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Cette année, la Galerie Esther Woerdehoff souffle ses 25 bougies. La plus helvétique des galeries parisiennes entame son second quart de siècle sous le signe du changement ! Un nouvel espace d’exposition vient d’ouvrir à Genève et une équipe qui se renforce avec l’arrivée de Jehan de Bujadoux comme directeur de la galerie rue Falguière. Un véritable challenge à l’heure où les galeries et plus généralement le marché de l’art ont subi de plein fouet la crise sanitaire, mais Jehan compte bien relever le défi. À l’occasion de sa nomination, nous l’avons rencontré.

Jehan de Bujadoux, vous venez d’être nommé à la tête de la Galerie Esther Woerdehoff, vous succédez ainsi à Esther elle-même qui a dirigé la galerie durant 25 ans, comment envisagez-vous ce passage de relai ?

Portrait de Jehan de Bujadoux © Vincent Royer

Je ne pense pas quil faille parler de succession, Esther a travaillé avec de nombreuses personnes depuis la création de la galerie en 1996 et avec l’énergie qui lhabite, ce nest pas prêt de sarrêter.
Je viens plutôt renforcer une nouvelle équipe – de cinq personnes – à un moment charnière dans lhistoire de la galerie, à savoir louverture du second espace suisse, doublé des enjeux dun monde marqué par la pandémie.
La galerie Esther Woerdehoff fait partie des premières galeries de photographies ouvertes à Paris. Javais 7 ans lors du premier vernissage et beaucoup des photographes qui sont passés par la galerie, je les ai découvert dans mes livres dhistoire de lart. Autant dire que ça remet en perspective le travail quon a accomplir, et ça ne se fera pas sans Esther.

Quel va être votre rôle en tant que Directeur de Galerie ?

Vous voulez dire en dehors de lire les horoscopes le matin ?

Je dirais quil y a deux facettes à ce rôle, la première est la construction dune programmation artistique, qui implique, entre autre, d’établir des relations profondes avec les artistes et les collectionneurs. La seconde facette est moins séduisante pour beaucoup – moi, jadore – cest la gestion et ladministration.

Enfin, surtout aujourdhui, je pense quil faut se poser les bonnes questions pour développer lactivité des galeries en parallèle de ce qui existe.

La galerie vient douvrir un espace à Genève, j’imagine quil va y avoir des ponts entre les deux lieux ?

Plus quun pont, il sagit dune seule galerie avec deux espaces. En fonction des projets et des intérêts de nos collectionneurs, nous utiliserons la galerie de Paris ou celle de Genève. En pratique, je suis basé à Paris dans la galerie historique, Esther sera plutôt dans le nouvel espace à Genève.

Trois ans durant, vous avez dirigé la Galerie Fisheye, que tirez-vous de cette expérience ?

Beaucoup dexpérience, cest certain. À commencer par louverture en 2019 de la galerie arlésienne (et de son histoire à la Maurice Leblanc – si vous avez une heure devant vous…). La galerie Fisheye fut également loccasion de développer plusieurs secteurs dactivité, comme la présence internationale, et de nouer des relations avec le monde de l’édition que le collectif France PhotoBook me permet aujourdhui de prolonger en tant que membre dhonneur.

Portrait de Jehan de Bujadoux © Eve Devulder

Nous vivons au rythme de la crise sanitaire depuis un an et demi, comment envisagez-vous lavenir ? Est-ce que cette situation a modifié la manière de présenter les expositions ? De vendre les tirages ? Une réflexion est-elle menée à ce sujet ?

Fondamentalement, le travail dintermédiaire – entre lartiste et le public – lui, ne change pas. Le reste, ce ne sont que des outils, ceux que lon utilise aujourdhui ne seront peut-être pas ceux de demain. Je ne pense pas quil y ait matière à sinquiéter.

Il y a beaucoup dengouement pour la photographie, peut-être même de plus en plus. Je ne suis pas certain que la pandémie ait rebattu les cartes de notre travail. Les questions qui nous animent aujourdhui sur la digitalisation du marché notamment, étaient là depuis longtemps. La crise a juste accéléré des prises de décision parfois dans le bon sens, parfois pas. Il faut garder le bon et avancer.

Quel impact a t-elle eu sur le marché ?

Sans la tenue des grandes foires que les ventes en ligne ne peuvent que compléter, on a vécu un passage à vide, cest évident. À ce moment là les institutions ont pris une forme de relais et jai le sentiment que lactivité est bonne en ce moment.

Si on se fie à lhistoire de lart, les périodes de crises sont toujours des moments intenses de création culturelle. Jai hâte dy prendre part.

Avez-vous déjà une visibilité sur la programmation à venir ?

Nhésitez pas à venir voir nos expositions en cours, Sur le fil du temps dIris Hutegger et Xavier Dauny à Paris, et On that day de Chervine à Genève, si on ne vous a pas croisé à Art Paris, Photo London, Unseen Amsterdam ou Photo Basel dici la fin du mois.

À Paris suivra une exposition collective intitulée Esprit Urbain où une dizaine de photographes, de toutes les générations, proposent un regard sur notre présence dans les villes. À Genève, cest lartiste FLORE que nous aurons le plaisir de faire découvrir au public suisse.

EN CE MOMENT À LA GALERIE

jeu26aou(aou 26)12 h 00 minjeu07oct(oct 7)19 h 00 minAu fils du tempsIris Hutegger & Xavier DaunyGalerie Esther Woerdehoff, 36 rue Falguière, 75015 Paris

jeu26aou(aou 26)10 h 00 minjeu07oct(oct 7)18 h 00 minOn That DayChervineGalerie Esther Woerdehoff - Suisse, rue Marguerite-Dellenbach 3 , 1205 Genève, Suisse

Ericka Weidmann
Après des études d'Arts Appliqués et de photographie, elle rejoint un magazine en ligne consacré à la photo en tant que directeur artistique, poste qu'elle occupera pendant 10 ans. En 2010, elle s'installe comme DA en indépendant. En parallèle, elle devient responsable éditorial pour Le Journal de la Photographie et c'est en septembre 2013 qu'elle co-fonde le quotidien L’Oeil de la Photographie pour lequel elle est rédactrice en chef jusqu'en septembre 2016 avant de fonder 9 Lives magazine ! Ericka Weidmann est également journaliste pigiste pour d'autres médias.

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