dans différentes versions, son histoire avec son amant chinois. Suis-je inculte ? Est-elle particulière ? C’est la première fois que je vois ça, cette réutilisation du motif, depuis que je m’intéresse à la littérature. Sidérée, je regarde Anne-Marie Stretter se réincarner livre après livre. Plus tard, je visionne India Song, puis Son nom de Venise dans Calcutta désert ; je sais déjà que la bande originale des dialogues a préalablement existé seule pour une émission radio. Dans un éclair, je comprends mieux que je ne l’avais jamais compris, brutalement exprimé par l’exemple, que dans la création, il faut être libre. Défendre sa liberté bec et ongles. Que du moment qu’on est profondément, désespérément sincère avec soi-même, on n’a de comptes à rendre à personne, qu’à soi-même. Je prends note de cette leçon magistrale. Face aux diktats du marché, à la quasi hémogénie de la « série », à la pression du format unique, de la petite numérotation, voire de la pièce unique, à l’impossibilité de tacite de changer quoi que ce soit en cours de série, comme si l’art était un bien de consommation et non l’expression d’être sensibles et donc mobiles, comme si ce qui est notre force, notre capacité de création vive, qui devrait être considérée comme une des choses les plus précieuses au monde, devait être domptée. Louise Bourgeois Mi 2019, j’abandonne quelques jours M. Duras sur laquelle je travaille à nouveau en vu du projet « L’odeur de la nuit était celle du jasmin » pour lire la biographie que consacre Marie-Laure Bernadac à Louise Bourgeois « La femme couteau« . Je suis lasse de la photographie, lasse de Marguerite. J’ai besoin d’une échappée. Une vie consacrée aux arts-pastiques me semble propice à reprendre souffle. Cette biographie, qui évoque la vie d’une artiste aux médiums différents du mien, m’ouvre les yeux sur des disparités évidentes entre nos deux mondes. Pour une même sculpture, trois bronzes d’abord et bien plus tard deux marbres. Au nom de quoi, ne pourrais-je pas m’accorder aussi cette liberté ? Un bouquet en argentique et dans deux ans, si l’envie m’en prend, la même en cyanotype, la même image dans deux séries différentes, une photographie recadrée à ma guise et réutilisée ? La liberté s’acquière chèrement, en particulier à l’intérieur de soi-même où l’auto-censure peut faire de discrets ravages et je suis infiniment reconnaissante à mes aînés de m’avoir, chacun à leur manière, ouvert la voie car il me semble que c’est dans cette liberté même que je donne le maximum de mes capacités. On peut imaginer que le dialogue avec le public ne peut en être qu’enrichi car qui préfèrerait voir un animal en cage plutôt que de le regarder s’ébattre en liberté ? ACTUALITÉ L’Académie des beaux-arts accueille du 16 décembre au 31 janvier 2021 l’exposition « L’odeur de la nuit était celle du jasmin ». L’Institut est en effet ouvert au public suite à une décision du 15 décembre. Académie des beaux-arts - Institut de France23, quai de Conti – 75006 Paris mer28oct(oct 28)11 h 00 min2021dim31jan(jan 31)18 h 00 minL’Odeur de la nuit était celle du jasminFLOREAcadémie des beaux-arts - Institut de France, 23, quai de Conti – 75006 Paris Détail de l'événementL’Académie des beaux-arts accueille du 28 octobre au 29 novembre 2020 l’exposition L’Odeur de la nuit était celle du jasmin de FLORE, lauréate 2018 du Prix de Photographie Marc Ladreit Détail de l'événement L’Académie des beaux-arts accueille du 28 octobre au 29 novembre 2020 l’exposition L’Odeur de la nuit était celle du jasmin de FLORE, lauréate 2018 du Prix de Photographie Marc Ladreit de Lacharrière en partenariat avec l’Académie des beaux-arts. Indochine, mousson, moiteur, beauté du Mékong et dangers de la nuit… les récits des grands-parents de l’artiste photographe FLORE, ayant vécu à la même époque et sur les mêmes lieux que Marguerite Duras, ont baigné son enfance d’insondables mystères qui nourrissent aujourd’hui un imaginaire commun entre elle et l’écrivaine. Après Lointains souvenirs, sa première série autour de l’adolescence de Marguerite Duras, FLORE continue à « inventer photographiquement » une Indochine mythifiée. Elle propose ici un voyage dans le temps et agrandit le monde d’espaces insoupçonnés, en saisissant quelque chose qui n’a pas nécessairement existé mais dont on accepte le postulat, cette vie qui aurait été vécue il y a presque 100 ans et que Marguerite Duras raconte dans ses livres. Cette exposition sera constituée d’une soixantaine de tirages argentiques réalisés par l’artiste en chambre noire, teintés au thé et cirés, dont des héliogravures, ainsi que des pièces uniques sur feuille d’or. L’exposition L’Odeur de la nuit était celle du jasmin fait partie de la 10ème édition du festival PhotoPhotoSaintSaintGermain du 6 au 21 novembre 2020. FLORE est une artiste photographe franco-espagnole née en 1963. Ses séries au long cours souvent réalisées lors de voyages ont été acquises ou présentées par des institutions prestigieuses comme le Musée du Petit Palais, le MMP+ de Marrakech, le Mémorial de Rivesaltes, la BnF, ainsi qu’à l’occasion de foires internationales comme Paris Photo, Photo London, Fotofever, Marrakech Art Fair, Daegu Art Fair ou la Snif Art Fair de Osaka. Par des procédés techniques sophistiqués, FLORE façonne tout autant qu’elle restitue le monde déployé sous ses yeux pour en extraire des images qui se confrontent au mystère du temps qui passe, à notre condition de mortels, à la fragilité des souvenirs et à la capacité de la photographie de créer de la vérité plus vraie qu’une réalité. FLORE est représentée par la Galerie Clémentine de la Féronnière/Paris, la Galerie 127/Marrakech, la Blanca Berlin Galeria/Madrid, la Galerie Wada-Garou/Tokyo et M.K.W Art Gallery/New-York. DatesOctobre 28 (Mercredi) 11 h 00 min - Janvier 31 (Dimanche) 18 h 00 min(GMT+00:00) LieuAcadémie des beaux-arts - Institut de France23, quai de Conti – 75006 Paris Académie des beaux-arts - Institut de France23, quai de Conti – 75006 ParisExposition ouverte du mardi au dimanche de 11 heures à 18 heures - Entrée libre Get Directions CalendrierGoogleCal Favori3
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