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Le Pôle photographique du Château d’eau de Toulouse en danger !

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La galerie du Château d’Eau est sans nulle doute l’un des lieux incontournables de la photographie en France. Situé au sein de la ville rose, ce lieu unique, accueille depuis 1974 des expositions consacrées à l’histoire de la photographie mais aussi à la création contemporaines. Cet espace d’exposition est aujourd’hui en danger, la municipalité  souhaite ouvrir le lieu à la concurrence, le pôle photographique pourrait ainsi disparaître…

Nous avons contacté Jean-Marc Lacabe, directeur du Château d’Eau, à ce sujet, il nous exprimé son désarroi, sa peine, plus que sa colère, vis à vis de la municipalité toulousaine. Demain, vendredi 7 décembre, le Conseil Municipal de Toulouse examinera une délibération visant à lancer cette procédure de délégation de service public (DSP) pour la gestion du Château d’Eau. Nous espérons qu’ils écouteront les arguments de l’Association et se raviserons…

« Nous portons les choses à bout de bras, nous sommes complètement saturés. La mairie réduit chaque année, un peu plus, nos subventions. Aujourd’hui, elle se réfugie derrière un texte de loi, qui prévoit la transparence de l’occupation des bâtiments municipaux à des fins commerciales et industrielles, alors que ce texte précise bien que la culture n’est pas concernée ! » – Jean-Marc Lacabe

Jean-Marc nous a également confier le courrier qu’il a rédigé pour tous ses adhérents, expliquant le combat qu’il mène avec son équipe pour faire vivre le Château d’eau – combat qu’il ne souhaite pas interrompre :

Dès les années 70, Jean Dieuzaide a mis en place un projet qui a valeur d’exemple encore aujourd’hui. Une programmation exigeante d’expositions de photographies d’auteurs, accompagnées de catalogues, une bibliothèque spécialisée et une collection.

Pour ma part, j’ai toujours pensé que la photographie appartenait au champ de l’art, et j’ai travaillé à ce qu’elle y accède. C’est pourquoi je me suis toujours placé dans une perspective de diffusion culturelle de la photographie. Pour cela, je mène depuis longtemps et pour la ville de Toulouse dans ma fonction au Château d’Eau, une démarche d’adresse au public. « Faire connaître pour faire aimer » pourrait en être la devise. J’articule mes programmations entre des travaux d’auteurs connus, d’une part, comme Willy Ronis, Weegee, Anders Petersen ou Bernard Plossu, car la création se nourrit de l’histoire, et d’autre part, des propositions d’artistes émergents, comme Smith dont le Château d’Eau fut la première institution à présenter le travail ; Charles Fréger qui a été aidé à produire sa série « Légionnaires » ; Pieter Hugo, qui vit pour la première fois la mise en tension de ses principaux ensembles ; Mohamed Bourouissa qui fut accueilli en résidence pendant deux mois pour y compléter son ensemble « Périphérique », Viviane Sassen dont les images sortirent pour la première fois de son pays, bien avant d’avoir été repérées par le Moma, ou bien d’autres encore comme Véronique Ellena, Sarah Meï Hermann, Olivier Metzger… Le Château d’Eau a fait découvrir les images restées dans l’ombre de Antanas Sutkus, et les travaux audacieux de Algirdas Seskus, par exemple, ou redécouvrir des auteurs injustement oubliés, comme Arthur Tress, Tod Papageorge, ou Fred Herzog. Bien sûr, comme toujours, je mets un point d’honneur à aider la scène locale en présentant une à deux expositions par an de photographes régionaux et nous pouvons citer notamment, Arno Brignon, Dominique Delpoux, Romain Laurendeau, ou encore Gaël Bonnefon.
Ainsi, croisant les époques, les genres, et formes, cette politique revendique la fertilité de la création. Présentant des œuvres repères, elle s’adresse aux publics en leur donnant les moyens d’appréhender la lecture des codes photographiques tout en amenant chacun à former son propre jugement.

Bien sûr Le Château d’Eau accompagne les artistes dans leur projet d’édition et facilite leur carrière en véhiculant leur noms et travaux dans les réseaux internationaux dans lesquels il est inscrit. En outre, il leur apporte depuis toujours une aide financière, chose qui va devenir obligatoire, mais qui fut rare dans le champ des arts plastiques jusqu’à récemment.

Le Château d’Eau c’est aussi le choix d’offrir le meilleur accueil possible aux publics et d’avoir une ouverture large – 6 jours sur 7 – et une bibliothèque, riche de 15 000 ouvrages sur tous les aspects de la photographie, en accès libre. Enfin, la collection comprenant près de 5 000 références est vivante, puisqu’elle permet de présenter des expositions thématiques hors les murs, dans des établissements scolaires, dans les quartiers, mais aussi en France et parfois à l’étranger.

Dans une époque saturée d’images et de moyens électroniques pour les diffuser, je revendique ce rôle de vigie que le Château d’Eau mène depuis près de 45 ans et affirme que le soutien à la création contemporaine est le meilleur garant de la mémoire de Jean Dieuzaide. Nous affirmons qu’il est également un vecteur, non contestable, de communication propre à faire résonner l’image de la ville tant en interne qu’hors de ses frontières.

C’est pourquoi, Mesdames, Messieurs, chers amis, nous avons l’intention de ne rien lâcher et que nous comptons sur votre soutien, qui est en cette période encore plus nécessaire.

EXPOSITIONS EN COURS

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Ericka Weidmann
Après des études d'Arts Appliqués et de photographie, elle rejoint un magazine en ligne consacré à la photo en tant que directeur artistique, poste qu'elle occupera pendant 10 ans. En 2010, elle s'installe comme DA en indépendant. En parallèle, elle devient responsable éditorial pour Le Journal de la Photographie et c'est en septembre 2013 qu'elle co-fonde le quotidien L’Oeil de la Photographie pour lequel elle est rédactrice en chef jusqu'en septembre 2016 avant de fonder 9 Lives magazine ! Ericka Weidmann est également journaliste pigiste pour d'autres médias.

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