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Pour sa quatrième et dernière carte blanche, la fondatrice et directrice du festival Les promenades photographiques, Odile Andrieu Verguin, partage avec nous ses réflexions sur les nouveaux modes de diffusion en photographie. L’occasion de revenir sur l’évolution du médium ces 20 dernières années avec la création de nouvelles formes de narration. Elle revient également sur son expérience en tant que membre du jury du Prix du festival des Nuits Photo autour du film photographique dont le grand Prix vient d’être remis à Tao Douay.

On oublie souvent que la photographie est une jeunette. Au regard des autres arts, c’est même un bébé.

Je regarde avec attention tous ceux et toutes celles qui s’emparent des outils, nombreux, de la création, des différentes formes de narration, m’interdisant de prononcer cette phrase trop souvent entendue « la photographie c’est ceci, la photographie c’est cela… ».

Il est jubilatoire de pouvoir s’autoriser la curiosité, la recherche, d’essayer, de jeter, de conserver, d’avancer sans se laisser enfermer dans un style ou une forme, que l’on soit artiste, ou diffuseur.

Chaos © Tao Douay

En 2000, lorsque Gilles Mora dirigeait les Rencontres d’Arles, le public s’était pressé au Théâtre Antique pour la présentation d’un film sur Weston et Modotti. Dans le Monde Michel Guérin écrit : « Les 31èmes Rencontres internationales de la photographie d’Arles proposent dix-huit expositions et quatre soirées-projections sur le thème « La photographie traversée », choisi par le directeur artistique, Gilles Mora. « L’éclatement des notions d’image ou de récit photographique » est au centre d’un programme qui montre des images dans leurs relations avec la vidéo, la peinture, le livre, l’art multimédia, le son ».

Nous étions tous impatients et sommes, majoritairement, sortis insatisfaits. Gilles Mora avait pris le risque trop tôt. Il n’était plus question de diaporama sonore linéaire, mais de quelque chose hors norme de l’époque, qui bousculait les codes établis par une intelligentsia festivalière.
Nous n’étions pas prêts. Bien sûr ce n’était pas la qualité de Chris Marker, qui continue à compter dans l’histoire de l’image, mais avec le temps je suis convaincue que ce film, qui avait des défauts, serait aujourd’hui reçu différemment.

Chaos © Tao Douay

Membre du jury des Nuits Photographiques depuis l’année dernière ce que j’ai découvert m’a réjouit !
Le pari d’Alexe Liebert et Émilie Arfeuil de faire la promotion du Film Photographique et de leurs auteurs participe à la libération d’une forme conventionnelle de présentation de l’image fixe.
Alexe Liebert présente ce nouveau format « Non pas comme un sous-produit de la photographie, mais comme un réel genre cinématographique. Car c’est bel et bien un film, un court-métrage. Je voulais le définir comme tel, le rapprocher du monde du 7e art et de l’audiovisuel duquel il s’est étrangement éloigné… ».

Les nombreux « collectifs » des années 90-2000 avaient amorcé le début d’un mouvement plus audacieux, joyeux. La génération actuelle s’adapte tant bien que mal aux rigueurs économiques et s’autorise l’exploration du médium photographique en ré-utilisant les procédés les plus anciens mais aussi les outils numériques, sans à priori, avec curiosité et lucidité.
Souhaitons que nous puissions encore longtemps être surpris, bousculés, chamboulés !

A LIRE :
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La Rédaction
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