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Pour sa première carte blanche, notre invité, le directeur de la Galerie Esther Woerdehoff, Jehan de Bujadoux, soulève une question et partage avec nous sa réflexion sur le fait qu’il y ait peu de place à l’humour dans la photographie ! Si certain·es sont des maîtres en la matière, et génèrent en nous le rire, leur position n’en reste pas moins délicate. Les sujets photographiques traités avec humour seraient-ils moins importants ? Auraient-ils moins leur place ? Et pourtant, avec le plus grand sérieux du monde, le rire serait terriblement bon pour notre santé, alors qu’attendons-nous ?

Au-delà de toute la passion que j’ai pour la photographie, son histoire et ses acteurs, il y’a des projets qui éveillent chez moi une fascination immédiate. J’en ressens presque un soulagement de les voir exister tant ils sont rares et précieux à mes yeux.

Pourquoi y’a t-il si peu de place pour l’humour dans la photographie ?

© PUTPUT, Tulip construction 1, 2021
Pigment inkjet print 30 x 42 cm / Courtesy Galerie Esther Woerdehoff

Il existe pourtant et trop souvent réduit à une incongruité situationnelle et au regard espiègle d’un photographe. Ils sont rares ces auteurs qui intègrent à leurs travaux et manient correctement cette part immense de notre langage. L’impact que ces auteurs génèrent est immense quand ils abordent des sujets denses en amenant le public à en rire. Il faut le reconnaître et surtout le valoriser.

Le premier écueil est là, à mon sens, de considérer comme légers des sujets traités avec humour. Comme s’ils étaient moins importants.

Dans une interview, le photographe Hans Eijkelboom s’en défendait : son travail est sérieux. Évidement qu’il l’est. Quelle injustice qu’il doive en justifier et ce serait une énorme erreur de ne pas prendre acte de la profondeur de son œuvre photographique et performative. Tout autant que d’en rire.

Car de quoi rit-on si ce n’est de nous quand on sourit devant une photographie – cette insoutenable empreinte du monde tellement dramatique qu’on ose la tordre pour s’en amuser.

En ce moment à la galerie, au sein de l’exposition Esprit Urbain, il y a un autoportrait mis en scène de Kourtney Roy, perruque millimétrée, maquillage et ongles impeccables, blouse en soie bleue fleurie, elle sort imperturbable d’une bouche d’égout sur un chantier.

Je l’ai accrochée en face de mon bureau et dès que je la regarde, ça me fait rire.

© Kourtney Roy, Manhole, Middle of Fucking Nowhere (AZIMUT), 2017
Baryta colour inkjet print 60 x 90 cm / Courtesy Galerie Esther Woerdehoff

© Kourtney Roy, Enter as Fiction. Baryta colour inkjet print 60 x 90 cm / Courtesy Galerie Esther Woerdehoff

EXPOSITIONS EN COURS À LA GALERIE

jeu28oct(oct 28)12 h 00 minven24déc(déc 24)19 h 00 minEsprit UrbainExposition collectiveGalerie Esther Woerdehoff, 36 rue Falguière, 75015 Paris

sam06nov(nov 6)10 h 00 min2022mer12jan(jan 12)18 h 00 minLe Temps du souvenirFLOREGalerie Esther Woerdehoff - Suisse, rue Marguerite-Dellenbach 3 , 1205 Genève, Suisse

A LIRE
Jehan de Bujadoux, nouveau directeur de la Galerie Esther Woerdehoff à Paris

La Rédaction
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