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Comédienne, artiste, muse mais aussi directrice de théâtre, femme d’affaire et influenceuse avant l’heure, Sarah Bernardt ne se donne aucune limite si ce n’est son immense talent. C’est tout l’objet de la fascinante exposition qui vient d’ouvrir au Petit Palais à la scénographie au diapason de la personnalité rebelle et flamboyante. Sa vie et son art se confondent dans des mises en scène savamment rodées qui laissent ses admirateurs sans voix !

Sarah Bernhardt, Photographie de W. & D. Downey Photographers, 1902. BNF, département des Arts du spectacle. © BNF

Elle précède la mode et les grandes maisons en font une ambassadrice hors pair, jusqu’à associer sa silhouette longiligne et sa chevelure rousse à de nombreux produits. Ses tournées en Amérique à bord d’un Pullman spécialement affrété pour l’occasion d’où elle revient milliardaire, ses 40 malles, bijoux, costumes, ses intérieurs extravagants, sa ménagerie exotique, son atelier où se presse le tout Paris de la Belle Epoque… en font un « monstre sacré » selon l’expression de Cocteau.

Vue de l’exposition Sarah Bernardt Paris Musées / Petit Palais / Gautier Deblonde

Mais elle ne nait pas sous une bonne étoile en tant qu’enfant illégitime qui embarrasse sa mère, la belle Judith, ouvrière émigrée reconvertie en demi-mondaine grâce au puissant duc de Morny. Un univers au luxe tapageur qui va profondément l’influencer même si c’est dans le travail sans relâche qu’elle trouve la réussite en tant qu’interprète magistrale des plus grands dramaturges : Racine, Victor Hugo, Alexandre Dumas, Edmond Rostand ou Victorien Sardou qui lui écrit tout spécialement Theodora ou Tosca, de véritables superproductions historiques pour lesquelles « La Divine » se livre à mille recherches et inventions scéniques annonçant le cinéma d’Hollywood. Elle n’hésite pas à aller au-delà des conventions du genre endossant de nombreux rôles masculins comme avec Lorenzaccio, Hamlet ou l’Aiglon. Une galerie profonde comme un foyer de théâtre retrace tous ces rôles, tandis que l’on peut revivre ses tournées légendaires.

Algues, 1900 Sarah Bernhardt © Paris Musée Petit Palais

Sarah Bernardt est une femme engagée qui prend parti dans l’affaire Dreyfus aux côtés de Zola, installe une ambulance au Théâtre de l’Odéon en 1870 et va sur le Front soutenir le moral des poilus en 1915 même si elle vient d’être amputée de la jambe suite à une tuberculose osseuse gangrénée. Une part moins glamour de son parcours dont elle sait s’accommoder sans jamais s’apitoyer sur son sort. De même lorsqu’elle doit vendre son hôtel particulier de la rue Fortuny ou céder son lit à sa sœur malade et dormir dans un cercueil pour « s’habituer à la mort ». Un goût du morbide qui la poursuit toute sa vie comme en témoigne cette fameuse photo où elle pose dans le cénotaphe.

Sarony Napoléon (1821-1896). Paris, musée d’Orsay.

C’est à Belle-île-en-mer que la « Voix d’or » telle que la surnomme Victor Hugo, trouve un véritable havre de paix, pratiquant la pêche, recevant ses amis, sa famille et s’adonnant à sa passion pour la sculpture à travers des mystérieux objets en bronze moulés sur des algues, des plantes ou des poissons. D’inspiration Art Nouveau, ils séduiront les membres du Jury de l’Exposition Universelle de 1900.

Morte à 79 ans en plein tournage du film La Voyante, Sarah Bernarndt étant partie prenante de l’aventure du cinéma muet, cette personnalité aussi ambivalente qu’attachante revit sous nos yeux et il ne faut pas bouder son plaisir. Ni tout à fait la même, ni tout à fait une autre, son magnétisme et son aura annonce les super stars !

Catalogue aux éditions Paris Musées, 256 pages, 39 €

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INFOS PRATIQUES :
Sarah Bernardt
Et la femme créa la star
Jusqu’au 27 août 2023
Petit Palais
Av. Winston Churchill
75008 Paris
Horaires : Du mardi au dimanche de 10h à 18h. La dernière entrée est à 16h45 pour les expositions temporaires et 17h15 pour les collections permanentes.
Agenda culturel
https://www.billetterie-parismusees.paris.fr/
https://www.petitpalais.paris.fr/

Marie-Elisabeth De La Fresnaye
Après une formation en littérature et histoire de l'art, Marie de la Fresnaye intègre le marché de l'art à Drouot et se lance dans l'événementiel. En parallèle à plusieurs années en entreprise dans le domaine de la communication éditoriale, elle créé son blog pour partager au plus grand nombre sa passion et expertise du monde de l'art contemporain et participe au lancement du magazine Artaïssime.

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