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Lettre ouverte : Ne laissons pas mourir Yan (*) une seconde fois !

Château d'Eau, Toulouse, 2014 © 9 lives
Temps de lecture estimé : 3mins

La Galerie du Château d’Eau semble toujours dans la tourmente. Après que la municipalité de Toulouse ait remplacé l’association PACE – qui dirigeait la galerie depuis presque 40 ans – l’inquiétude se porte aujourd’hui sur le fonds de la collection. Composée de 4500 tirages et 13000 livres, la propriété de cette collection a été attribuée à l’Association PACE suite à une décision de justice. Ce fonds va donc quitter Toulouse et l’inquiétude monte. Philippe Guionie, photographe et directeur du programme de Résidence 1+2 partage cette lettre ouverte…

L’histoire de la photographie à Toulouse n’est décidément pas un long fleuve tranquille et les aventures tumultueuses de la galerie du Château d’Eau, figure tutélaire de cette histoire, en témoigne.

A qui la faute ?

A des individualités aux égoïsmes bien ancrés qui ont l’art de rendre compliqué les choses simples et/ou à l’absence d’un leadership, visionnaire et partagé. Je vous laisse juge.

A qui appartient cette collection ?

Au-delà des joutes politiques et des décisions juridiques arguant de la victoire des uns sur les autres, cette collection unique et protéiforme appartient à chaque dépositaire concerné, à chaque étudiante ou étudiant qui souhaite voyager à travers les livres, à chaque toulousaine et toulousaine sensible aux coulisses de la création, à chaque citoyenne et citoyen désireuse et désireux de s’ouvrir au monde, selon une approche documentaire ou fictionnelle, réelle ou mise en scène. Un patrimoine culturel n’a de sens que s’il s’inscrit dans une histoire, un territoire, des humanités. Il est une somme de partis pris successifs, d’engagements multiples. Il est le miroir de celles et ceux qui l’ont pensé, construit, protégé, aimé. Il participe de cette communauté de pensée qui nourrit au quotidien le vivre ensemble.

Enlever les racines à un arbre, que lui reste-t-il ?

Délocaliser la collection de la galerie du Château d’Eau puisque c’est de cela dont il s’agit, revient à la vider de sa substance. L’Histoire nous l’a démontré à de nombreuses reprises, qu’une fois franchi le Rubicon, il est très difficile de revenir en arrière.

En tant que citoyen, je m’adresse à celles et ceux qui ont un pouvoir aujourd’hui, personnalités, associatifs, politiques, ne laissons pas mourir Yan une seconde fois !

(*) Yan : pseudonyme de Jean Dieuzaide, fondateur du Château d’Eau à Toulouse en 1974.

Philippe Guionie

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