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Partager Partager Temps de lecture estimé : 13minsL’IA innerve de façon croissante nos usages quotidiens, tout en bouleversant les fondements mêmes de notre culture visuelle. Le Jeu de Paume en dévoile certains des mécanismes et les origines spatio-temporelles de ce nouveau paradigme, tout en insistant sur ses conséquences politiques, sociales et économiques, sans oublier les imaginaires, parfois très anciens, qu’il véhicule et reconduit. Réparti en deux temps autour d’une part de l’IA analytique, fondée sur la vision artificielle et la reconnaissance automatisée,et d’autre part de l’IA générative et les possibilités de générer de nouveaux mots et images, ce panorama artistique, réunit plus de 40 œuvres réalisées au cours de la dernière décennie. Des « capsules temporelles » sous forme de cabinets de curiosité viennent compléter le parcours, suggérant différentes généalogies possibles de l’IA. Des commandes spéciales ont été passées à certains artistes pour l’occasion comme Hito Steyerl, Christian Marclay ou Grégory Chatonsky, que nous décrypte Ada Ackerman, chercheuse et commissaire associée. Le rôle joué par les « travailleurs du clic » et leur invisibilisation est souligné dans plusieurs œuvres, de même que le contrôle algorithmique et la standardisation visuelle en marche. Tout un pan du parcours revient sur le rôle, crucial, joué par les « espaces latents » des IA ; à travers notamment un ensemble d’œuvres qui mobilisent archives spéculatives, des histoires contrefactuelles. Ada Ackerman revient sur les défis et partis pris des commissaires, loin d’un certain sensationnalisme prégnant vis-à-vis de l’IA, consistant à déployer un espace critique, inscrit dans un temps de regard plus long, et à mettre en valeur des stratégies artistiques qui visent à proposer des modèles alternatifs d’IA, plus ouverts et inclusifs. Elle a répondu à mes questions. Ada Ackerman Jeu de Paume 2025 © Say Who / Michael Huard Ada Ackerman est chargée de recherches au CNRS (THALIM). Historienne de l’art, elle s’intéresse aux croisements entre les arts, aux circulations culturelles entre Europe, Etats-Unis et ex-URSS ainsi qu’aux entrelacements entre humains et non-humains. Elle a assuré le commissariat de plusieurs expositions : Golem ! Avatars d’une légende d’argile (MAHJ, Paris, 2017) , L’Oeil extatique. Eisenstein, cinéaste à la croisée des arts ( Centre Pompidou-Metz, 2019), Mirabil-IA. Quand l’IA métamorphose la création ( Centre des Arts, Enghien-les-Bains, 2023). Marie de la Fresnaye. Quels parti pris de départ ? Ada Ackerman. Nous voulions nous démarquer des expositions sensationnalistes sur l’IA, qui en passent souvent par une esthétique immersive, attractionnelle, et qui servent parfois des logiques d’IA washing, via l’espace du musée, à des grandes compagnies de la tech. Très inspirés par les approches de Trevor Paglen, de Kate Crawford ou de Matteo Pasquinelli, nous tenions à ce que l’exposition puisse offrir une distance critique sur ces sujets qu’elle puisse, d’une certaine façon, ouvrir les boîtes noires des IA, et révéler des pans souvent méconnus et invisibles de ces technologies : leur coût environnemental, leur dimension extractionniste, leur recours à du travail humain…. Soit déconstruire ce vocable quelque peu mystificateur d’intelligence artificielle et les mythes qu’il véhicule. Ce qui s’est apparenté à un défi étant donné que c’est un sujet qui change à toute vitesse ; il fallait donc pouvoir proposer un commentaire critique sur cette actualité sans être englués dans une forme de fascination présentéiste. Notre exposition, nourrie de différents projets de recherche scientifique, tente par ailleurs de rendre compte, à travers un panorama le plus varié possible, des transformations colossales que l’avènement des IA induit dans le champ de la culture visuelle, tout en montrant comment les artistes s’emparent de ces outils pour élaborer non seulement de nouvelles stratégies créatives, mais aussi des approches spéculatives et critiques, sans oublier différents gestes de résistance pour conserver une marge de manœuvre vis-à-vis des IA génératives. Erik Bullot, Cinéma vivant 2024 Tirages numériques de 12 images générées par le modèle de diffusion Lexica, 40 × 45 cm chacun Avec le soutien du Jeu de Paume, Paris © Erik Bullot Érik Bullot, Cinéma vivant, série photographique, 2024© Erik Bullot MdF. L’exposition a-t-elle donné lieu à de nouvelles commandes passées aux artistes à cette occasion ? AA. Tout à fait ; elles se chiffrent à 10 nouvelles créations sur l’ensemble du parcours, dont une installation de Hito Steyerl, de Grégory Chatonsky ou de Julien Prévieux. Nous sommes très heureux d’avoir pu bénéficier, pour cette exposition, d’un tel ensemble d’œuvres inédites, qui font parfois l’objet d’une salle entière dans le parcours, comme pour la pièce Mechanical Kurds, d’Hito Steyerl, consacrée au micro-travail, et que nous avons découverte peu de jours avant l’ouverture de l’exposition ! Gwenola Wagon, Chroniques du soleil noir, 2023. OEuvre réalisée avec le soutien du Hangar Y, en partenariat avec l’Observatoire de Paris-PSL © Gwenola Wagon MdF. A quand remonte selon vous l’origine de l’IA ? AA. L’expression apparaît en 1955, dans la bouche du mathématicien John Mc Carthy. Mais nous avons essayé de montrer que certains phénomènes dont on discute beaucoup actuellement comme la reconnaissance faciale automatisée, s’inscrivent dans une histoire bien plus longue ; des chercheurs comme Matteo Pasquinelli suggèrent que des pratiques algorithmiques existent depuis la nuit des temps ! De manière générale, le terme lui-même d’Intelligence artificielle reste problématique et en fonction de ce que l’on entend par là, il ne sera pas daté au même moment. Et quant aux rêves que véhicule l’IA, là encore, ils peuvent remonter à des temps extrêmement anciens. L’idée de déléguer des tâches à des doubles de nous-mêmes se trouve par exemple dès les premières descriptions antiques d’automates. Trevor Paglen “De Beauvoir” (Even the Dead Are Not Safe), Eigenface (Colorized) 2019 Tirage par sublimation thermique, 121,9 × 121,9 cm Centre Pompidou, Paris. Musée national d’Art moderne/Centre de création industrielle. Don des Amis du Centre Pompidou en l’honneur de Virginia Zabriskie en 2024. Inv. : AM 2024-117 © Musée national d’Art moderne/ Centre de création industrielle. Don du Virginia M. Zabriskie Fund, Amis du Centre Pompidou, 2024. Inv. no : AM 2024-117 MdF. Vous développez toute une partie sur l’archéologie, sur les espaces latents de l’histoire, dans la 2ème partie de l’exposition, selon quels enjeux ? AA. Nous voulions nous éloigner d’une imagerie assez attendue, celle de l’IA très tech et futuriste ; et il nous a semblé intéressant de privilégier de approches d’artistes qui utilisent l’IA pour revisiter à nouveaux frais le passé, le patrimoine ; qui esquissent des bifurcations dans l’histoire, qui s’adonnent à des collaborations, grâce à l’IA, par-delà les âges, avec des artistes des temps anciens. Soit des manifestations en images d’une histoire contrefactuelle, d’une histoire synthétique, pour reprendre les termes d’Egor Kraft, dont nous exposons la série Content Aware Studies. L’idée n’étant évidemment pas ici de contester les récits historiques établis ni de faire preuve de révisionnisme, l’IA pouvant malheureusement être utilisée pour cela, notamment par l’ extrême-droite, mais de montrer comment l’IA a la capacité d’actualiser des contenus restés à l’état de virtualité ou de potentialité, ce qui est particulièrement intéressant pour des œuvres du passé restées inachevées, ou à l’état de seul projet. Le cinéaste Alexander Kluge, qui recourt désormais à l’IA générative, les décrit comme « un conditionnel des images ». MdF. Une esthétique de la ruine se dégage dans ce chapitre . AA. C’est une aspiration assez anciennes que de vouloir remonter le temps, de chercher à réparer les outrages du passé, à restaurer, par l’imagination, les fragments. Le recours à l’IA générative s’incrit dès lors comme un nouvel outil contemporain parmi toute une lignée de gestes et d’entreprises qui traversentl’histoire de l’art. MdF. Vous avez souhaité montrer l’exploitation des travailleurs du clic, ces personnes de l’ombre, souvent invisibilisées. AA. Le problème de l’adjectif artificiel, dans l’expression « intelligence artificielle »est qu’il laisse entendre que l’IAserait complètement autonome dans son fonctionnement, ce qui est faux. Les plateformes comme l’ « Amazon Mechanical Turks » sont pour l’instant indispensables au fonctionnement des IA. Il est assez remarquable à cet égard que Jeff Bezos le fondateur d’Amazon désigne l’Amazon Mechanical Turk comme « artificial artificial intelligence » soit une intelligence artificielle artificielle, ayant tout à fait conscience du tour de passe-passe sémantique qu’il opère là. Inès Simule, The Oasis I Deserve, 2024 © Inès Sieulle MdF. L’installation d’Hito Steyerl réalisée sur un camp de réfugiés est l’un des temps forts du parcours : pouvez-vous nous la décrire ? AA. L’installation nommée « The Mechanical Kurds» conçue et dévoilée peu de temps avant l’ouverture de l’exposition, fait référence au célèbre Turc mécanique de Wolfgang von Kempelen, soit une supercherie puisqu’il s’agissait d’un faux joueur d’échec mécanique, qui était en réalité actionné par un humain. C’est également à lui que fait référence la plateforme de microtravail d’Amazon. Hito Steyerl est partie au Kurdistan dans des camps de réfugiés dont certains sont employés comme travailleurs du clic pour étiqueter des objets destinés aux IA. L’artiste leur donne la parole,et les laisse exprimer leur perception et leur conception de ce que permet l’IA, dans une approche qui n’est pas toujours négative. Beaucoup de rêves et de projections imaginaires sont suscités par l’IA auprès de ces personnes, qui n’ont pas toujours conscience que les technologies qu’elles aident à développer peuvent se retourner contre elles, comme dans le cas des attaques de drones. Le mobilier de cette installation reprend le vocabulaire de la « boîte englobante », ce système de délimitation de portions de l’image que les IA analytiques utilisent pour étiqueter des objets et qui apparaît dans le film de l’installation ; ici, les spectateurs se retrouvent eux-mêmes assis dans ces boîtes, comme si personne ne pouvait échapper à cet étiquetage du monde. Gregory Chatonsky, La Quatrième Mémoire, 2025 Installation © Gregory Chatonsky MdF. Autre œuvre conçue pour l’exposition, celle de Grégory Chatonsly : qu’est ce qui se joue ? AA. Elle s’intitule « la Quatrième mémoire » en référence aux différents types de mémoire distingués par Bernard Stiegler. Dans cette installation qui comprend de la vidéo, de la sculpture, de la photographie, Chatonsky recourt à l’IA générative pour instaurer une nouvelle modalité d’autobiographie fictive, un genre très prisé dans l’art contemporain depuis plusieurs décennies. Ce qui est assez vertigineux, c’est que l’artiste s’est démultiplié en des avatars de plusieurs genres, nationalités, professions, parlant différentes langues, à travers des milliers d’heures – la probabilité de revoir le même extrait au sein de son installation est infime. Pour l’artiste, qui considère cette œuvre comme un tombeau posthume de son vivant, il ne s’agit pas seulement de démultiplier son identité, mais aussi de proposer un prototype de tombeau pour l’humanité lorsqu’elle aura disparu de la surface terrestre. Il ne restera plus alors que des IA pour regarder notre culture. L’œuvre, aux accents mélancoliques, est aussi mise en lien avec un immense réservoir d’images issues de l’histoire de l’art et réunies dans un projet de recherche intitulé « Visual Contagions » qui est porté par l’historienne de l’art Béatrice Joyeux-Prunel et qui s’attache à retracer des phénomènes de circulation artistique. Dans l’installation, des IA analytiques réagissent au film de Chatonsky et recherchent dans cette base de données des images dont les motifs ressemblent à ce que l’on voit à l’écran. C’est une façon pour l’artiste d’utiliser l’IA générative pour explorer l’histoire de l’art, et donc d’inverser la logique habituelle consistant à partir de l’histoire de l’art pour aller vers l’IA. MdF. Une œuvre de Christian Marclay qui clôt le parcours a été conçue avec Snap et est volontairement participative AA. Nous tenions à proposer un certain nombre d’œuvres participatives pour que le public se sente invité à être partie prenante du parcours. Cette œuvre « Sound Stories (The Organ) » traite des réseaux sociaux à l’heure de l’IA, une question très importante et également abordée dans le film d’Inès Sieulle, présenté dans notre programmation vidéo au sein de l’exposition. Christian Marclay souhaite montrer comment cette gigantesque masse de contenus éphémères, les snaps, peut donner lieu à un montage audiovisuel inédit, puisque le visiteur est invité à appuyer sur les touches d’un clavier connecté à un écran, chaque touche déclenchant l’apparition d’une bande verticale composée de snaps qui a priori n’ont rien en commun si ce une même fréquence sonore. Cela permet une forme de navigation inattendue au sein des réseaux sociaux et de les assembler selon une logique souvent déconcertante, parfois poétique. Egor Kraft, Content Aware Studies, 2019 © Egor Kraft MdF. Pour conclure, l’IA, menace ou opportunité selon vous pour les artistes ? AA. En termes artistiques, je pense que c’est une opportunité à condition de demeurer très vigilants autour de la question des droits d’auteur et à la mainmise des grandes compagnies de la tech sur certains imaginaires. Beaucoup d’artistes présents dans l’exposition exploitent les potentiels poétiques des failles de certains modèles d’IA, qu’ils font dérailler, d’autres cherchent à créer leurs propres modèles, plus ouverts, plus inclusifs et personnalisés, tandis que d’autres encore tentent de pousser les modèles existants et les plus courants (Midjourney, DALL-E, ChatGPT, etc) dans leurs retranchements et à jouer avec leurs limites. Soit tout un éventail de gestes de création comme de résistance, qu’il convient d’encourager et de suivre avec la plus grande attention. Avec : Nora Al-Badri — Nouf Aljowaysir — Jean-Pierre Balpe* — Patsy Baudoin et Nick Montfort — Samuel Bianchini — Erik Bullot — Victor Burgin — Julian Charrière — Grégory Chatonsky — Kate Crawford et Vladan Joler — Linda Dounia Rebeiz — Justine Emard — Estampa — Harun Farocki — Joan Fontcuberta — Dora Garcia — Jeff Guess — Adam Harvey — Holly Herndon et Mat Dryhurst — Hervé Huitric et Monique Nahas — David Jhave Johnston — Andrea Khôra — Egor Kraft — Agnieszka Kurant — George Legrady — Christian Marclay — John Menick — Meta Office — Trevor Paglen — Jacques Perconte — Julien Prévieux — Inès Sieulle— Hito Steyerl — Sasha Stiles — Theopisti Stylianou-Lambert et Alexia Achilleos — aurece vettier — Clemens von Wedemeyer — Gwenola Wagon. Catalogue, coédition JBE Books × Jeu de Paume, €39,00 disponible à la libraire du Jeu de Paume INFORMATIONS PRATIQUES Jeu de Paume1, place de la Concorde 75008 Paris ven11avr(avr 11)10 h 00 mindim21sep(sep 21)19 h 00 minLe monde selon l’IAJeu de Paume, 1, place de la Concorde 75008 Paris Détail de l'événementPhoto : Érik Bullot, Cinéma vivant, série photographique, 2024 © Erik Bullot Le Jeu de Paume présente, du 11 avril au 21 septembre 2025, une exposition explorant les liens entre intelligence artificielle Détail de l'événement Photo : Érik Bullot, Cinéma vivant, série photographique, 2024 © Erik Bullot Le Jeu de Paume présente, du 11 avril au 21 septembre 2025, une exposition explorant les liens entre intelligence artificielle et l’art , qui sera la première au monde de cette ampleur. Développées à vitesse accélérée dans tous les champs de la société, les intelligences artificielles suscitent aujourd’hui étonnement, frayeur, enthousiasme ou scepticisme. Le monde selon l’IA présente une sélection d’œuvres d’artistes qui, au cours de ces dix dernières années, se sont emparés de ces questions en art, photographie, cinéma, sculpture, littérature… Elle dévoile des œuvres –pour la plupart inédites – d’artistes de la scène française et internationale tels Julian Charrière, Grégory Chatonsky, Agnieszka Kurant, Christian Marclay, Trevor Paglen, Hito Steyerl, Sasha Stiles,… De l’« IA analytique », qui analyse et organise des masses de données complexes, à l’« IA générative », capable de produire de nouvelles images, sons et textes, l’exposition traite de la manière dont ces technologies bouleversent les processus créatifs, redéfinissent les frontières de l’art, sans oublier d’en interroger les enjeux sociaux, politiques et environnementaux. Des capsules temporelles jalonnent par ailleurs le parcours, sous forme de vitrines suggérant des liens historiques et généalogiques entre ces phénomènes contemporains et différents objets issus du passé. Au-delà de toute fascination technophile ou de rejet technophobe, le Jeu de Paume propose, à travers cette exposition, une réflexion sur la manière dont l’IA transforme notre rapport visuel et sensible au monde, comme nos sociétés. L’intelligence artificielle, notion introduite en 1955, désigne de nos jours l’apprentissage automatique qui transforme tous les domaines de la société, avec des applications remplaçant l’action humaine sur la détection, la prise de décision ou la création de contenus textuels et visuels. Ces avancées soulèvent des enjeux éthiques, économiques, politiques et sociaux, entre autres en matière de vie privée et de discrimination, tout en bouleversant notre rapport aux images et aux textes. Dans le domaine artistique, l’IA redéfinit les processus de création, de production et de réception, mettant en crise les notions de créativité, d’originalité et de droits d’auteur. Les artistes de l’exposition mobilisent ces technologies aussi bien pour interroger leurs conséquences sur l’art et la société que pour expérimenter de nouvelles formes possibles d’expression. Le parcours thématique de l’exposition s’ouvre sur la dimension matérielle et environnementale de l’IA, trop souvent passée sous silence. Il s’agit, avec cette introduction, d’en dresser une cartographie dans le temps comme dans l’espace et de comprendre l’enchevêtrement complexe que recouvre l’appellation, difficile à définir, d’IA. Les œuvres de Julian Charrière, telles que Buried Sunshines Burn, soulèvent la question des ressources matérielles nécessaires aux industries numériques et de leur impact environnemental tandis que Metamorphism met en scène la dimension matérielle des technologies numériques, trop souvent présentées comme «dématérialisées» alors qu’elles dépendent de phénomènes géologiques et physiques spécifiques. Le diagramme géant Calculating Empires de Kate Crawford et Vladan Joler retrace quant à lui cinq siècles d’inventions et d’expérimentations techniques, scientifiques et culturelles ayant permis de donner naissance aux IA actuelles. L’exposition se poursuit avec la thématique de l’IA analytique, abordant la vision par ordinateur et la reconnaissance faciale, centrées sur la classification et la catégorisation des données et objets. Différents artistes interrogent les effets de ces processus sur notre perception du monde et leurs conséquences économiques, politiques et sociales. Parmi les œuvres phares de cette section, Faces of ImageNet de Trevor Paglen met en scène la manière dont les systèmes de reconnaissance faciale apprennent à identifier des visages à travers des catégories humaines simplifiées, qui nient la complexité et la diversité du monde réel. Une nouvelle œuvre de Hito Steyerl, créée spécialement pour l’exposition, examine comment les systèmes d’IA transforment la perception visuelle en outils de contrôle et de standardisation. Dans une même visée critique, le parcours aborde la question de l’exploitation humaine que nécessite l’IA. Agnieszka Kurant ou Meta Office mettent en lumière les contributions invisibles des “travailleurs du clic” – personnes qui effectuent des tâches en ligne sur Internet de manière invisible et sous-rémunérée, via des portraits collectifs ou la documentation de leurs conditions de travail. Ces œuvres révèlent le fossé entre l’idéologie de la dématérialisation du cloud et les ressources réelles qui sont nécessaires au bon fonctionnement des IA. Le suivant grand chapitre de l’exposition concerne l’IA générative, qui explore la capacité de l’intelligence artificielle à créer de nouvelles données, textes ou images, à partir de vastes quantités de données trouvées sur internet et utilisées pour l’entraînement des modèles. Cette section met en lumière les œuvres qui illustrent les multiples possibilités ainsi offertes, de la génération d’images à la création de textes et de sons. Nombreux sont les artistes à s’emparer de ce sujet pour combler des manques dans l’histoire (Egor Kraft, Alexia Achilleos et Theopisti Stylianou-Lambert), pour questionner les biais de l’IA (Nora AlBadri, Nouf Aljowaysir) ou pour écrire des histoires alternatives (Grégory Chatonsky, Justine Emard et Gwenola Wagon). Centrale est la question des nouveaux liens qui peuvent s’établir entre mots et images à l’heure de l’IA, comme le démontrent les travaux de Taller Estampa ou d’Erik Bullot. Dans cette section, le cinéma offre également une porte d’entrée pour réfléchir aux transformations amenées par l’IA sur la perception et la narration visuelle, comme l’illustrent les œuvres d’Inès Sieulle, d’Andrea Khôra ou encore de Jacques Perconte. Toute une section est également consacrée à la littérature générative, à la production de textes à l’aide d’algorithmes, qu’il s’agisse de poèmes, de romans ou encore d’alphabets inédits. L’exposition s’achève sur le thème de la musique, un volet illustré magistralement par The Organ de Christian Marclay où un piano connecté active des combinaisons de vidéos circulant sur l’application Snapchat en vertu exclusivement de leur fréquence Tout au long de l’exposition, des “capsules temporelles” inspirées des cabinets de curiosités offrent un contrepoint historique aux œuvres contemporaines. Elles abordent des sujets tels que l’histoire des dispositifs d’automatisation du calcul et de la production, les relations entre les systèmes actuels de vision artificielle et les tentatives passées d’automatiser la perception visuelle, les origines des systèmes de reconnaissance faciale comme des émotions, ou encore la généalogie des prompts. Ces vitrines se proposent ainsi comme des incursions généalogiques permettant d’inscrire des phénomènes contemporains dans une histoire culturelle, artistique et scientifique élargie. Pour accompagner l’exposition, le Jeu de Paume propose un riche programme d’événements autour de l’intelligence artificielle, comprenant un cycle de cinéma, des conférences animées par des artistes et spécialistes du sujet, des colloques scientifiques mais également une mise en scène théâtrale d’un « procès » fictif de l’IA. Enfin, un catalogue en français et en anglais, comprenant des contributions de spécialistes des liens entre IA, culture visuelle et art contemporain vient compléter cette exploration. Après l’exposition Supermarché des images (2020) qui avait interrogé la profusion d’images dans notre société, Le monde selon l’IA prolonge cette réflexion en mettant en lumière un nouveau paradigme, celui de l’intelligence artificielle, qui révolutionne en profondeur la création, la diffusion et la réception des images, bouleversant ainsi notre rapport visuel au monde. Commissaire général : Antonio Somaini Commissaires associés : Ada Ackerman, Alexandre Gefen, Pia Viewing Dates11 Avril 2025 10 h 00 min - 21 Septembre 2025 19 h 00 min(GMT-11:00) LieuJeu de Paume1, place de la Concorde 75008 ParisOther Events Jeu de Paume1, place de la Concorde 75008 ParisEntrée 10€ / Tarif réduit 7,5€ Ouvert le mardi de 11h à 21h et du mercredi au dimanche de 11h à 19h. Jeu de Paume Get Directions CalendrierGoogleCal Plein tarif : 12 € / Tarif réduit : 9 € https://www.jeudepaume.org Marque-page0
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