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Partager Partager Temps de lecture estimé : 5mins« Histoire(s) sans fin » est la toute dernière exposition présentée à la Galerie Le Réverbère, à Lyon. Catherine Derioz et Jacques Damez ont annoncé avant l’été la fermeture définitive de la galerie après 43 ans d’activité. Un arrêt aussi triste que brutal. Après avoir réalisé un entretien avec les deux co-fondateurs, Jacques Damez répond à nos questions, en tant que photographe, représenté par la galerie depuis 1983. © Jacques DamezAutoportraits, 1974-2023Miroir à La Belle, 1974 © Jacques DamezAutoportraits, 1974-2023La Fabrique, 2019 © Jacques DamezAutoportraits, 1974-2023Mexico, 2017 Ericka Weidmann : Pouvez-vous nous raconter votre rencontre avec Catherine ? Jacques Damez Ma rencontre avec Catherine est celle d’un adolescent timide avec un feu follet virevoltant, pétillante et provocante elle ne pouvait que fasciner mon silence intérieur. Déjà passionné de photographie, mon envie d’être intimement lié à son image et de partager grain à grain nos révélations était déclenchée. Les battements du temps nous ont rapprochés, séparés, jusqu’en 1979 où, pour nos 20 ans, ce n’est pas un cliché, nous avons mis nos vies en images. Après deux ans d’engagement dans différents projets photographiques, qui ont renforcé nos convictions d’être séduits par ce médium, nous nous sommes jetés dans l’aventure d’ouvrir une galerie. Le verbe jeter est choisi car nous n’avions aucune idée de ce que cela représentait, et nous imaginions encore moins que 43 ans plus tard nous serions en train de produire « une histoire sans fin ». © Jacques DamezAutoportraits, 1974-2023Ardèche, 2023 E.W. : Que représente pour vous cette collaboration ? J.D. : Pour moi cette question mériterait un très long développement, j’ai collaboré avec beaucoup d’acteurs du milieu de la photographie : les photographes évidemment, les galeries, les institutionnels, les collectionneurs, les éditeurs, les labos, les critiques… N’ayant pas ouvert une galerie pour faire la promotion de ma photographie mais de LA Photographie, j’ai donc principalement œuvré pour les photographes que la galerie a choisi d’accompagner. En France avoir plusieurs casquettes est un handicap, nous sommes toujours suspects. Je n’ai aucun état d’âme concernant mon engagement, grâce à lui j’ai rencontré les phares de ma vie, quelques artistes majuscules autant par leur œuvre que par leur beauté humaine, des collectionneurs bouleversants par leur engagement et leur amour de l’art, des intellectuels impressionnants par leurs analyses et l’ampleur des champs couverts. Aujourd’hui ils et elles forment ma familles aussi précieuse que mon premier cercle. © Jacques DamezLa couleur du noir et blancEL13, 2010Tirage argentique, Jacques Damez / Impression numérique, Gil Collot – Picto120 x 60 cm © Jacques DamezTombée des nues…EL2, 2010Tirage argentique, Jacques Damez67 x 67 cm © Jacques DamezLa couleur du noir et blancSA6, 2013Impressions numériques Gil Collot, Picto / Lyon91 x 95 cm E.W. : Comment voyez-vous la suite, après Le Réverbère ? J.D. : Et bien après ce que je viens d’écrire, pour moi, la suite est d’enfin m’occuper de tout ce qui est produit et à produire, de travailler avec mes assistants au classement de 50 ans de production intensive, de penser à l’édition de livres que je porte depuis longtemps, de continuer à écrire sur quelques sujets qui me hantent. Et avec Catherine continuer notre action pour la photographie que nous aimons : nous restons très proches de certains photographes et collectionneurs avec qui des projets vont se réaliser. Actuellement, je peaufine la préface du Photo Poche consacré à Denis Roche aux éditions Actes Sud ainsi que mon essai Denis Roche – L’endroit du temps aux éditions La Lettre volée qui paraitront en 2026. © Jacques DamezTombée des nues…AF8Inédite © Jacques DamezTombée des nues…MN9Inédite © Jacques DamezTombée des nues…CLD2, 2019Inédite E.W. : Cherchez-vous une autre galerie pour vous représenter ? Si oui, que recherchez-vous dans une collaboration avec une galerie ? J.D. : Là encore ma situation est particulière, ayant été cofondateur d’une galerie il y a 43 ans, et de l’une des toutes premières de l’histoire française, je ne sais comment envisager la question… Sourire de l’histoire, aujourd’hui très peu de nos consœurs et confrères connaissent mon parcours et ma photographie et puis la période est fragile… Pour moi le plus essentiel est de Faire. Si cette production doit rencontrer ses défenseurs cela se fera naturellement et donc avec bonheur ! Vue d’accrochage de l’exposition « Épreuves de la matière – La photographie contemporaine et ses métamorphoses »À la Bnf – Bibliothèque nationale de France, en 2023Photographie de Jacques Damez Vue d’accrochage de l’exposition « Entre[z] libre ! » à la galerie Le Réverbère, en 2014Photographie de Laure Abouaf – galerie Le RéverbèreINFORMATIONS PRATIQUES Galerie Le Réverbère38 rue Burdeau 69001 Lyon ven20sep(sep 20)14 h 00 minsam28déc(déc 28)19 h 00 minHistoire(s) sans finExposition collectiveGalerie Le Réverbère, 38 rue Burdeau 69001 Lyon Détail de l'événementPhoto : © Denis Roche. 4 avril 1981, Gizeh, Egypte. 45 ans d’engagement en couple pour la photographie, 43 ans de galerie dont 35 au 38 rue Burdeau à Lyon : Détail de l'événement Photo : © Denis Roche. 4 avril 1981, Gizeh, Egypte. 45 ans d’engagement en couple pour la photographie, 43 ans de galerie dont 35 au 38 rue Burdeau à Lyon : une incroyable aventure vécue intensément avec ses hauts et ses bas, ses fous rires et ses colères, ses rencontres fabuleuses avec des artistes et des collectionneurs qui ont été au cœur de tous nos débats et états d’âme ! Et puis, 20 ans après l’ouverture, l’arrivée des assistant(e)s qui nous ont offert leur énergie, leurs compétences et ont accompagné cette utopie. Ouvrir, hors Paris, en 1981, une galerie indépendante consacrée uniquement à la photographie contemporaine dans tous ses « états » et la garder ouverte pendant 4 décennies étaient un pari fou mais gagné ! Enfin presque… car depuis une dizaine d’années le marché a beaucoup changé : il s’est codifié, « financiarisé » et concentré dans les mains d’un certain goût international qui ne permet plus la même liberté d’action et de choix. Nous avons tant aimé les 15 premières années de Paris Photo où galeristes, photographes, journalistes, institutionnels faisaient communauté avec l’équipe de la foire (merci à Rick Gadella et Valérie Fougeirol) grâce à des échanges confiants et libres, tous tendus vers un seul et même but : partager notre passion pour la Photographie avec les collectionneurs pionniers ou les amateurs curieux et cultivés. Nous étions plus brouillons peut-être mais créatifs, généreux et ouverts aux débats parfois musclés ! Petit à petit chacun a dû choisir sa « place ». La langue de bois s’est installée, les discours de l’art contemporain se sont appauvris et le tout culturel a gagné du terrain… Malgré notre réputation, nos commissariats payés et partagés avec les artistes pour des expos hors les murs ainsi que nos prestations intellectuelles se sont amenuisés pour quasi disparaitre après le Covid et nous obligent aujourd’hui à fermer la galerie et arrêter sa programmation à la fin de l’année 2024. Trop de services gratuits (entrée libre des expositions, déplacements peu ou pas remboursés, prêts d’œuvres sans rétribution aucune, visites commentées ou conférences gratuites, conception et coordination de l’agenda Photographie(s) Lyon & co, aide aux dossiers des artistes pour résidences, appels d’offre, candidatures à des prix …) dévorent le temps de notre équipe. Comme nous l’avait déclaré, il y a 20 ans l’adjoint à la culture de la Ville de Lyon : vous travaillez comme un vrai service plublic sans qu’on vous le demande et sans coûter un centime à la collectivité ! Et rien n’a changé ! Pourtant en 2023, nous étions soulagés d’avoir retrouvé notre chiffre d’affaires d’avant 2020 concernant la vente des œuvres. Mais les charges ont beaucoup augmenté et l’impérialisme des foires nous piège. Triste conclusion : le modèle économique d’une galerie de notre taille, sans soutien financier public ou privé, n’est plus viable. Pour finir en beauté cette dernière année dans notre galerie, après L’éblouissement des apparences de Yves Rozet, Silence de Julien Magre, nous vous invitons à découvrir Histoire(s) sans fin avec un choix d’œuvres emblématiques, rares, iconiques ou uniques de chacun de nos photographes. Sans fin car notre amour de la Photographie reste intact ainsi que notre croyance en la force créative de nos artistes qui n’ont de cesse de se remettre en cause et de creuser leur sillon avec intelligence et sensibilité. Nous continuerons autrement à imaginer des expositions, à donner à lire des œuvres, à offrir de la beauté et des émotions au public. Pour preuve la publication de l’essai de Jacques Damez : Denis Roche – L’endroit du temps en 2026 aux éditions de La Lettre volée ainsi que la sortie en 2025 chez Actes Sud dans la collection Photo Poche d’un Denis Roche préfacé par Jacques Damez. Nous vous espérons nombreux à la rentrée (du 21 septembre au 28 décembre 2024) pour partager ce bouquet final avec les artistes et qu’il vous donnera le désir de vous offrir une ou plusieurs photographies pour enrichir votre jardin intérieur. Avec le sourire et une note d’humour pour vous accueillir bientôt… Bye Buy ! Frédéric BELLAY, Arièle BONZON, Dirk BRAECKMAN, Pierre CANAGUIER, Thomas CHABLE, Serge CLÉMENT, Beatrix VON CONTA, Jacques DAMEZ, François DELADERRIÈRE, André FORESTIER, Lionel FOURNEAUX, Rip HOPKINS, William KLEIN, Géraldine LAY, Baudoin LOTIN, Jean-Claude PALISSE, Philippe PÉTREMANT, Bernard PLOSSU, Marc RIBOUD, Denis ROCHE, Yves ROZET DatesSeptembre 20 (Vendredi) 1 h 00 min - Décembre 28 (Samedi) 6 h 00 min(GMT-11:00) LieuGalerie Le Réverbère38 rue Burdeau 69001 Lyon Galerie Le Réverbère38 rue Burdeau 69001 LyonUne galerie en province. 300m2 sur les pentes de la Croix-Rousse, à Lyon. C'est le Réverbère, qu'anime un double regard aigu, exigeant et sans complaisance : celui de Catherine Dérioz et Jacques Damez, ses créateurs, dont, au fil des années, les qualités se sont faites vertus. Du mercredi au samedi de 14h à 19h et sur rendez-vous en dehors de ces horaires Get Directions CalendrierGoogleCal A LIRE Galeries photo : des fermetures en cascade… La fin d’une utopie. Rencontre avec Catherine Derioz et Jacques Damez de la Galerie Le Réverbère Favori3
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