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Partager Partager L'InterviewOtherSidePhoto Covid-19 et l’art : Chris Dercon, président de la Rmn – Grand Palais Marie-Elisabeth De La Fresnaye6 avril 2020 Temps de lecture estimé : 7minsChris Dercon est le président de la Rmn – Grand Palais depuis le 1er janvier 2019. Belge, il est historien de l’art, commissaire d’exposition et spécialiste des relations entre art ancien et art contemporain. Il mène une carrière internationale et parle quatre langues couramment. Reconnu dans le monde de l’art, Chris Dercon joue un rôle important dans la direction et le développement de nombreux musées internationaux depuis 30 ans. Il nous donne sa vision face à cette crise sans précédent qui impacte les 950 salariés de la Rmn-Grand Palais et la programmation des expositions et évènements obligeant à inventer de nouveaux moyens de partage et de diffusion comme avec #Pompéi chez vous qui rencontre un large succès. L’exposition « Noir & Blanc, une esthétique de la photographie » qui devait s’ouvrir également au Grand Palais le 8 avril est reportée à une date ultérieure. Comment réagissez-vous face à cette crise sans précédent au niveau de la Rmn-Grand Palais, un défi de taille pour un véritable écosystème de l’art ? Il y a plusieurs niveaux d’enjeux, l’humain tout d’abord car dès qu’un évènement de ce genre perturbe l’ensemble d’un système, il est normal que la priorité soit de protéger tous les salariés de la Rmn-GP. Ce qui implique de distribuer du matériel sur site lorsqu’il est maintenu ouvert, gérer le confinement des salariés à domicile et pouvoir répondre à leurs questions pratiques et logistiques. En plus de gérer le calendrier des expositions, en cours et à venir, c’est pourquoi nous nous réunissons 2 fois par semaine en ligne, avec les directeurs de chaque département, ce qui n’est pas toujours facile. Car même si l’on déclare volontiers que le télétravail est une solution formidable, en réalité la distanciation nécessaire entre l’espace privé et l’espace public étant gommée, cela entraîne beaucoup de fatigue et de stress chez les collègues. On ne peut pas tout transposer chez soi et la qualité de la communication en souffre au final. C’est comme un jeu de ping pong d’une personne à l’autre. A la Rmn-GP il y a ainsi 950 salariés qui, malgré les réunions en visio-conférence, les très nombreux échanges téléphoniques, sont plus isolés qu’habituellement, exceptées ces formidables équipes en charge de l’informatique, de la logistique et de la sécurité qui assurent la permanence au Grand Palais et de notre siège rue de Bercy, que je tiens à remercier tout particulièrement, ainsi que toutes les équipes en charge de la communication digitale et des ressources humaines extrêmement sollicitées actuellement. J’espère sincèrement que le télétravail ne va perdurer, même si nous devons être réalistes sur l’horizon à prévoir. Les solutions virtuelles et digitales vous semblent-elles un relai pertinent pour vos expositions et événements associés pendant toute cette période ? C’est une aide plus qu’une alternative car ce qui rend une visite d’exposition exceptionnelle c’est d’être seul face à une œuvre au milieu d’autres personnes, l’individu et le collectif, contrairement au théâtre et au cinéma où l’on interagit en collectif. En plus, une exposition s’écoute et se regarde car à chaque fois un commissaire est là pour raconter une histoire par le choix des œuvres, leurs mise en scène, les explications fournies, les parti-prix engagés… On voit surgir beaucoup d’alternatives digitales qui ne sont qu’une suite d’images offrant un ressenti très solitaire. Même si l’expérience Pompéi chez vous ne donne à voir qu’une petite partie de l’exposition immersive, elle offre quelque chose de très abouti, ce qui se note dans les retours de fréquentation du site Grand Palais avec 220 000 visiteurs sur la journée, dont 637 000 pages vues avec 172 000 spéciales Pompéi. Les vidéos YouTube tournent à 252 000 vues / vidéo. Nous avons voulu essayer le medium à 360 ° avec réalité augmentée… L’initiative du Ministère de la culture est à saluer également. Le principal est de pouvoir évaluer à présent ce qui fonctionne, qui apporte une vraie plus-value, comme un surplus et non un simulacre. Je le vois dans le monde entier ayant beaucoup échangé avec mes collègues aux Etats-Unis et en Europe, et malgré les réticences de certains, nous sommes obligés tous d’explorer ce medium et ses possibilités, ce qui est positif au final. Les images que l’on voit dans la journée sont vides donc anxiogènes tandis que dans la nuit elles sont plus sécurisantes et inspirantes je trouve, ce qui m’amène à changer mes habitudes, loin de tout confinement intellectuel ou psychologique. Cette crise pourrait t-elle avoir des conséquences sur le démarrage de l’ambitieux chantier du futur Grand Palais ? La crise sanitaire ne remet pas en cause notre calendrier de travaux et le Grand Palais va bien fermer ses portes en janvier 2021. Nous continuons à travailler dans ce sens, même si les chantiers des toitures des Galeries Nord ont du être suspendus. Nous avons aussi arrêté le chantier concernant les expositions mais dès que le confinement sera levé, il faudra compter entre 10 à 15 jours minimum pour terminer le montage de l’exposition. Nous sommes aussi confrontés à des problématiques liées à l’évènementiel du Grand Palais avec beaucoup de manifestations qui ont du être reportées, voire annulées. Parmi les expositions phares qui vont manquer à Paris à mon sens, Christo au Centre Pompidou, Matisse encore en suspens, Alice Neel.. Pour conclure l’année 2020 sera comme un fantôme, elle n’aura pas existé. S’il est impossible de se projeter et c’est une première, nous pouvons en tirer des enseignements, comme à chaque période d’épidémie ou de crise, que ce soit la Peste au XVème siècle et alors que tout le monde relit Albert Camus, qui a donné la naissance à un état plus moderne, suivie de la grippe espagnole au début du XXème siècle, favorisant des progrès en matière d’hygiène et de santé publique. Les crises ont toujours abouti à des phénomènes positifs même si je souhaite que cela ne se fasse pas au détriment de beaucoup de gens comme en 2008. Nous sommes capables de démontrer une vraie solidarité que ce soit à Paris, en France et en Europe et j’espère que c’est cela qui va ressortir. Quel impact peut avoir selon vous un tel séisme sur le monde de l’art quand on sait par exemple que plusieurs milliers de musées américains sont menacés de fermeture ? et restez-vous malgré tout positif ? La culture heureusement est une fonction publique en Europe. Si Klaus Biesenbach a dû licencier la moitié de son personnel au MOCA et que Max Hollein au Metropolitan museum rencontre de réelles difficultés, cela indique que nous avons une autre manière de gouverner nos musées. De même en matière d’aide gouvernementale européenne, il est difficile de comparer la France et l’Allemagne par exemple. En France nous avons beaucoup d’aide directe et indirecte par le biais des intermittents. C’est un autre système, même si l’aide promise par Monika Grütters à Berlin est quand même bien supérieure à la nôtre ! Il est certain que les sommes consacrées à la culture en Allemagne ont toujours été plus importantes et ce depuis la 2ème guerre mondiale. Pensez-vous qu’en matière de conscience écologique cette crise soit une alerte et entraîne des changements durables dans nos habitudes et comportements face à l’art ? Je l’observe déjà au niveau des artistes qui retrouvent le chemin de leur studio, leur chambre, leur atelier, et non dans une recherche spectaculaire mais une pratique d’écriture et d’archive quotidienne. Loin de toute pression des galeries, des collectionneurs ou du marché. Il n’y a plus de «waiting list » du moins dans l’immédiat. De nouveau les artistes peuvent travailler pour eux-mêmes et je suis sûr que cela va avoir un impact notamment sur la manière dont nous allons concevoir les expositions et inventer des instruments digitaux plus créatifs et pertinents que de la simple publicité. Nous allons devoir aussi formuler des thématiques nouvelles et qui ont du sens. Beaucoup de changements en perspective ! EXPOSITIONS REPORTÉES : Pompéi. Promenade immersive. Trésors archéologiques. Nouvelles découvertes Exposition prévue initialement du 25 mars au 8 juin 2020 disponible en ligne ; https://www.grandpalais.fr/fr/article/decouvrez-lexpo-pompei-chez-vous Le Grand Palais3, avenue du Général Eisenhower 75008 Paris jeu12nov(nov 12)0 h 00 min2021lun04jan(jan 4)0 h 00 minNoir & Blanc : Une esthétique de la PhotographieCollection de la Bibliothèque nationale de FranceLe Grand Palais, 3, avenue du Général Eisenhower 75008 Paris Détail de l'événementIntemporel et résolument contemporain, le noir et blanc incarne l’essence de la discipline par sa force esthétique et plastique. Terrain d’expression des plus grand(e)s photographes, il est sollicité aujourd’hui encore pour Détail de l'événement Intemporel et résolument contemporain, le noir et blanc incarne l’essence de la discipline par sa force esthétique et plastique. Terrain d’expression des plus grand(e)s photographes, il est sollicité aujourd’hui encore pour la richesse de ses nuances et sa radicalité. Le Grand Palais vous invite à découvrir 300 tirages emblématiques des collections de la BnF à travers ce thème qui embrasse l’histoire de la photographie du XXe siècle et explore l’esthétique d’une technique puissante et engagée. Parmi plus de 200 photographes, des tirages de Nadar, Man Ray, Ansel Adams, Willy Ronis, Robert Doisneau, Helmut Newton, Diane Arbus, Mario Giacomelli, Robert Franck, William Klein, Daido Moriyama, Valérie Belin, Brassaï, et Cartier Bresson sont présentés. Exposition réalisée par la Réunion des musées nationaux – Grand Palais et la Bibliothèque nationale de France. DatesNovembre 12 (Jeudi) 0 h 00 min - Janvier 4 (Lundi) 0 h 00 min(GMT+00:00) LieuLe Grand Palais3, avenue du Général Eisenhower 75008 Paris Le Grand Palais3, avenue du Général Eisenhower 75008 Paris Get Directions CalendrierGoogleCal Favori0
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