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C’est un plaisir de la retrouver dans son atelier partagé à Montreuil à l’occasion des Portes Ouvertes, aux côtés de Morgane Porcheron, Tiphaine Calmettes, Gaetan Kohler, Celsian Langlois, Flora Langlois, Emmanuele Ravagnani, Paul Souviron et Pauline Toyer. 9 lives : Qu’est ce que l’atelier LE MIDI et comment fonctionne t-il ? Léa Dumayet : C’est un grand espace situé rue du Midi à Montreuil, suffisamment loin de Paris pour se concentrer au calme. Nous sommes sept artistes, aux pratiques diverses, dont un architecte et une designer. Les uns les autres nous nous enrichissons de nos connaissances. Chacun a son emplacement personnel pour se livrer à sa création, tout en étant proches pour partager un établi, une machine, un coin de mezzanine, un café… L’atelier Le Midi a récemment reçu le Prix François de Hatvany grâce aux Beaux-Arts de Paris. Cette bourse nous permettra d’équiper l’atelier, d’organiser plusieurs expositions, et nous projetons également de partir (en France ou ailleurs) pour travailler ensemble autour d’un matériau commun, comme une sorte de résidence, que nous créerons nous-mêmes. Ce serait une occasion de créer des oeuvres à plusieurs mains avec des points de vues complémentaires. 9 lives : Léa vous êtes diplômée des Beaux Arts de Paris, comment jugez vous ces années d’apprentissage et de construction personnelle ? L. D. : Parmi les artistes et les enseignants dont j’ai beaucoup appris : Emmanuel Saulnier, Patrick Tosani et Didier Semin. Emmanuel Saulnier, en tant qu’artiste et professeur d’atelier, a suivi l’évolution de ma démarche pendant cinq ans. Il a constamment remis en question mes sculptures et installations, avec humour et poigne. Il m’a offert une vision ouverte sur l’art. Patrick Tosani, aussi en tant qu’artiste et professeur d’atelier, m’a permis de vraiment regarder mes photographies, leur donner un statut, avec et face à la sculpture. Didier Semin, professeur d’histoire de l’art, m’a fait découvrir l’art brut, et surtout l’inframince de Duchamp. Ce qui a amplement modifié ma vison de l’art. De plus, il m’a accompagnée lors de mes recherches pour mon mémoire à propos de la déambulation autour des sculptures publiques. Par ailleurs, je suis partie en échange pendant six mois à l’Ecole d’Arts Visuels de Rio de Janeiro. Ce voyage fût un dépaysement nécessaire à ma pratique artistique, car un réel tournant s’est opéré lorsque j’ai compris en travaillant que je devais « écouter » les caractéristiques intrinsèques des matériaux, ne pas les contrer, mais les utiliser pour ce qu’ils sont. Ce voyage a été un moment révélateur, une façon de partir pour mieux revenir. À mon avis le mouvement – le déplacement – est indispensable pour avancer sur des nouveaux terrains de recherches. De retour à Paris, l’installation de mon diplôme était une preuve de mon apprentissage brésilien. 9 lives : Parlez moi de votre pratique et expérience récente » A l’étage » ? L. D. : L’exposition « À l’étage » était organisée par le collectif Madame Lupin dans un espace en travaux, encore inconnu au public. Nous étions quatre artistes amis, bien organisés et prêts pour accrocher nos pièces en seulement une journée. De façon empirique et instinctive nous avons monté cette exposition, qui a ensuite existé le temps d’un week-end. Cet exercice à mon avis était très réussi. En visitant cet endroit secret pour la première fois j’avais observé l’immense verrière et le dessin créé par les poutres dans l’espace. Je me suis imprégné du lieu pour répondre, de manière in situ, à ces particularités qui m’avaient attiré. Ainsi, j’ai pris le parti de suspendre, comme une cascade, un long tissu mirolège – matière ultra légère à la fois miroitante et translucide – et de le lester au sol avec des plaques de verres. Cette matière froissée, tendue et lisse à la fois épousait l’architecture du lieu. Les visiteurs pouvaient passer en dessous, voir à travers tout en voyant leur reflet. La sculpture Gré, juste à côté, est une voile de bateau, prise au vent. Elle tenait sur un angle pointu, en équilibre. Une forme courbement douce, mais violente. 9 lives : Comment jugez vous la scène émergente française et les défis lancés aux artistes tout juste diplômés ? L. D. : Je trouve que la scène émergente est métissée, prolifique et énergique. J’ai l’impression que de nombreux projets d’expositions alternatifs sont initiés par des jeunes artistes ou commissaires d’expositions très actifs. Des collectifs naissent de plus en plus. Je pense qu’il est toujours possible de montrer son travail si nous sommes inventifs et à la rencontre des autres. À mon avis le défi principal pour un jeune artiste – c’est ainsi que je le vis moi-même en ce moment – est de ne pas attendre qu’on vienne le chercher, mais au contraire de créer son propre événement. Seulement, il est vraiment difficile d’en vivre… 9 lives : Quels sont vos objectifs à moyen terme ? L. D. : Partir en résidence dans un autre pays, utiliser des nouveaux matériaux dans ma pratique, prendre des risques qui bousculent mes habitudes, exposer dans des endroits très différents, organiser des expositions collectives et immersives, danser à travers mes installations, étonner et même faire peur aux spectateurs. Oui tout ça ! Site de l’artiste : http://leadumayet.com/ Visite organisée pour l’association Artaïs pour laquelle je m’implique comme chargée de mission. Favori0
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