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Les noms des huit photographes finalistes* en lice pour le Prix Elysée nous avaient été dévoilés l’an passé. Ce mardi 22 juin, le jury international* a choisi son lauréat pour la quatrième édition du Prix, il s’agit du photographe hongkongais Kurt Tong pour son projet intitulé « Dear Franklin », cette recherche artistique vise à explorer ses racines chinoises en utilisant la photographie comme outil narratif.

« Ce projet convoque à la fois la grande Histoire avec des sujets fondamentaux, tels l’immigration, la question des guerres, de l’expatriation, et porte également sur une histoire amoureuse qui touche chacun d’entre nous » – Tatyana Franck, directrice du Musée de l’Elysée.

Le Musée de l’Elysée récompense le photographe né en 1977 à Hong Kong, lauréat de la 4e édition du Prix Elysée pour son projet intitulé « Dear Franklin ». L’inspiration pour ce travail naît en 2018, après la mort du voisin d’un ami de Kurt Tong, à la suite de laquelle il reçoit un vieux coffre en bois. L’extérieur est scellé par un sceau taoïste, et l’intérieur contient de nombreuses lettres calligraphiées, des photographies, ainsi que des livres des années 1920, le tout appartenant à un homme nommé Franklin Lung.

© Kurt Tong, Dear Franklin, 2021, Prix Elysée

Le projet de Kurt Tong

Après des mois de recherches à analyser méticuleusement tous les indices, Kurt découvre que Franklin est issu d’une famille pauvre de Hong Kong, ayant vécu juste après la chute de l’empire chinois en 1912. A force de détermination, Franklin réussit à entrer dans la meilleure université de Shanghai, devient un membre de la haute société et entretient des échanges de commerce avec plusieurs des occupants coloniaux. Il tombe amoureux, et se fiance à Dongyu, la fille du général Kuomintang de haut rang.
En 1948, la tragédie frappe. Dongyu est à bord du SS Kiangya, débordant de réfugiés fuyant l’armée communiste quand le bateau coule, touché par une mine marine japonaise près de l’embouchure de la rivière Huangpu. Franklin a le cœur brisé, mais décide d’épouser Dongyu malgré tout par le biais d’une cérémonie de mariage fantomatique, lors de laquelle une personne vivante est liée éternellement à une personne décédée résidant dans le monde des esprits. Peu après le mariage, Franklin fuit Hong Kong et émigre brièvement aux Etats-Unis. Après plusieurs entreprises ratées à San Francisco, il se retrouve sans le sou. Puis, toujours anéanti par le deuil, il retourne à Hong Kong où il se suicide en sautant dans le détroit de Victoria Harbour durant le typhon Wanda en 1962. Il est présumé noyé.

© Kurt Tong, Dear Franklin, 2021, Prix Elysée

Bien que l’histoire de Franklin se déroule durant la première moitié du 20e siècle, on y retrouve de nombreux thèmes d’actualité : la mobilité sociale, la migration et la tragédie, les gens qui risquent tout dans l’espoir d’une vie meilleure.

Ce corpus examine aussi des pratiques surnaturelles ou superstitieuses telles que la divination, la conjuration ou encore certaines pratiques taoïstes moins répandues. Selon Laurel Parker, jurée du Prix Elysée, fondatrice et directrice artistique de Laurel Parker Book à Paris, « Le projet Dear Franklin de Kurt Tong est avant tout un projet de livre. Il crée un nouveau récit à partir de récits qui existent déjà. Des lettres trouvées, des photographies historiques, des objets trouvés, mélangés à sa propre imagination et à sa création photographique. Kurt utilise un mélange de fictions et d’événements historiques pour parler des problèmes qui nous entourent aujourd’hui : les migrations forcées, les guerres civiles et les effets que ces événements ont sur l’individu. »

*Les sept photographes nominés étaient : Alexa Brunet, Arguiñe Escandón & Yann Gross, Magali Koenig, Thomas Mailaender, Moises Saman, Assaf Shoshan, et Alys Tomlinson.
**Le jury était composé de Clément Chéroux, Conservateur en chef de la photographie au Museum of Modern Art (MoMA) à New York, Laurel Parker, Fondatrice et directrice artistique de Laurel Parker Book à Paris, Carla Sozzani, Galeriste, éditrice et fondatrice de la Galleria Carla Sozzani à Milan ainsi que Michael G. Wilson, Philanthrope, producteur et collectionneur de photographies à Londres, et des partenaires fondateurs Tatyana Franck, Directrice du Musée de l’Elysée et Michel Parmigiani, Fondateur de Parmigiani Fleurier. 

A LIRE :
Découvrez les huit photographes en lice pour la quatrième édition du Prix Elysée

Ericka Weidmann
Après des études d'Arts Appliqués et de photographie, elle rejoint un magazine en ligne consacré à la photo en tant que directeur artistique, poste qu'elle occupera pendant 10 ans. En 2010, elle s'installe comme DA en indépendant. En parallèle, elle devient responsable éditorial pour Le Journal de la Photographie et c'est en septembre 2013 qu'elle co-fonde le quotidien L’Oeil de la Photographie pour lequel elle est rédactrice en chef jusqu'en septembre 2016 avant de fonder 9 Lives magazine ! Ericka Weidmann est également journaliste pigiste pour d'autres médias.

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