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Pour sa troisième carte banche, notre invité de la semaine, le photographe français Jean-Louis Courtinat, poursuit sa narration sur sa pratique photographique. Après nous avoir dévoilé son engagement auprès de celles et ceux qu’il photographie, il revient sur ses outils de prédilection. Si il a presque toujours travaillé au Leica en argentique, avec son 35mm pour raconter la vie des invisibles, il s’est converti au numérique il y a trois ans, mais continue de témoigner de la vie des autres, à travers son regard en noir et blanc…

Je photographie très près des gens. Après avoir longtemps utilisé un 35mm avec le Leica, j’ai senti le besoin de me rapprocher. Aujourd’hui je n’utilise plus qu’un seul objectif, un 28mm que je garde en permanence sur mon appareil. C’est ma distance idéale.

« Portait avec Mon Leica »

Je photographie en noir et blanc. Cela me permet d’aller à l’essentiel. La lecture est simple et directe. C’est bon ou mauvais. Tout en ayant beaucoup de respect pour les photographes talentueux qui maitrisent parfaitement la couleur, elle me semble, dans mon cas, anecdotique et distractive.

Pendant plus de 35 ans, j’ai travaillé en argentique. Le support me rassure. Trente-six poses c’est peu et beaucoup à la fois. Et puis j’adore le rituel du film. Apporter ses pellicules au labo, éprouver le plaisir de l’attente et de la réflexion. Récupérer les planches-contacts avec angoisse et fébrilité puis, compte-fil et crayon rouge en main, disséquer anxieusement chaque image. Etant très sélectif, je suis toujours mécontent de mes images. C’est un vrai bonheur lorsque j’en garde une.

J’ai été contraint d’adopter le numérique il y a trois ans. J’ai eu énormément de difficultés à appréhender le maniement du boitier, à comprendre un vocabulaire photographique nouveau. Adieu l’agrandisseur et bonjour aux Lightroom, Photoshop, et autres logiciels que je n’arrive pas à maitriser.

Je pense qu’avec le numérique, on peut devenir paresseux. Il y a toujours « la » photo de plus. Je n’accorde que peu de confiance au support virtuel du numérique. Le support physique du négatif est rassurant. De plus on perd la sensualité dégagée par le contact avec un tirage photographique. Cela dit, j’ai conscience que mes propos résument un combat d’arrière-garde qui n’est plus d’actualité. Le numérique est là. Il faut faire avec.

J.L.C

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