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David Sauveur par Alain Mingam

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Aujourd’hui se clot le procès des agresseurs de David Sauveur (voir l’article publié le lundi 12 décembre), toute la semaine, nous avons publié des témoignages de personnalités qui ont côtoyé de près ou de loin, le photographe. Aujourd’hui, nous donnons la parole à Alain Mingam, consultant et commissaire d’exposition.

Le poids d’une absence.

Le Prix Fnac 2000 «  Attention talent » avait plus que raison d’honorer David Sauveur. Car les images de David manquent terriblement à la lecture de notre monde en effervescence, au décryptage des dangereux  conflits qui sévissent ou germent d’Alep à Moscou ou Washington.

J’avais fait connaissance avec David au retour de son 1er reportage en Israël et en Palestine. La beauté de ses images aussi fragiles que la danse improvisée de jeunes filles à Bethléem, contrastait superbement avec la force de ses cadrages au plus près des jeunes palestiniens dansant au quotidien le tragique ballet ailé des lanceurs de cailloux à l’arbalète, artisans démunis des intifada en cours.

David dégageait dans sa nature, tout sourire et toute empreinte de sérénité et d’humilité  l’évidence  d’un tempérament qui imposait d’emblée le respect de sa démarche de «  grand », et par que par la taille de photographe en herbe. Par amour des peuples fréquentés autant que par passion d’une photographie, qui ouvrait autant son cœur généreux, que le diaphragme de son œil d’esthète exigeant, curieux, averti.

Sans jamais pouvoir se désolidariser de son appareil photo,  évident et noble outil, vital, de son regard aigu sur les tragédies du monde parcourues, en Afghanistan, au Liban ou en Sierra–Leone.

Agressé, David a voulu protéger son boîtier, trésor prolongé de ses yeux si précieux pour notre regard sur notre humanité à la dérive. Ses lâches agresseurs ont commis sur la personne de David un crime, en lui causant cette infirmité qui le cloue loin de cette  famille de photographe, dont il est une des figures les plus talentueuses et attachantes. Il est des absences qui restent ancrées au plus profond de nous telles de réelles présences.

Alain Mingam.


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Alain Mingam
Lauréat du "World Press Photo Contest" pour son reportage sur l’exécution d’un traître en Afghanistan pendant la guerre contre l’armée soviétique en 1980, Alain Mingam débute comme reporter-photographe à l’agence Sipa Press, puis chez Gamma dont il devient rédacteur en chef, et enfin à Sygma. Président du World Press-Photo-Contest en 1997, il a été consultant pour la série télévisée "Les Cent photos du siècle" de Marie–Monique Robin, ainsi que directeur de la photographie et rédacteur en chef "grands reportages" de magazines, intervenant à Sciences Po formation et au CFJ, Conseiller artistique de la Fondation HSBC pour la photographie. Il est aujourd’hui commissaire d’exposition, consultant médias et édition, collaborateur de Polka Magazine, intervenant au "Prix Bayeux Calvados des Correspondants de guerre", agent de James Nachtwey hors la presse, membre du Conseil d’administration et du Bureau exécutif de "Reporters sans frontières" et du Comité éditorial du "Festival des Etonnants Voyageurs" de Saint Malo et aussi Président du Prix Photo AFD.

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