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Partager Partager Temps de lecture estimé : 5minsChristine Ollier et son équipe ont inauguré la quatrième édition du Champ des Impossibles, ouvrant au public une vingtaine d’expositions dont la thématique centrale est le règne animal. Chaque jour, nous vous proposons le portrait d’un artiste du Parcours Art & Patrimoine en Perche .04 rédigé par Emmanuel Berck. Aujourd’hui, retrouvons Yves Trémorin venu en résidence et exposé à l’Ecomusée du Perche dans le cadre enchanteur du Prieuré de Sainte-Gauburge. « Le photographe saisit le réel devant lui, moi je le recompose et le mets en scène ». Plutôt que photographe, Yves Trémorin se définit « artiste visuel ». Depuis ses débuts en 1977, il n’a de cesse d’interroger le médium photographique, « de le pousser dans ses derniers retranchements ». Sa radicalité artistique apparaît dès ses premières séries mettant en scène sa compagne Monique et sa grand-mère Ernestine qu’il a continué de photographier pendant toute la vie. Houyhnhnm © Yves Trémorin Sa démarche repose sur le postulat que la distance au sujet contribue à la construction de l’image, avec, au cœur du travail, la notion de synecdoque (le détail dit l’ensemble). Ainsi, comme pour ses premiers nus, les portraits de sa grand-mère sont constitués de prises de vue resserrées et frontales, sans artifice. « J’utilise la photographie pour bousculer l’habitude de regarder ce qui est devant nous. Les images sont mises en scène hors de tout indice contextuel, spatial ou temporel. Je travaille les angles de la prise de vue et la distance au sujet afin de l’amener dans une sorte d’abstraction. J’ai démarré avec des proches pour traiter de l’intime, magnifier leur vie et aller vers l’universel ». Houyhnhnm © Yves Trémorin Une photographie radicale En 1986, Yves Trémorin fonde le collectif Noir Limite avec deux autres artistes de l’image, Jean-Claude Bélégou et Florence Chevallier. Leur manifeste réaffirme leur attachement à cette radicalité, en réaction à la « mollesse » de la photographie de l’époque et dans l’objectif d’interroger les capacités de représentation du médium. Une de leurs expositions – « Corps à corps » – prévue à Bourges en 1987 sera carrément interdite, jugée trop crue et même pornographique. Aujourd’hui ce sont des œuvres qui font date. Yves Trémorin puise son inspiration dans les travaux des maîtres de la photographie, comme Man Ray, Diane Arbus, Bill Brandt ou Walker Evans. De formation scientifique, l’artiste développe des séries pour lesquelles il définit une méthodologie dédiée. « Je travaille en noir et blanc ou en couleur, en grand ou petit format, même avec un microscope électronique… J’ai adopté le digital en 2003. C’est le projet qui dicte la technique et non l’inverse. De manière globale, la radicalité dans laquelle je m’inscris traduit la volonté de désigner, pas de transgresser ; je m’efforce à trouver quelque chose qui se révèle dans l’extrême. Ainsi, dans mon travail sur les corps, je réagissais aux représentations aseptisées de nos sociétés ». Houyhnhnm © Yves Trémorin Au Prieuré de Sainte-Gauburge – écomusée du Perche Vue de l’exposition in situ au Prieuré de Sainte-Gauburge © Olivier Steigel Vue de l’exposition in situ au Prieuré de Sainte-Gauburge © Olivier Steigel Dans le cadre du Parcours Art et Patrimoine en Perche 2023, Yves Trémorin expose sa série Houyhnhnm sur le cheval percheron – mais pas que. Réalisé dans le cadre d’une résidence en 2022 chez des éleveurs du Perche, ce travail plonge dans un univers organique de chair, de pelage, de crinière, de terre. Il magnifie le cheval par le détail, au plus près. « L’animal a toujours été présent dans mes productions, explique-t-il. Dans ma série sur le Mexique, on trouve des coqs, des chiens, des crapauds, des oiseaux. J’ai aussi été inspiré par les mythologies de peuples anciens et ai développé des séries sur les Mayas et les Vikings. Parfois associés à l’image d’un dieu ancestral, l’aspect mythologique des animaux m’intéresse. Même si je me souviens avoir été très impressionné dans mon enfance par les « postiers bretons » (et surtout leur regard) qu’on croisait à l’époque en Bretagne, je n’avais jamais photographié les chevaux. Lors de cette résidence, je me suis rendu chez des éleveurs du Perche, j’ai participé à des mises bas, j’ai dormi avec les juments, je me suis fondu dans le quotidien des Houyhnhnms ». Vue de l’exposition in situ au Prieuré de Sainte-Gauburge © Olivier Steigel Le titre de la série – Houyhnhnm – est tiré des Voyages de Gulliver de Jonathan Swift. Une évocation de la rencontre de Gulliver avec les Yahoos, créatures sauvages, avant d’être recueilli par des chevaux et d’apprendre leur langage et leurs règles de vie. « Comme Gulliver, je me suis immergé dans le monde des chevaux ! ». Dans l’espace monumental de la nef de Sainte-Gauburge, sont exposées une vingtaine d’images surplombées de six grandes bâches. Comme à son habitude, l’artiste place le visiteur dans une position inhabituelle par rapport à sa perception ordinaire, afin de susciter un questionnement métaphysique. « Je m’intéresse autant à la plastique qu’à la photographie et cherche avant tout à ne pas refaire ce qui a déjà été fait. Je n’utilise plus l’argentique, je ne développe plus dans la chambre noire. Le regain de l’argentique m’apparaît d’ailleurs comme un néo-pictorialisme. Je n’éprouve pas cette nostalgie du labo, ce qui importe c’est l’image finale et le numérique m’apporte beaucoup de satisfaction à cet égard. Je continue d’expérimenter. Les tirages vinyls ou sur bâche sont une nouvelle expérience pour moi. J’ai également réalisé des produits dérivés comme de la vaisselle ou des Tee-shirts (« Breizhtorythm »). Le but est avant tout de faire passer une émotion. » Une émotion magnifiée par le décor enchanteur du Prieuré de Sainte-Gauburge. Plus d’information : www.lechampdesimpossibles.com INFORMATIONS PRATIQUES Moulin Blanchard11 Rue de Courboyer 61340 Perche-en-Nocé sam29avr(avr 29)10 h 00 mindim04jui(jui 4)18 h 00 minLe Champ des Impossibles .04Le règne animalMoulin Blanchard, 11 Rue de Courboyer 61340 Perche-en-Nocé Détail de l'événementLe Règne Animal est une thématique transversale qui pose la question du devenir animal en regard des dictats imposés par l’homme envers les autres espèces, celles avec qui il cohabite Détail de l'événement Le Règne Animal est une thématique transversale qui pose la question du devenir animal en regard des dictats imposés par l’homme envers les autres espèces, celles avec qui il cohabite et socialise, celles qu’il élève et mange, celles qu’il admire, observe, parfois chasse encore et celles qu’il protège de la disparition en regard de celles qu’il anéanti. Ce thème, comme celui de l’Arbre en 2022, résonne avec les problématiques contemporaines et exemplarise les différents regards et échanges de notre société avec le monde animal. La scène artistique foisonne d’une multitude d’approches sous-tendues par un désir de témoignage et d’hommage envers ce(s) monde(s) parallèle(s). Les regards sont portés par la fascination pour le sauvage et l’infinie beauté des espèces, la dialectique incessante entre l’animalité de l’homme et l’humanité animale, la dénonciation de la violence, les volontés militant pour la protection des espèces, et aussi bien sûr par l’amour et la “coupable” tendresse que tout un chacun leur porte. Ce règne, ou plutôt ce qu’il en reste, est un thème éternel qui alimente l’histoire, la mythologie, les religions, la philosophie et même les sciences. Il replace l’homme dans le grand univers et l’oblige à se questionner sur son rapport au monde dit “sauvage” et à son positionnement entre animalité et humanité. De tout temps, la volonté a été de distinguer l’être humain des autres espèces animales pour préverser les conditions de la domination de l’homme d’un point de vue tant symbolique que physique. Les mythologies et certaines religions ont pu auréoler l’animal et déifier ses pouvoirs tandis que le débat sur la distanciation des espèces alimente toujours les braises du foyer social et philosophique. De facto les comportements de l’homme sont modelés par la définition de cette humanité qui dicte les conditions de sa pensée et de ses échanges avec le monde animal, si proche mais qui semble nécessaire de maintenir à distance. Le philosophe contemporain Jean Christophe Bailly redéfinit le règne animal comme Le versant animal, un versant ouvert et distinct qui ne nous appartient pas malgré tous les efforts de domination prodigués depuis la nuit des temps. De nos jours ce n’est plus en effet le temps d’un règne mais plutôt celui de ses reliquats chimériques berçant encore les aberrations de nos (im)postures dialectiques et de nos actes, car nous avons confiné la vie des espèces en les cantonnant à de petits territoires protégés, au mieux, et, au pire, à l’enfermement. Après les avoir chassés, nous les avons domestiqués, transformés en bêtes d’élevage, leur ôtant le statut d’être vivant pour les transformer en chair, d’une manière, parfois tempérée d’humanisme, parfois scandaleuse. Depuis quelques décennies nos comportements accélèrent la mise en péril des écosystèmes et menace les systémies animales, alors même que la présence animale est partout dans notre société enrichissant autant notre humanité que notre culture. L’image occupe une place essentielle dans la pensée animale car elle permet de projeter en toute liberté les débats qui la traversent. L’artiste peut porter un tendre regard sur l’animal de compagnie en exposant nos drôles d’interactions, documenter les conditions des relations humaines et animales en fonction de différents niveaux socio-économiques, parfois dénoncer les exploitations dépassant de loin le nécessaire alimentaire, rendre compte de la colonisation des territoires et le confinement des animaux, évoquer la fascination pour les espèces encore sauvages et pour ces mondes parallèles et bien sûr se nourrir des mythes et légendes qui leur confèrent de singuliers pouvoirs. SÉLECTION ARTISTIQUE Les expositions offrent une belle représentativité de la scène française avec des artistes référentiels en regard de l’animalité comme Françoise Pétrovitch, Karen Knorr, Julien Des Monstiers. La sélection est coordonnée avec les résidences et a permis de produire des ensembles en lien avec le territoire d’Yves Trémorin, Sébastien Gouju et de l’américaine Anne Rearick grâce au soutien d’AM ART et en coproduction avec l’Ecomusée, PNR et le Moulin Blanchard. Le lauréat Mathieu Lion de la résidence Capsule – DRAC Normandie – montre également un bel ensemble. Deux importantes productions de Manoli Gonzalez et Camille Pozzo di Borgo ont reçu le soutien du Fonds Regnier pour la Création. La photographie garde sa place majeure et est complétée avec les travaux d’Aurélie Scouarnec, de Francesca Todde, celui d’Irène Jonas inspiré par Rosa Bonheur et Le Bestiaire de Catherine Poncin. Le programme permet aussi de faire connaitre des artistes émergents sur ce territoire riche de créateurs, Isabelle de Noaillat, Djabril Boukhenaissi et Jimmy Beunardeau. D’autres coups de coeur de Christine Ollier pour des oeuvres originales et puissantes viennent parachever la sélection comme les incroyables totems de Benoit Huot, l’installation de Sylvain Wavrant inspirée des métamorphoses d’Ovide et les animaux espiègles de Marina Le Gall et ceux de Martine Camillieri. Photo : Série Rosa Bonheur… Réminiscences, 2021 ©Irène Jonas / agence révélateur DatesAvril 29 (Samedi) 21 h 00 min - Juin 4 (Dimanche) 5 h 00 min(GMT-11:00) LieuMoulin Blanchard11 Rue de Courboyer 61340 Perche-en-Nocé Get Directions CalendrierGoogleCal Favori1
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