Temps de lecture estimé : 3mins

Cette année, le festival MAP à Toulouse célèbre sa 14ème édition, jusqu’au 15 avril dernier, les photographes tous horizons confondus répondaient à l’appel à candidatures sur le thème « Célébration « s » » du Grand Prix du festival. Après avoir examiné l’ensemble des projets soumis, le jury a choisi la série « Mido », de Julie Joubert, un travail au long cours que nous avions publié dans notre rubrique Portfolio en janvier 2021. Cette série photographique parle de Mido, de son vrai nom Ahmed, un jeune homme dont la vie oscille entre emprisonnement et liberté… à découvrir lors du festival MAP du 3 au 19 juin prochain.

Julie rencontre Ahmed en 2017 dans un centre de réinsertion pour jeunes en difficulté. Diminutif, surnom, pseudonyme : MIDO est un moyen de brouiller les pistes de sa trajectoire incertaine. Se présentant sous différentes identités au fil de ses rencontres, Ahmed se cache autant qu’il a l’envie d’être découvert. À travers un parcours de vie chaotique ponctué d’éléments douloureux, il survit avec le rêve de devenir modèle.

Mido © Julie Joubert

« Sa grande fragilité, son caractère autodestructeur ainsi que sa capacité à se dévoiler m’ont tout de suite convaincue de la nécessité de le suivre dans son quotidien sur une durée indéterminée. Le rencontrant régulièrement dans le quartier de Marx Dormoy à Paris, je l’observais fascinée par son caractère instable et son insouciance. De cette rencontre est née l’envie de mettre en lumière cette jeunesse livrée à elle-même, totalement inadaptée face à notre société » témoigne la photographe.
Picturales, les images très nettes prises au reflex numérique transposent Ahmed dans une dimension fantasmée. La dureté du flash, le manque de netteté et le grain de l’image rendent possible l’apparition de failles, de ratés. Menacé d’expulsion puis incarcéré à la prison de la Santé, le projet continue sous de nouvelles formes d’écritures.

Mido © Julie Joubert

« Malgré son absence, Ahmed et moi sommes restés en contact. Des photographies à la volée que j’ai prises au parloir du Centre de Rétention Administrative aux images qu’il a pu m’envoyer depuis sa cellule, l’image pixellisée des vieux téléphones portables s’est imposée comme le moyen de restituer ce contexte. La fragilité de l’image basse définition coïncide alors avec la perte progressive de liberté » poursuit la Lauréate.

D’une réalité fantasmée à l’enfermement bien réel, de la fiction picturale à l’abstraction du pixel, les différentes qualités d’image accompagnent chacun des aspects de la vie d’Ahmed. Comme un miroir fragmenté, ces photographies dressent le portrait de ce jeune en devenir, se cherchant encore et toujours dans d’une société où il peine à trouver sa place.

INFORMATIONS PRATIQUES

ven03jui(jui 3)10 h 00 mindim19(jui 19)19 h 00 minFestival MAP 2022 OrganisateurFestival MAP Toulouse

Ericka Weidmann
Après des études d'Arts Appliqués et de photographie, elle rejoint un magazine en ligne consacré à la photo en tant que directeur artistique, poste qu'elle occupera pendant 10 ans. En 2010, elle s'installe comme DA en indépendant. En parallèle, elle devient responsable éditorial pour Le Journal de la Photographie et c'est en septembre 2013 qu'elle co-fonde le quotidien L’Oeil de la Photographie pour lequel elle est rédactrice en chef jusqu'en septembre 2016 avant de fonder 9 Lives magazine ! Ericka Weidmann est également journaliste pigiste pour d'autres médias.

You may also like

En voir plus dans News