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Françoise Huguier, rétrospective au Salon de la Photo

Temps de lecture estimé : 4mins

© Françoise Huguier / Agence VU’

Cette année, le Salon de la Photo innove avec un nouveau lieu et de nouvelles dates. C’est à la Grand Halle de la Villette du 6 au 9 octobre que la manifestation vous donne rendez-vous ! Pour les passionné·es de technique qui viennent découvrir les nouveautés des fabricants, le Salon propose également un programme culturel. L’exposition principale est cette année consacrée à Françoise Huguier, photographe membre de l’agence VU’, organisée en partenariat avec le festival Visa pour l’Image !

Consacrée à un ou plusieurs artistes photographes ou à une collection, la Grande Expo du Salon de la Photo rend hommage chaque édition à une personnalité et ses créations. Cette exposition de plus de 100 œuvres est une occasion unique de découvrir les principales œuvres d’un·e photographe. Cette année, le Salon de la Photo propose une rétrospective de l’œuvre de Françoise Huguier à travers une exposition intitulée « De femme à femmes ».

« En revisitant Secrètes, le travail que j’ai fait sur l’intimité des femmes au Burkina Faso et au Mali, j’ai eu envie d’aller plus loin, d’approfondir la recherche dans mes archives. Je me suis aperçu que les femmes apparaissaient dans tous mes reportages : à Saint-Pétersbourg dans les appartements communautaires, à Deauville dans les logements sociaux… La plupart du temps ce sont des femmes seules.

En Sibérie polaire et au Japon, dans les bains, j’allais bien sûr du côté réservé aux femmes, ce qui me permettait ensuite de les suivre chez elles et de les photographier dans leur quotidien […]. Je suis toujours à l’écoute, même dans les familles et dans les endroits où il est difficile de rentrer […]. En Corée, par exemple, la plupart du temps les femmes ne travaillent pas, ce sont elles qui gèrent la famille, et même le week-end je ne voyais presque jamais leur mari. Ce sont elles qui s’occupent de tout, elles ont donc beaucoup de choses à raconter. Leur histoire m’intéresse. Au début elles me racontent leur vie, moi la mienne […]. Dans la rue, lorsque je photographie des femmes ou des jeunes filles, c’est leur allure, leur élégance qui m’interpellent.

C’est sans doute parce que pendant des années j’ai photographié des défilés de mode et que je me suis intéressée au savoir-faire français qui m’a été révélé par les studios de haute-couture. Au début j’étais quasiment la seule femme à photographier les défilés, et comme j’avais l’audace de m’installer au bon endroit, il y avait toujours un voisin qui collait son téléobjectif devant mes yeux, et m’expliquait qui était tel ou tel mannequin. Si je m’absentais quelques minutes, on me prenait ma place. Et là ça devenait la guerre. Qui ne me fait pas peur, car la guerre je l’ai vécue à 8 ans. Et j’ai appris dès cet âge là à devenir révolutionnaire. D’une certaine façon j’appuie toujours au mauvais moment, je suis naturellement décalée.

Serge Daney, critique de cinéma et ami avec qui j’ai voyagé, répétait que j’étais opiniâtre, c’est vrai. La photographie a besoin de paroles. Moi, j’ai besoin de parler, ça fait partie de mon métier. Comme tous les photographes, je suis une manipulatrice, mais je ne me jette pas sur les gens, je cherche à les comprendre avant de shooter. Je ne triche pas, je ne fais pas de provocation, je ne déforme rien. Si tu mitrailles en débarquant chez quelqu’un, tu ne vois rien, la distance autorise l’approche. La photographie, c’est quand même très agressif. Il faut être rassurante et attentive. Être à l’écoute. Et avoir des réserves d’humour. J’ai l’esprit de répartie, ça aide. La photographie est l’école de la patience. »

– Françoise Huguier

INFORMATIONS PRATIQUES
De femme à femmes
Françoise Huguier
Du 6 au 9 octobre 2022
Salon de la Photo et est accessible librement à tout visiteur
https://www.lesalondelaphoto.com/Animations/La-Grande-Expo-du-Salon-de-la-Photo

Ericka Weidmann
Après des études d'Arts Appliqués et de photographie, elle rejoint un magazine en ligne consacré à la photo en tant que directeur artistique, poste qu'elle occupera pendant 10 ans. En 2010, elle s'installe comme DA en indépendant. En parallèle, elle devient responsable éditorial pour Le Journal de la Photographie et c'est en septembre 2013 qu'elle co-fonde le quotidien L’Oeil de la Photographie pour lequel elle est rédactrice en chef jusqu'en septembre 2016 avant de fonder 9 Lives magazine ! Ericka Weidmann est également journaliste pigiste pour d'autres médias.

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