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Le jury, présidé par Héloïse Conésa, conservatrice pour la photographie contemporaine au département des Estampes et de la photographie s’est réuni le 8 juin pour choisir la nouveau lauréat du Prix Niépce Gens d’images. C’est le photographe Grégoire Eloy dont la candidature a été parrainée par Philippe Guionie, directeur de la Résidence 1+2, qui remporte la 56ème édition du Prix. La proclamation du Prix vient de se dérouler dans le Salon d’honneur de la Bibliothèque nationale de France – Site Richelieu.

Glacier du Rhône, Suisse, Août 2020 © Grégoire Eloy / Collectif Tendance Floue

Le Prix Niépce distingue chaque année le travail d’un photographe confirmé, âgé de moins de 50 ans, français ou résidant en France depuis plus de trois ans. Il est soutenu par le ministère de la Culture et la Bibliothèque nationale de France. Depuis 2016, il bénéficie du mécénat de Picto Foundation qui récompense le lauréat d’une dotation de 10.000 € en numéraire et en compétences. Depuis 2019, la dotation du prix se complète du soutien de The Eyes Publishing qui édite un livre d’artiste à 300 ex. et de l’ADAGP qui offre 6.000 € au lauréat et 4.000€ consacrés à l’organisation du Prix et à sa communication. Le lauréat bénéficie également d’une présentation de son travail lors d’un Atelier Gens d’images, d’une exposition à la Galerie Dityvon de l’université d’Angers en janvier 2022 et d’une acquisition de ses oeuvres par la Bibliothèque nationale de France.
À partir de l’automne 2021, la BnF s’engage davantage encore dans le soutien aux actions de l’association Gens d’images dont elle est partenaire depuis 1955 en présentant les tirages du lauréat du prix Niépce dans le cadre d’une exposition collective consacrée aux prix photographiques qu’elle accompagne depuis plusieurs années.

Autoportrait © Grégoire Eloy / Collectif Tendance Floue

« Il y a des photographes qui ont rendez-vous avec leur époque, Grégoire Eloy est de ceux-là. Il n’est pas de celles et ceux qui sont sous les feux de la rampe, chantres d’une photographie spectaculaire et vampirisante. «Être dans le vent, c’est avoir le destin de feuilles mortes », écrivait l’académicien Jean Guitton. La photographie de Grégoire ne se regarde pas d’un simple regard distrait, elle se mérite. Elle demande l’effort nécessaire à celle et celui qui accepte de prendre le temps de regarder le monde, tel qu’il est dans ses ancrages, ses permanences et ses mutations, visibles ou invisibles, mais toujours révélé par la sensibilité d’une photographie atemporelle aux esthétiques protéiformes.
Grégoire Eloy nous propose une vision, singulière, forte, assumée, porteuse de sens. Cette quête de sens est le fil rouge de son engagement en photographie. Sa vision renouvelée du territoire, des territoires de mémoire, en Europe et Europe de l’Est, aux territoires de sciences, impulse de nouvelles transversalités, réinvente les formes créatives pour nous aider ensemble à mieux appréhender les enjeux de notre monde. Chaque série fait sens en tant que telle mais les unes et les autres associées, dessinent les contours d’une oeuvre construite sur le long terme, diverse, cohérente, jamais moralisante toujours sensible. Grégoire Eloy expérimente des esthétiques qui ont toutes en partage une approche métaphorique aux accents élégiaques de notre époque et de ses dramaturgies contemporaines. Chaque photographie est une poétique lyrique aux sonorités multiples. Refusant les postures claniques, l’écriture photographique de Grégoire Eloy est un éloge des croisements, des hybridations, des métissages, aventure intellectuelle et artistique qu’Edouard Glissant a dénommé la « Poétique de la Relation ».
Quand Grégoire Eloy fait dialoguer «photographie et sciences», il participe à ce dialogue nécessaire entre plusieurs acteurs d’une même société, désireux de s’interroger ensemble sur la place de l’Homme dans son environnement et son rôle au sein de sociétés connectées, en mutations constantes et interdépendantes.
Sa pratique immersive de l’acte photographique, de l’infiniment petit à l’infiniment grand, nous emmène dans une redécouverte physique du territoire. Il marche et nous marchons avec lui. L’implication physique de son corps, les chorégraphies réfléchies de ses itinérances scandées par des protocoles photographiques maîtrisés sont autant de marqueurs sensoriels et visuels de notre émotion et la rencontre avec une réalité inattendue et imprévisible.
En Grèce antique, l’élégie n’était pas un genre littéraire, mais une forme d’expression, souvent libre. Je retrouve ce même sentiment de liberté dans l’oeuvre de Grégoire Eloy. Sa photographie est porteuse d’une justesse qui nous remplit. Il ne prend rien, il ajoute. Il pose des questions ouvertes et nous l’écoutons. Il nous propose « un monde nouveau » à construire et nous souhaitons désormais y participer avec lui.»

Philippe Guionie, Directeur de la Résidence 1+2 «Photographie & Sciences» à Toulouse

Les oubliés du Pipeline © Grégoire Eloy / Collectif Tendance Floue

A LIRE :
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Raphaël Dallaporta reçoit le Prix Niépce Gens d’images 2019
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Ericka Weidmann
Après des études d'Arts Appliqués et de photographie, elle rejoint un magazine en ligne consacré à la photo en tant que directeur artistique, poste qu'elle occupera pendant 10 ans. En 2010, elle s'installe comme DA en indépendant. En parallèle, elle devient responsable éditorial pour Le Journal de la Photographie et c'est en septembre 2013 qu'elle co-fonde le quotidien L’Oeil de la Photographie pour lequel elle est rédactrice en chef jusqu'en septembre 2016 avant de fonder 9 Lives magazine ! Ericka Weidmann est également journaliste pigiste pour d'autres médias.

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