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L’édition inaugurale du Prix Utopi·e — premier prix LGBTQIA+ dans l’art – était présentée aux Magasins généraux la semaine dernière à l’occasion de l’ exposition-festival Utopi·e. Evénement qui souhaite être une synthèse concrète et dégenrée pour démontrer qu’un changement est possible vers une plus grande diversité artistique et culturelle. Dix artistes, tous médiums confondus, ont été séléctionné·es parmi plus de 250 candidatures. Parmi les dix artistes, deux artistes photographes étaient exposé·es Damien Rouxel et Nanténé Traoré.

Cette initiative vise à encourager et à visibiliser la scène artistique queer, et à faire appel à une approche de l’art attentive aux différences, engagée, diversifiée et inclusive. Le public était invité à venir découvrir l’exposition des oeuvres des 10 artistes sélectioné·es par le jury du prix parmi 250 candidatures et de prendre part à une programmation transdisciplinaire : performances, DJ sets, conférences, lectures, arts vivants…

Le Prix Utopi·e a pour vocation d’être un tremplin pour les artistes, une plateforme d’échanges qui voit dans l’art un puissant langage, prêt à reconstruire les représentations normatives que véhicule notre société. Utopi·e est un prix qui appelle à une nouvelle lecture de l’art, respectueuse des réalités LGBTQIA+. Pensé par deux professionnelles de l’art, Agathe Pinet et Myriama Idir, il a pour ambition de créer des espaces de rencontres bienveillants entre les communautés, et celleux qui veulent les découvrir et y participer. Etymologiquement, utopie est un terme dérivé du grec « topos » signifiant lieu, auquel s’ajoute le suffixe
« u » déterminant un espace « sans lieu », quasi irréaliste. Le choix du nom « Prix Utopi·e » est motivé par une volonté de démontrer, à l’inverse, qu’un espace pour l’art queer peut exister, pour l’installer comme un courant de pensée identifiable et identifié. « Nous souhaitions créer un espace au sein du milieu de l’art qui ait réellement du sens, et qui soit bienveillant pour tous·tes », déclarent les fondatrices du prix.
Les pratiques LGBTQIA+ ne sont pas nouvelles, mais leur légitimité dans le monde de l’art reste à être pleinement accueillie. C’est pourquoi, il a semblé essentiel aux deux fondatrices de mener à bien ce prix, entouré d’artistes, de juré·es et de partenaires qui défendent un idéal commun, en faveur des représentations minoritaires.

Nanténé Traoré

Parmi les projets sélectionnés, certains se réapproprient la culture à l’origine de la majorité des représentations de nos sociétés pour en proposer une version actualisée à l’image de la série Tu vas pas muter de Nanténé Traoré qui a photographié des personnes pendant leur transition.

Nanténé Traoré, Tu vas pas muter, 2021 © Nanténé Traoré

Nanténé Traoré est photographe et auteur. Après un diplôme national d’arts plastiques (DNAP) aux Beaux-Arts de Nantes Métropole, il s’installe à Paris. Documentariste de l’intime, c’est à travers la rencontre directe avec les visages et les corps que s’exprime sa sensibilité. Ses nombreuses séries argentiques oscillent entre traces documentaires des milieux trans* et cheminements poétiques où se lisent de multiples histoires de vies. Il est également publié chez Hachette pour l’ouvrage collectif Nos Amours Radicales, et chez Gorge Bleue pour son recueil de poésie La Nuit T’arrache à moi.

Damien Rouxel

« Fils d’agriculteurs, Damien Rouxel a grandi à la ferme. Il connaît la dureté, les codes, les outils, le langage du monde paysan. Son travail plastique (photographie, vidéo, sculpture, installation et performance) vise à une réappropriation de la ferme pour la transformer en un terrain de jeu où les animaux, ses parents et sa soeur, les machines, les outils et tout ce qui constitue l’environnement de travail deviennent le décor et les acteur.trice.s de ses mises en scène. » – Julie Crenn

Damien Rouxel, Parents et fils au travail, 2020 © Damien Rouxel

« De l’agribashing à la queerophobie il n’y a qu’un pas. Celui du rejet de ce qui est identifié comme différent, ce que l’on se défend d’être, ou craint de devenir. En ayant grandi discordant dans un monde marginalisé et marginalisant, Damien Rouxel s’interroge inéluctablement sur l’Autre. » – Julia Rajacic

https://www.prixutopie.com/

Ericka Weidmann
Après des études d'Arts Appliqués et de photographie, elle rejoint un magazine en ligne consacré à la photo en tant que directeur artistique, poste qu'elle occupera pendant 10 ans. En 2010, elle s'installe comme DA en indépendant. En parallèle, elle devient responsable éditorial pour Le Journal de la Photographie et c'est en septembre 2013 qu'elle co-fonde le quotidien L’Oeil de la Photographie pour lequel elle est rédactrice en chef jusqu'en septembre 2016 avant de fonder 9 Lives magazine ! Ericka Weidmann est également journaliste pigiste pour d'autres médias.

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