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Carte blanche au collectif la Part des Femmes : Face aux attaques

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Pour leur quatrième et dernier carte blanche, le collectif La Part des Femmes – que nous recevons cette semaine comme invité – ont souhaité réagir sur un reproche qui leur est adressé de manière récurrente, par des hommes mais aussi par des femmes : celui d’être «agressives». Comme elles nous l’expliquent, il ne faut pas confondre le message et le messager… Ces sensations d’agressivité et de violence ne viendraient-elles pas plutôt de ce qui est condamné ?

Si nous pouvons parfois employer un ton moqueur ou sarcastique, nous ne recourons jamais à la violence, aux insultes, ou aux menaces ce qui est le cas de certains de nos interlocuteurs ! C’est là où il devient intéressant d’analyser ce que recouvre cette accusation.

Ce qui est violent, en réalité, ce n’est pas notre attitude : il ne faut pas confondre le message et le messager ! Les discriminations, les injustices, la façon dont nous traite et nous invisibilise le monde professionnel dans lequel nous évoluons, voilà ce qui est violent, même si cette violence est souvent feutrée, voire déguisée sous des sourires et une bienveillance de façade. Ce qui peut être perçu également comme violent est la prise de conscience de contribuer, même inconsciemment, à un système de domination, d’où des réactions sur le principe de la «rhétorique d’inversion» couramment pratiquée à l’égard des minorités et «dominé·es» : on qualifie d’oppresseurs des gens qui dénoncent des oppressions. «Lynchage», «maccarthysme», «délation», «terrorisme», islamisme ou «nazisme» (dans l’expression «féminazies», islamiste de féminisme)… ces termes qui renvoient à des réalités historiques ou contemporaines meurtrières sont ainsi associés aux mouvements féministes qui n’ont pourtant jamais tué personne !
Cette virulence est en réalité proportionnelle à la portée des résistances que rencontrent nos constats et revendications.

Un élément d’analyse complémentaire, c’est que la liberté de parole des femmes est traditionnellement considérée comme «agressive» en soi. L’épisode récent des Césars prouve que c’est toujours d’actualité. Les femmes sont élevées pour dire les choses avec douceur, diplomatie et force sourires ou mieux, se taire ! Le peu de temps de parole qui est réellement accordé aux femmes dans le cinéma en est un exemple. Lorsque les femmes se soustraient à cette habitude comportementale, osent s’exprimer de façon plus directe et plus tranchée, alors très vite le qualificatif d’«hystérique» arrive. Même quand le ton reste mesuré, le seul fait de répondre, de ne pas se laisser faire, d’émettre une opinion critique, passe pour «agressif», et entraîne des mesures de rétorsion assez stupéfiantes. Ainsi, sur les réseaux sociaux, de ceux qui vont supprimer les commentaires qui leur déplaisent, «bloquer» les autrices falsifiant ou tournant ainsi en ridicule leurs argumentations. Et ce sont souvent les mêmes qui accusent les féministes de promouvoir la censure ou de créer des ligues de vertu!

Le fait est que de par nos expériences, les traitements que nous avons subi parce que femmes, et ou , nous avons accumulé une légitime colère. Mais en réalité, nous ne nous permettons même pas encore de l’exprimer clairement et pleinement. La preuve, c’est que quand Virginie Despentes dit «on se casse et on vous emmerde», ça nous fait du bien !

Si l’on regarde bien les discours et les textes que nous produisons, c’est réfléchi, argumenté, nourri de nombreuses références théoriques que partageons volontiers. Or bien souvent, ceux et celles qui s’offusquent de notre «agressivité» refuseront de se pencher sur les ressources que nous leur proposons. Tout progressistes qu’ils s’affirment, ils relaient les positions des éditorialistes les plus réactionnaires. Et la violence serait de notre côté ?

Il faut quand même le préciser : à côté de ces accusations, nous recevons aussi énormément de messages de soutien et de remerciements, de femmes et d’hommes, qui nous confortent dans la justesse de nos combats… et la nécessité de les poursuivre.

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