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Pour leur troisième carte blanche, nos invitées de la semaine, les deux directrices photo de la revue La Déferlante, Ingrid Milhaud et Camille Pillias, reviennent sur les portraits des communardes réalisés par Ernest Charles Appert, à l’occasion de la célébration du 150ème anniversaire de la Commune de Paris ! Cet article est l’occasion de lever le voile et de mettre des visages et des noms sur sur ces femmes qui ont participé à cette insurrection. Une galerie de portraits face à l’invisibilisation de ces révolutionnaires !

Alors que l’on célèbre les 150 ans de cette expérience révolutionnaire et de sa sanglante répression, Chloé Leprince consacre, dans le numéro 3 de la revue La déferlante, un article à l’invisibilisation des femmes ayant participé à la Commune de Paris en 1871. L’occasion de redécouvrir la série de portraits que le photographe Ernest Charles Appert a réalisés de certaines de ces femmes, dont l’histoire n’a souhaité retenir que Louise Michel. Et les paradoxes que révèlent ce mémorial improvisé.

A toutes celles, “qui, victimes de l’injustice sociale, prirent les armes contre un monde mal fait et formèrent sous le drapeau de la Commune, la grande fédération des douleurs.“
Jules Vallès

Selon Louise Michel, elles furent plus de 10 000 à combattre, femmes du peuple, inconnues, qui rejoignirent la Commune au risque de la mort, de la prison, du bagne ou de l’exil. L’histoire aura retenu les journalistes Paule Minck et André Léo, Elisabeth Dmitrieff, l’aristocrate marxiste, et bien sûr l’institutrice écrivaine. Les autres seront caricaturées, qualifiées de pétroleuses, prostituées, mais sans visages ni identités… Enfin, sans visage, c’est ce que l’on a voulu croire trop longtemps. Car ces portraits existaient, mais le contexte de leur création, et les soubresauts de leur diffusion ont nourri l’invisibilisation.

Oubliées mais photographiées

Ces portraits ont été réalisés par Ernest Charles Appert à la prison de Versailles en 1871 après l’arrestation de ces femmes pour la plupart. Ils sont un témoignage unique de cet événement et la seule représentation exhaustive et incarnée de celles qui y ont participé.

Pourtant utiliser la toute jeune photographie pour documenter cet événement n’était pas une évidence. La technique impose encore un temps de pause assez long et du matériel assez lourd; la reproduction de la photographie dans les journaux est limitée par les techniques d’impression encore imparfaites, on ne peut pas proprement parler de photojournalisme tel qu’on le conçoit de nos jours. Difficile de relater les événements sans instantanéité.

Peu importe que mon travail soit vrai ou faux puisque c’est la vérité que j’ai recréée.” Eugene Charles Appert

Pour témoigner malgré tout, Appert développe dès 1870 sa technique, assez sommaire, de photomontage. Portraitiste de studio, il photographie tous ceux qui comptent en politique, gauche, droite, anarchistes, il est un observateur scrupuleux des personnalités qui pourraient émerger, et il les photographie toujours selon le même protocole , de face ou de 3 quarts, assis, en buste, et surtout, sans décor. Des portraits facilement détourables. Il se constitue ainsi une base de visages qu’il peut, une fois découpés, coller dans différents décors pour recréer les scènes importantes de la vie politique et faire connaître au grand public ces figures de l’époque.
Une démarche difficile à admettre aujourd’hui, où l’on aime croire à une vérité objective du photojournalisme. Lui déclare : “Peu importe que mon travail soit vrai ou faux puisque c’est la vérité que j’ai recréée.”

Photomontage montrant une représentation de la prison des Chantiers à Versailles avec les femmes de la Commune de Paris prisonnières. par Ernest Charles Appert En 1871
© CC0/ Paris Musées / Musée Carnavalet – Histoire de Paris

C’est pourtant dans ce cadre qu’il va s’intéresser à certains des protagonistes de la commune, plus d’un an avant les événements, lors du procès de Blois. C’est aussi ce qui lui permet d’entrer en relation avec les institutions judiciaires, et c’est pour continuer son inventaire qu’il accédera à la prison de Versailles pour immortaliser ces femmes. Malgré cette compréhension précoce du rôle que cette gauche révolutionnaire allait jouer, ses entrées faciles auprès des lieux du pouvoir, l’utilisation opportuniste de ses clichés par la police, le feront passer pour un partisan versaillais, et la forme quasi anthropométrique de ses portraits, pour le précurseur du système de photographie policière de Bertillon.

Partisan ou subjectif? Complice ou détracteur?

L’époque ne manque pas de paradoxe pour les photographes, Bruno Braquehais, ouvertement soutien des communards, verra pourtant ses photos de la chute de la colonne Vendôme utilisées contre son camp et précipiter la condamnation de Gustave Courbet.
Quant aux photos d’Appert, qui sont diffusées dès 1871 dans les librairies et papeteries, avant d’être interdites, elles sont achetées tant par les partisans de la commune que par ses détracteurs. C’est cette diffusion massive qui permet de les retrouver dans différents fonds d’archives aujourd’hui, et c’est Louise Michel elle-même qui évoque la publication de son portrait et ceux de ses camarades, accompagnés de leurs noms, permettant ainsi à leur famille de les savoir vivants.

Si ces photos permettent de montrer le visage de nombreuses femmes, et d’y associer leur nom et leur histoire, grâce au travail des historiens, en particulier celui d’Edith Thomas, dans les archives de l’époque, elles gardent le filtre subjectif du photographe, mépris de classe? sexisme? Les vêtements et bijoux qu’elles portent ne sont pas toujours les leurs ( on retrouve les mêmes sur plusieurs des portraitisées) et sur l’un des photomontages réalisés à partir de leurs portraits, le cigare d’Hortense David a été remplacé par une bouteille pleine de sous entendus…

Et aujourd’hui?

Malgré cela, ces visages racontent leur singularité, et l’on a envie de découvrir ce qui les a menés jusque là, ce qu’elles sont devenues, ce que la Commune a changé dans leur vie, ce qui se cache sous l’air sage de Marie Daviet, sous le regard vague de Louise Bonnefoy, sous l’apparente assurance de Lucie Richard, sous l’air défiant d’Eulalie Papavoine…

Ce sont ces bribes d’ histoires que vous pourrez découvrir ci-dessous, par un énième et double paradoxe. Après avoir été invisibles presque 150 ans, les photographies numérisées de ces femmes sont disponibles gratuitement sur le site des musées de la ville de Paris, grâce à une politique de diffusion libre, en creatives commons, un bel écho à l’esprit de la Commune. Alors, comme ici sur les murs de Marseille, n’hésitez pas à les utiliser, vous les réapproprier, les diffuser, et à contribuer vous aussi à redonner visibilité à Eulalie Papavoine, Hortense David, Marie Daviet, Désirée Dumont, Rita Landier, Laure, Louise Loriau, Lucie Richard, Marie Garri, Louise Modestin, Louise Bonnefoy, Augustine Prévost, Elisabeth Retiffe, Léontine Suetens, Eugénie Robit et toutes leurs camarades!

Marseille, avril 2021 © Lucie Geffroy / Revue La déferlante

Eulalie Papavoine
Née le 11 novembre 1846 à Auxerre (Yonne) ; couturière ;
Demeurant à Paris ; célibataire, mère d’un enfant. Elle vivait en concubinage avec le caporal fédéré Rémy Balthazar du 135e bataillon de la Garde nationale, et le suivit comme ambulancière à Neuilly, Issy, Vanves, Levallois ; elle fut accusée d’être allée le 22 mai 1871 à la Légion d’honneur et d’avoir partagé avec la fille Suétens, arrêtée également, des objets pris dans une maison, rue de Solférino, VIIe arr.
Eulalie Papavoine nia avoir participé aux incendies de quartier, rue de Lille notamment ; elle reconnut seulement avoir organisé une ambulance dans une maison de la rue de Solférino ; on dit qu’elle construisit des barricades.
Elle fut condamnée, le 4 septembre 1871, à la déportation dans une enceinte fortifiée et à la dégradation civique ; elle avait été autorisée à épouser Balthazar, détenu aux docks de Satory, pour légitimer son fils, âgé de quatre ans.
Eulalie Papavoine mourut à l’asile de Châlons-sur-Marne le 24 mai 1875
SOURCES : Arch. Nat., BB 24/764. — Gazette des Tribunaux, 4 septembre 1871. — Michel Cordillot (coord.), La Commune de Paris 1871. L’événement, les acteurs, les lieux, Ivry-sur-Seine, Les Éditions de l’Atelier, janvier 2021.
https://maitron.fr/spip.php?article67481
photo prise à la prison des Chantiers à Versailles en 1871 par Ernest Charles Appert.
© CC0/ Paris Musées / Musée Carnavalet – Histoire de Paris

Hortense, Aurore Machu, veuve David.
Née le 28 août 1836 à Reims (Marne), morte le 31 mars 1893 à Paris (XXe arr.)
Hortense Machu était veuve de Jean Baptiste Alfred David, mère de deux enfants ; on dit d’elle en 1871 que « séparée de fait de son mari elle vivait en concubinage ou se livrait à la prostitution ».
Brossière, elle devint cantinière sous la Commune de Paris ; elle concouru à la défense de la barricade de la rue Royale (VIIIe arr.) ; vêtue en marin, elle tirait le canon place de la Concorde, ou bien restait tranquillement assise sous la voûte du ministère de la Marine quand elle ne manœuvrait pas les mitrailleuses. Elle fut portée en triomphe par ses camarades à l’Hôtel de Ville, félicitée pour son adresse et son courage.
La veuve Machu fut accusée devant le 4e conseil de guerre d’avoir pris part à l’incendie des Tuileries, et condamnée le 16 avril 1872 aux travaux forcés à perpétuité. Mais sa conduite à Auberive n’appela que des louanges : « obéissance passive, ouvrière infatigable, conduite excellente, bonne élève à l’école, par son caractère pusillanime Machu se laisse facilement entraîner. Elle est digne de la bienveillance du gouvernement ». Toutefois elle n’obtint aucune remise de peine.
SOURCES : Arch. Nat., BB 24/762. — E. Thomas, Les Pétroleuses, op. cit., p. 205. — État civil de la Marne et de Paris. — Notes de Didier Pillon.
https://maitron.fr/spip.php?article64954
photo prise à la prison des Chantiers à Versailles en 1871 par Ernest Charles Appert.
© CC0/ Paris Musées / Musée Carnavalet – Histoire de Paris

Marie Daviet (ou Davier) fut oratrice de club pendant la Commune de Paris.
SOURCES : Claudine Rey, Annie Gayat, Sylvie Pépino. Petit dictionnaire des femmes de la Commune. Editions le bruit des autres, Limoges, 2013 p. Les Amis de la Commune de Paris 1871.
https://maitron.fr/spip.php?article211774
photo prise à la prison des Chantiers à Versailles en 1871 par Ernest Charles Appert.
© CC0/ Paris Musées / Musée Carnavalet – Histoire de Paris

Désirée Dumont, Cantinière photo prise à la prison des Chantiers à Versailles en 1871 par Ernest Charles Appert. © CC0/ Paris Musées / Musée Carnavalet – Histoire de Paris

Rita Landier, Cantinière
photo prise à la prison des Chantiers à Versailles en 1871 par Ernest Charles Appert.
© CC0/ Paris Musées / Musée Carnavalet – Histoire de Paris

Laure, Cantinière, condamnée à perpétuité par le 3e Conseil de guerre. https://maitron.fr/spip.php?article212889 photo prise à la prison des Chantiers à Versailles en 1871 par Ernest Charles Appert. © CC0/ Paris Musées / Musée Carnavalet – Histoire de Paris

Louise Loriau
photo prise à la prison des Chantiers à Versailles en 1871 par Ernest Charles Appert.
© CC0/ Paris Musées / Musée Carnavalet – Histoire de Paris

Lucie Richard
photo prise à la prison des Chantiers à Versailles en 1871 par Ernest Charles Appert.
© CC0/ Paris Musées / Musée Carnavalet – Histoire de Paris

Marie Garri ou Garry
photo prise à la prison des Chantiers à Versailles en 1871 par Ernest Charles Appert.
© CC0/ Paris Musées / Musée Carnavalet – Histoire de Paris

Louise Michel
photo prise à la prison des Chantiers à Versailles en 1871 par Ernest Charles Appert.
© CC0/ Paris Musées / Musée Carnavalet – Histoire de Paris

Louise Modestin
photo prise à la prison des Chantiers à Versailles en 1871 par Ernest Charles Appert.
© CC0/ Paris Musées / Musée Carnavalet – Histoire de Paris

BONNEFOY Louise, Frédérique, née Noël Louise
Née le 25 juillet 1827 à Paris ; y demeurant, 72, rue du Château-d’Eau (Xe arrondissement) ; concierge
Elle était mariée, sans enfant. Le n° 72 de la rue du Château-d’Eau faisait partie des magasins du Tapis Rouge qui furent incendiés. Louise Bonnefoy et son mari, arrêtés, relâchés, arrêtés à nouveau le 4 juin 1871, n’avaient pas d’antécédents judiciaires connus ; le mari fut détenu sur les pontons, puis libéré en vertu d’un non-lieu ; la femme avait été vue travaillant à la barricade du Château-d’Eau.
Le 4e conseil de guerre la condamna, le 2 octobre 1871, à la déportation dans une enceinte fortifiée et à la dégradation civique, peine commuée, le 15 janvier 1879, en quinze ans de détention ; à Rouen on disait sa conduite convenable, sa santé faible ; elle était soumise, mais « a conservé les idées les plus exaltées » , elle qui nourrissait « une haine violente contre la société »et ne présenta pas de recours en grâce.
SOURCES : Arch. Nat., BB 24/748. — Arch. PPo., listes d’amnistiés. — Gazette des Tribunaux, 4 octobre 1871.
https://maitron.fr/spip.php?article53326
photo prise à la prison des Chantiers à Versailles en 1871 par Ernest Charles Appert.
© CC0/ Paris Musées / Musée Carnavalet – Histoire de Paris

Augustine Prévost
photo prise à la prison des Chantiers à Versailles en 1871 par Ernest Charles Appert.
© CC0/ Paris Musées / Musée Carnavalet – Histoire de Paris

Rose, dite Elisabeth Retiffe Née le 9 janvier 1834 à Vézelise (Meurthe, aujourd’hui Meurthe-et-Moselle) ; morte le 24 février 1882 à Saint-Laurent-du-Maroni ; cartonnière Élisabeth Rétiffe avait été condamnée, le 18 juin 1853, par le tribunal correctionnel de Châlons-sur-Marne, à vingt jours de prison pour coups et blessures volontaires, et, le 19 mai 1855, à 16 F d’amende pour outrages à agents. Elle vécut, de 1862 à 1869, en concubinage, et habitait, depuis 1869, à Paris, 36, rue des Partants (XXe arr.), « où sa conduite n’a donné lieu à aucun reproche d’après le commissaire de police du quartier ». Ambulancière sous la Commune de Paris, elle dit : « J’aurais aussi bien ramassé un soldat de Versailles qu’un garde national. » Elle aurait été vue en mai 1871 à la Légion d’honneur, parmi les troupes du général Eudes — le 135e bataillon fédéré, de Belleville — avec une camisole blanche, une écharpe rouge et le fusil en bandoulière. Elle nia. Condamnée, le 4 septembre 1871, par le 4e conseil de guerre, à la peine de mort, elle vit sa peine commuée le 27 novembre 1871, en travaux forcés. Déportée en Guyane, elle épousa le 28 février 1878, à 46 ans, le condamné aux travaux forcés Jean Berthonier. Libérée le 10 juillet 1880, elle resta en Guyane. https://maitron.fr/spip.php?article69566 photo prise à la prison des Chantiers à Versailles en 1871 par Ernest Charles Appert. © CC0/ Paris Musées / Musée Carnavalet – Histoire de Paris

Léontine Eugénie Suetens
Née le 4 mai 1846 à Beauvais (Oise) ; blanchisseuse ; participante à la Commune de Paris, déportée en Guyane.
Célibataire ; blanchisseuse ; Léontine Suérens avait été condamnée le 10 octobre 1867, à Paris, à un an de prison pour vol. Depuis six ans, elle vivait en concubinage avec Aubert Louis, qui fut sergent-major au 135e bataillon fédéré. Elle le suivit comme vivandière dès les premiers jours de la Commune de Paris et assista avec lui aux combats de Neuilly, Issy, Vanves, Levallois-Perret.
Elle fut blessée deux fois ; « son rôle au bataillon consistait à vendre de l’eau-de-vie aux gardes nationaux ». Venue le 22 mai 1871 rue de Lille (VIIe arr.), elle passa 24 heures à la Légion d’honneur, puis assista « à la construction de barricades et au transport des barils de pétrole ».
Son compagnon, Aubert, fut tué sur une barricade ; elle-même, arrêtée, nia « avoir mis la main au pétrole » mais fut cependant condamnée le 4 septembre 1871, par le 4e conseil de guerre, à la peine de mort ; sa peine fut commuée le 27 novembre 1871 en travaux forcés à perpétuité.
SOURCES : Arch. Nat., BB 24/730. — Gazette des Tribunaux, 4 septembre 1871. — Lissagaray, Histoire de la Commune, op. cit., p. 339. — Vuillaume, Mes Cahiers rouges ; op. cit., p. 11. — Michel Cordillot (coord.), La Commune de Paris 1871. L’événement, les acteurs, les lieux, Ivry-sur-Seine, Les Éditions de l’Atelier, janvier 2021
https://maitron.fr/spip.php?article71354
photo prise à la prison des Chantiers à Versailles en 1871 par Ernest Charles Appert.
© CC0/ Paris Musées / Musée Carnavalet – Histoire de Paris

Eugénie Robit
photo prise à la prison des Chantiers à Versailles en 1871 par Ernest Charles Appert.
© CC0/ Paris Musées / Musée Carnavalet – Histoire de Paris

Retrouvez toutes les images ici:
https://www.parismuseescollections.paris.fr/de/recherche/type/oeuvre/auteur/Appert%2C%20Ernest%20Charles

Quelques sources:

Plus vrai que le vrai. Stratégie photographique et Commune de Paris par Christine Lapostolle
https://www.persee.fr/doc/arss_0335-5322_1988_num_73_1_2421
Ernest Appert (1831-1890), un précurseur d’Alphonse Bertillon ?
https://journals.openedition.org/criminocorpus/343
Les “pétroleuses”
http://www.folio-lesite.fr/Catalogue/Folio/Folio-histoire/Les-Petroleuses
Petit dictionnaire des femmes de la commune
https://www.lalibrairie.com/livres/petit-dictionnaire-des-femmes-de-la-commune-de-paris-1871–les-oubliees-de-l-histoire_0-1711792_9782356520852.html

La Rédaction
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