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Partager Partager Temps de lecture estimé : 10minsLe Centre Photographique Rouen Normandie devient le représentant français de la plateforme Future, consacrée à la scène photographique européenne émergente. Dans le cadre de ce partenariat, le centre normand vient de sélectionner quatre photographes qui pourront bénéficier d’un programme dédié pour la saison 2022-2024. Les lauréates sont Anaïs Boileau, Coline Jourdan, Nolwenn Brod et Pauline Hisbacq. À ce titre, elles auront accès à un réseau européen offert par la plateforme et ses membres. FUTURES est une plateforme dédiée à la scène photographique européenne dite «émergente». Elle met en commun les ressources et les programmes dédiés à la jeune photographie des institutions culturelles de toute l’Europe afin de soutenir les nouveaux talents. Après 4 ans d’existence, elle renouvelle son projet avec le Centre photographique Rouen Normandie. Chaque année, les membres de FUTURES désignent chacun un groupe d’artistes pour rejoindre la plateforme. Chaque photographe sélectionné·e accède à un réseau de professionnels et de publics, ainsi qu’à une multitude de ressources et d’expertise curatoriale. La plateforme organise une série d’événements à travers l’Europe dans chacun de ses pays membres, des activités en ligne pour le développement professionnel et artistique, des ateliers, des lectures de portfolios, des expositions… Dans le cadre de ce partenariat, le Centre photographique Rouen Normandie construit FRUTESCENS, un programme dédié aux jeunes photographes travaillant en France. Quatre artistes (entrées en photographie au cours des dix dernières années) sont sélectionnées puis réunies lors d’une semaine de workshops et de rencontres en Normandie. Ces artistes rejoignent la plateforme FUTURES et à ce titre bénéficient du réseau européen offert par la plateforme et ses membres (tutorats, séminaires annuels en 2022 à Turin, expositions…). Anaïs Boileau © Anaïs Boileau Les premiers travaux d’Anaïs Boileau associaient librement architectures méditerranéennes aux géométries franches et portraits de femmes recevant le soleil. Entre les deux, une étrange résonance se faisait entendre, celle créée par la réverbération du soleil sur les surfaces photographiées: épiderme, façades, lunettes et autres accessoires de bronzage… La platitude des corps abandonnés faisait écho à celle des murs colorés. La photographie, pourtant bel et bien figurative, s’emplissait du silence des formes, du jeu de leurs surfaces, de leurs couleurs. Ce Plein Soleil qui la fit connaître fait rétrospectivement figure de préambule aux expérimentations menées récemment par la photographe. Dans le Sud de la France toujours, elle compose désormais dans son jardin. Les moyens sont simples : quelques feuilles de papier, rassemblées pour la palette de textures et couleurs spécifiques qu’ils déploient, çà et là des accessoires et matériaux de jardin et puis, l’effet du soleil à leurs surfaces. L’artiste et le soleil composent ensemble et s’amusent des jeux d’ombres appuyés.Par endroits, la peinture et sa transparence font leur apparition et rajoutent au trouble de l’image. De la réalité du jardin, de la cour de ferme, pourtant bien présente, ce petit studio en plein air parvient à graduellement s’abstraire pour nous emmener avec lui, dans une ivresse plastique, semblable à ces vertiges que le soleil procure. Anaïs Boileau est née en 1992 à Nîmes. Elle est une artiste photographe qui travaille en explorant les cultures méditerranéennes comme une source d’inspiration constante dans ses projets. Elle est diplômée de l’école d’art de Lausanne, l’ECAL. Elle vit dans le sud de la France où elle alterne entre des commandes photographiques et ses projets artistiques. Son travail est présenté dans diverses expositions collectives et sélectionné dans plusieurs festivals internationaux. En septembre 2017, elle intègre une année de master à l’école Central Saint Martins à Londres en photographie. Depuis sa première collaboration pour M le magazine du Monde en 2015, elle travaille régulièrement pour la presse française et internationale. On peut retrouver son travail dans des magazines et journaux tels que Le Monde, M le magazine du Monde, The Wall Street Journal, The Financial Time ou Vanity Fair. Coline Jourdan © Coline Jourdan Sur les rives du Rio Tinto en Espagne ou aux abords de l’ancienne mine d’arsenic de Salsigne, Coline Jourdan entreprend une archéologie du toxique. Si la toxicité ne se perçoit généralement pas, que pourrait faire la photographie à l’endroit de sa figuration ?Comment pourrait-elle prétendre à la représenter ? Pour en faire image, Coline Jourdan associe enquête documentaire et expérimentation plastique. Elle rassemble documents et témoignages, dernièrement, à l’occasion de Soulever la poussière, ensemble consacré à l’ancienne mine d’or et d’arsenic de Salsigne, elle s’adjoint la collaboration de scientifiques, dont elle consigne processus de recherches et témoignages, consulte les archives du département, creuse dans les iconographies de la gloire passée du site. À l’image de ces collectes d’informations, sa photographie se fait recueil de traces. On découvre ici une collection de petites pierres, là quelques spécimens végétaux, et soudain, sur ce que l’on reconnaît comme un terril, le surgissement de points d’incandescence à la surface de l’image. C’est que sa photographie se fait parfois littéralement support de prélèvement du terrain exploré : elle plonge ainsi par exemple occasionnellement ses films dans l’eau de la rivière voisine. Ce que le territoire renferme se révèle alors symboliquement dans l’épaisseur de la matière photographique, jusqu’à en exsuder. Coline Jourdan, née en 1993, vit et travaille à Rouen, en Normandie. Elle est diplômée de l’École nationale supérieure d’art de Dijon en 2017. Son travail a été présenté dans des expositions collectives et personnelles (Musée Nicéphore Niepce dans le cadre du Prix du tirage photographique Ateliers Vortex en 2019 ; Festival de La Gacilly, Baden, Autriche, 2021 ; Artefacts, (Résidence 1+2), Chapelle des Cordeliers, Toulouse, 2020 ; Les noirceurs du fleuve rouge, Galerie Full B1, Rouen, 2019). En 2021, elle reçoit le Soutien à la photographie documentaire contemporaine du CNAP, ainsi que l’aide individuelle à la création de la Région Normandie. La même année, elle est lauréate de la bourse d’artiste 50CC Air de Normandie. Nolwenn Brod © Nolwenn Brod C’est une photographie phénoménologique que Nolwenn Brod construit, de celles qui placent au cœur du processus créatif, l’expérience de la rencontre. Tout a commencé en Irlande sur les traces de son père (Va-t’en me perdre où tu voudras, 2015 – Poursuite Editions) puis dans des villes au passé industriel ou portuaires, touchées par la guerre : Lodz, Varsovie, Gdansk en Pologne, Beyrouth au Liban et plus récemment Brest en Bretagne. Il est souvent question de la représentation d’un combat intérieur, d’un duel, des formes créées par les forces en conflit. Chaque portrait, chaque affaire individuelle, est politique ; les corps font société. L’observation minutieuse des gestes signifiants du quotidien, la micro-sensation, le micro-évènement, la volatilité de l’instant, de la présence des êtres, nourrissent son travail. Avec, sur, sous, à travers, seraient autant de conjonctions pour appréhender le milieu et les habitants dans et avec lesquels elle est amenée à travailler. Les projets sont nourris de compagnonnages littéraires : le structuralisme de la rue de Witold Gombrowicz l’accompagne en Pologne lors de la réalisation du Temps de l’immaturité (2018 – en cours) ; en Creuse, sur les lignes de Gilles Deleuze, elle compose les photographies de La Ritournelle (2015-16) ; plus récemment, Jean-Luc Nancy, Charles S.Peirce ou encore Tanguy Viel inspirent Les Hautes solitudes à Brest (2021 – en cours). Nolwenn Brod est une artiste française basée à Paris. Elle a étudié les sciences humaines et sociales, et s’est formée à la photographie à Londres et à l’école des Gobelins à Paris. Elle est membre de l’Agence Vu et représentée par la galerie éponyme à Paris depuis 2016. Elle développe ses projets le plus souvent dans le cadre de résidences de création en France et en Europe où elle mêle photographie et vidéo ; et répond à des commandes pour la presse et les institutions. Ses œuvres sont régulièrement exposées en France et en Europe et font partie des collections de la Bnf, du Cnap, du Musée Nicéphore Niépce, du Musée de Bretagne, de la Villa Noailles, de la collection Agnès b., de la Fondation Neuflize OBC, d’artothèques et de collections privées. Son premier livre est paru aux éditions Poursuite en 2015, le second est en préparation. Pauline Hisbacq © Pauline Hisbacq Le travail de Pauline Hisbacq, en photographie ou par la manipulation d’images d’archives (collages, montages), évoque de manière poétique les questions de la jeunesse, du désir, des rites de passage et de la résistance.Elle recherche les sentiments dans les formes et les figures. Elle explore aujourd’hui ce qui lie l’intime et le politique, le mythe et le contemporain. Le projet Songs for women and birds est un ensemble de collages élaborés à partir d’images d’archives du Greenham Common Women’s Peace Camp (1981-2000). Là, des femmes ordinaires ont lutté pacifiquement, en solo, contre l’installation de missiles nucléaires par les États-Unis, ici même en Angleterre, ce qui a contribué à entretenir la terreur de la guerre froide. Elles chantaient en résistance à la police, et plus généralement au monde de la domination, pour la préservation des générations futures, l’espoir de la paix, la protection de l’humanité et le respect de la nature. Les collages se concentrent sur la manière dont les femmes inscrivent leur corps dans un geste de lutte aux antipodes des manifestations actuelles. Le premier enjeu pour communiquer leur révolte était d’être toujours pacifiques, même face à la répression policière. Il fallait donc souder les corps, dans la tendresse, pour faire front face à la domination qu’ils dénonçaient et qui les attaquait. Des coupes aux ciseaux sont réalisées sur les images d’archives de la lutte, pour montrer le langage corporel spécifique aux femmes de Greenham. Pauline Hisbacq est née en 1980 à Toulouse. Elle vit et travaille à Paris. Après une maîtrise de philosophie, elle intègre l’ENSP d’Arles dont elle sort diplômée en 2011. Elle poursuit la même année avec un post diplôme à l’ICP de New York. Depuis, son travail a été présenté notamment aux Rencontres de la Jeune photographie Internationale de Niort (2014), à la fondation Ecureuil pour l’art contemporain à Toulouse (2019), à l’image Satellite à Nice (2018), à la friche belle de Mai à Marseille (2017), au festival Photo Paris Saint Germain (2017), au Bal (2019), au Centre photographique Rouen Normandie (2021). Elle publie Natalya chez 7 Editions (2016), Le feu chez September books (2017), Amour adolescente (chants d’amour) au Rayon Vert édition (2019), Cadavre Exquis, fanzine co-édité par Le Bal Books et September Books (2021), Songs for women and birds chez September books (2021). En 2017, elle obtient la bourse Soutien à la photographie documentaire contemporaine du CNAP pour le projet La fête et les cendres. En 2021, elle obtient l’Aide Individuelle à la Création de la Drac Ile de France pour le projet Rimorso. Elle est également lauréate de la commande nationale Les Regards du Grand Paris initiée par le CNAP et les Ateliers Médicis, avec le projet Pastorale. Elle est actuellement photographe au musée Rodin et éditrice à Septembre Books. Voir la programmation du Centre photographique Rouen Normandie Favori1
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