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Partager Partager Temps de lecture estimé : 6minsChristine Ollier et son équipe ont inauguré la quatrième édition du Champ des Impossibles, ouvrant au public une vingtaine d’expositions dont la thématique centrale est le règne animal. Chaque jour, nous vous proposons le portrait d’un artiste du Parcours Art & Patrimoine en Perche .04 rédigé par Emmanuel Berck. Aujourd’hui, découvrons Martine Camillieri présentée au Moulin Blanchard – Perche-en-Nocé avec une grande installation sous la forme d’un Safarikid dédié aux enfants, bourré d’humour et de salutaires réflexions sur nos rapports avec le monde animal. Auteure et plasticienne, Martine Camillieri se définit comme une artiste de la déconsommation, dont l’objectif est de « révéler les plus du moins : le peu, qui, lorsqu’il est volontaire, a un petit goût d’extraordinaire ». Son champ d’action est le quotidien et le banal. Jamais conventionnelle, sa démarche est engagée et vigilante, basée sur la récupération et le détournement. Tout son travail milite pour limiter la profusion d’objets sur terre et pour que le comestible reste comestible. Elle critique la société de consommation, en mettant en relief l’inutilité de la surabondance. Avant et après la pub Après des études à l’École des Arts décoratifs de Nice, Martine Camillieri devient DA dans la publicité à Paris. Pendant une trentaine d’années, elle aide les marques à développer leur notoriété et leurs ventes. Au tournant du siècle, agacée par le trop-plein d’objets et de nourriture qu’elle promeut en tant que de publicitaire, elle quitte le métier pour entamer une période de réflexion sur l’écologie, le recyclage, l’alimentation… « J’ai eu envie de m’exprimer à ce sujet et je suis devenue artiste… par repentir ! explique-t-elle. J’ai commencé à travailler à mes premiers manuels d’écologie ludique d’après l’observation du quotidien : tables éphémères et jouets détournés. Des livres d’humeur sur une façon de vivre en détournant des objets usuels à d’autres fins utiles, sans les altérer pour qu’ils puissent repartir vers d’autres utilisations ou retrouver leur première fonction : un nomadisme des utilités qui pouvait diminuer par trois ce que nous utilisions ! Là est née ma mission : militer pour limiter l’objet sur terre. » Son premier livre, « Tables éphémères (petits arrangements ludiques autour de la table) » est publié en 2003. Une sorte de guide des bonnes idées pour manger tous les jours sans s’ennuyer, en détournant, assemblant, empilant et retournant la vaisselle d’un placard de cuisine pour arriver, en d’innombrables et improbables associations d’objets, à de petites expérimentations destinées à enjoliver l’ordinaire. L’année suivante, sort un deuxième ouvrage, Jouets détournés, un Manuel pratique de bricolage pour recycler les souvenirs d’enfance des trentenaires en objets utiles. Depuis, Martine Camillieri a signé une vingtaine de publications. Arts de la table, sauce plastique En parallèle, Martine Camillieri puise dans ses souvenirs d’enfance en Asie, pour produire sa série Autels, sorte de tables de philosophie domestique, oniriques et ironiques, façonnées à l’aide d’objets récupérés, principalement en plastique, empilés jusqu’à l’écœurement. Elle en a produit à ce jour une vingtaine sur différents thèmes reliés à la nourriture, à la préservation de la nature, aux dérives de la consommation. « Je travaille de façon éphémère sur l’éphémère : mes installations ne sont pas figées dans le temps. Elles sont d’abord imaginées dans des croquis préparatoires, puis construites sur la base d’éléments récupérés, et enfin, photographiées pour en garder la trace. Chaque élément pouvant être réutilisé plus tard dans d’autres installations ». Le travail d’artiste auteure de Martine Camillieri a fait l’objet de nombreuses expositions, notamment à la Design Week de Milan, au Bon Marché de Paris, à la Mezzanine du Design de Beaubourg, chez Colette, au Ministère de la Culture, à Tokyo et dans de nombreux centres d’art, médiathèques ou fondations etc. En 2022, Martine Camillieri a participé à Trop ou trop peu, trio d’expositions dédié à l’histoire alimentaire et conçu par Christine Ollier pour la Maison des Arts d’Evreux, avec son « Festin retrouvé », buffet paléofuturiste et installation archéologique « ayant pour mission de renseigner les sociétés prochaines sur notre civilisation bientôt disparue ». En pierre, métal et bois, les restes (trompe-l’œil fossilisés) de ce banquet représentent « l’évolution de l’humanité par le truchement de son assiette ». Cette exposition marque le début d’une collaboration complice de l’artiste avec la curatrice du Champ des impossibles. Un Safarikid ludique au Moulin Blanchard Vue d’exposition Dans le cadre du Champ des impossibles .04, Martine Camillieri (qui vit à mi-temps dans le Perche depuis 30 ans) a concocté un parcours ludique à partir de son travail en littérature jeunesse, où elle photographie des installations de jouets esseulés, brindilles et objets du quotidien pour donner envie aux enfants, plutôt que d’acheter de nouveaux jouets, de bricoler des histoires. Son « Safarikid » en extérieur tient autant de l’installation plasticienne que de la chasse au trésor. Chaque enfant se voit remettre des outils d’exploration (boussole, jumelles, …) ainsi qu’un dépliant explicatif pour l’accompagner dans sa visite. Au visiteur adulte, il est conseillé de modestement rapetisser pour pénétrer cet univers bourré d’humour et de salutaires réflexions sur nos rapports avec le monde animal. Série Safarikid © Martine Camilleri Série Safarikid © Martine Camilleri Martine Camillieri s’efforce de préserver en elle sa part d’enfance. « En amusant, on gagne en capacité de conviction. Tout le monde naît artiste, on le devient quand on travaille inlassablement à transmettre une obsession personnelle, un monde à soi. Mon œuvre est très engagée même si je ne vends que du vent, qu’un petit souffle de réflexion ! ». Lutte contre l’invasion du plastique, contre la malbouffe et l’industrialisation de l’agroalimentaire, contre la chimie et les additifs toxiques, contre la surconsommation et le gaspillage, Martine Camillieri est de tous les combats. Son antidote consiste, vous l’aurez compris, à enjoliver le quotidien, à porter son regard sur ces objets que personne ne regarde. Avec beaucoup de recul et d’humour (provoqué par des double-sens ou des détournements), l’artiste cherche à réunir plutôt qu’à diviser, à inviter à la réflexion plutôt que d’avaler tout cru les fausses promesses de bonheur artificiel qui forment la base de notre société de consommation. Cette exposition fait bien sûr partie du nouveau label dédié au jeune public dans le cadre du parcours Art et Patrimoine en Perche Plus d’information : www.lechampdesimpossibles.com INFORMATIONS PRATIQUES Moulin Blanchard11 Rue de Courboyer 61340 Perche-en-Nocé sam29avr(avr 29)10 h 00 mindim04jui(jui 4)18 h 00 minLe Champ des Impossibles .04Le règne animalMoulin Blanchard, 11 Rue de Courboyer 61340 Perche-en-Nocé Détail de l'événementLe Règne Animal est une thématique transversale qui pose la question du devenir animal en regard des dictats imposés par l’homme envers les autres espèces, celles avec qui il cohabite Détail de l'événement Le Règne Animal est une thématique transversale qui pose la question du devenir animal en regard des dictats imposés par l’homme envers les autres espèces, celles avec qui il cohabite et socialise, celles qu’il élève et mange, celles qu’il admire, observe, parfois chasse encore et celles qu’il protège de la disparition en regard de celles qu’il anéanti. Ce thème, comme celui de l’Arbre en 2022, résonne avec les problématiques contemporaines et exemplarise les différents regards et échanges de notre société avec le monde animal. La scène artistique foisonne d’une multitude d’approches sous-tendues par un désir de témoignage et d’hommage envers ce(s) monde(s) parallèle(s). Les regards sont portés par la fascination pour le sauvage et l’infinie beauté des espèces, la dialectique incessante entre l’animalité de l’homme et l’humanité animale, la dénonciation de la violence, les volontés militant pour la protection des espèces, et aussi bien sûr par l’amour et la “coupable” tendresse que tout un chacun leur porte. Ce règne, ou plutôt ce qu’il en reste, est un thème éternel qui alimente l’histoire, la mythologie, les religions, la philosophie et même les sciences. Il replace l’homme dans le grand univers et l’oblige à se questionner sur son rapport au monde dit “sauvage” et à son positionnement entre animalité et humanité. De tout temps, la volonté a été de distinguer l’être humain des autres espèces animales pour préverser les conditions de la domination de l’homme d’un point de vue tant symbolique que physique. Les mythologies et certaines religions ont pu auréoler l’animal et déifier ses pouvoirs tandis que le débat sur la distanciation des espèces alimente toujours les braises du foyer social et philosophique. De facto les comportements de l’homme sont modelés par la définition de cette humanité qui dicte les conditions de sa pensée et de ses échanges avec le monde animal, si proche mais qui semble nécessaire de maintenir à distance. Le philosophe contemporain Jean Christophe Bailly redéfinit le règne animal comme Le versant animal, un versant ouvert et distinct qui ne nous appartient pas malgré tous les efforts de domination prodigués depuis la nuit des temps. De nos jours ce n’est plus en effet le temps d’un règne mais plutôt celui de ses reliquats chimériques berçant encore les aberrations de nos (im)postures dialectiques et de nos actes, car nous avons confiné la vie des espèces en les cantonnant à de petits territoires protégés, au mieux, et, au pire, à l’enfermement. Après les avoir chassés, nous les avons domestiqués, transformés en bêtes d’élevage, leur ôtant le statut d’être vivant pour les transformer en chair, d’une manière, parfois tempérée d’humanisme, parfois scandaleuse. Depuis quelques décennies nos comportements accélèrent la mise en péril des écosystèmes et menace les systémies animales, alors même que la présence animale est partout dans notre société enrichissant autant notre humanité que notre culture. L’image occupe une place essentielle dans la pensée animale car elle permet de projeter en toute liberté les débats qui la traversent. L’artiste peut porter un tendre regard sur l’animal de compagnie en exposant nos drôles d’interactions, documenter les conditions des relations humaines et animales en fonction de différents niveaux socio-économiques, parfois dénoncer les exploitations dépassant de loin le nécessaire alimentaire, rendre compte de la colonisation des territoires et le confinement des animaux, évoquer la fascination pour les espèces encore sauvages et pour ces mondes parallèles et bien sûr se nourrir des mythes et légendes qui leur confèrent de singuliers pouvoirs. SÉLECTION ARTISTIQUE Les expositions offrent une belle représentativité de la scène française avec des artistes référentiels en regard de l’animalité comme Françoise Pétrovitch, Karen Knorr, Julien Des Monstiers. La sélection est coordonnée avec les résidences et a permis de produire des ensembles en lien avec le territoire d’Yves Trémorin, Sébastien Gouju et de l’américaine Anne Rearick grâce au soutien d’AM ART et en coproduction avec l’Ecomusée, PNR et le Moulin Blanchard. Le lauréat Mathieu Lion de la résidence Capsule – DRAC Normandie – montre également un bel ensemble. Deux importantes productions de Manoli Gonzalez et Camille Pozzo di Borgo ont reçu le soutien du Fonds Regnier pour la Création. La photographie garde sa place majeure et est complétée avec les travaux d’Aurélie Scouarnec, de Francesca Todde, celui d’Irène Jonas inspiré par Rosa Bonheur et Le Bestiaire de Catherine Poncin. Le programme permet aussi de faire connaitre des artistes émergents sur ce territoire riche de créateurs, Isabelle de Noaillat, Djabril Boukhenaissi et Jimmy Beunardeau. D’autres coups de coeur de Christine Ollier pour des oeuvres originales et puissantes viennent parachever la sélection comme les incroyables totems de Benoit Huot, l’installation de Sylvain Wavrant inspirée des métamorphoses d’Ovide et les animaux espiègles de Marina Le Gall et ceux de Martine Camillieri. Photo : Série Rosa Bonheur… Réminiscences, 2021 ©Irène Jonas / agence révélateur DatesAvril 29 (Samedi) 21 h 00 min - Juin 4 (Dimanche) 5 h 00 min(GMT-11:00) LieuMoulin Blanchard11 Rue de Courboyer 61340 Perche-en-Nocé Get Directions CalendrierGoogleCal Favori1
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