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Pour sa troisième carte blanche, notre invité, le journaliste et directeur de la galerie L’Intervalle à Paris, partage son grand coup de cœur pour l’un des photographes majeurs du XXᵉ siècle, André Kertész. Ces dernières années, un grand nombre d’institutions françaises et centres d’art ont permis de redécouvrir son œuvre à travers l’organisation d’expositions itinérantes. Aujourd’hui, la galerie Bruce Silverstein à New York, inaugure une exposition de  Kertész avec ses premiers travaux « The Visual Language of Modernity – The Early Photographs of André Kertész ».

André Kertész (1894-1985)
Paris from the Eiffel Tower, 1933
Gelatin silver print, printed c. 1933
« The Visual Language of Modernity – The Early Photographs of André Kertész » – Bruce Silverstein

Que j’aurais aimé croiser André Kertész! J’aime chacune de ses photographies, bien plus que celles de certains de ses contemporains à qui on l’associe régulièrement comme Henri Cartier-Bresson. Le Français est trop « rive-gauche bienpensante », pas assez libre. Les photographes dits « humanistes » sont vraiment très mièvres je trouve, non? André Kertesz est souvent associé à ce mouvement. Je ne sais pas ce qu’il en pensait, je n’ai pas la formation ni le compétence en juger mais je trouve qu’il n’a pas sa place dans ce réalisme poétique.

Le Hongrois photographie comme on écrit un journal intime. Avec maîtrise, recadrage et élégance, il se livre avec franchise. D’ailleurs, la série de Polaroïds réalisées de la fenêtre de sa chambre à New York, après la disparition de sa femme sont une pure « dinguerie » comme disent les rappeurs aujourd’hui. En 1981, il publie l’ensemble de ces polaroïds dans From My Window (publié en français sous le titre À ma fenêtre).

Couverture de À ma fenêtre » d’André Kertész, éditions Herscher

Voici le texte de présentation de ce travail par Matthieu Rivallin et Pia Viewing à l’occasion de l’exposition au Jeu de Paume en 2019 :

Couverture de « André Kertész, L’équilibriste » par Matthieu Rivallin, Pia Viewing éditions du Jeu de Paume

« Depuis le début des années 1940, André Kertész utilise la couleur dans le cadre de certains travaux commerciaux, notamment pour le magazine House & Garden. À partir des années 1950, il emploie la pellicule Kodachrome pour photographier New York en couleurs, puis les nombreuses villes où le conduisent ses voyages. Ces images ne font l’objet que de publications anecdotiques dans les années 1960 et 1970. Son investigation de la couleur prend une véritable ampleur lorsque, à partir de 1979, le Polaroid’s Artist Support Program met à sa disposition un appareil Polaroid SX-70, qui lui offre un nouveau champ d’expérimentation, l’aidant à sortir de la dépression dans laquelle l’a plongé le décès d’Élisabeth en 1977. Kertész renoue alors avec une pratique quotidienne de la photographie. Organisant les objets, cherchant les ombres ou guettant la lumière du matin, il envisage le Polaroid comme l’instrument de son dernier théâtre, ravivant ici en quelque sorte l’approche amateur de ses débuts. Jouant des reflets et des transparences d’objets en verre au travers desquels il photographie depuis sa fenêtre, il crée de petites natures mortes intimistes où la ville se dissout dans les couleurs saturées du Polaroid. »

INFORMATIONS PRATIQUES

mar25jui(jui 25)14 h 00 mindim27oct(oct 27)18 h 00 minL'Équilibriste, André Kertész : 1912-1982Satellite 12 : une programmation de Laura HermanJeu de Paume - Château de Tours, 25, avenue André Malraux 37000 Tours

La Rédaction
9 Lives magazine vous accompagne au quotidien dans le monde de la photographie et de l'Image.

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