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Pour sa troisième carte blanche, notre invitée de la semaine, la commissaire et éditrice indépendante, Emmanuelle Halkin nous partage son coup de cœur pour le travail de la photographe Céline Guillerm et en particulier pour sa série Ex-Voto sur les îles Canaries, découverte sur Instagram. On pourra retrouver Céline Guillerm à l’occasion de la prochaine édition de Rotterdam Photo qui se déroule du 1er au 4 février prochain.

Ex-Voto © Céline Guillerm

Ex-Voto © Céline Guillerm

Ex-Voto © Céline Guillerm

C’est en 2023, alors que nous venions tout juste de terminer la programmation de l’édition anniversaire des 20 ans des Photaumnales dédiées à la pratique sportive, que j’ai découvert par hasard sur Instagram la série Ex Voto de Céline Guillerm. Je ne sais vraiment dire ce qui m’a immédiatement attirée dans ses images, peut-être dans un premier temps la thématique du corps en mouvement qui était à l’époque au cœur de mes recherches. Mais c’est surtout l’audace des cadrages resserrés ne laissant apparaître que des morceaux de corps décontextualisés, et cette lumière crue parfois éblouissante invoquant le spirituel et parfois même le miraculeux, et qui donnent aux corps l’éternité de la sculpture. J’ai immédiatement été séduite.

Ex-Voto © Céline Guillerm

Ex-Voto © Céline Guillerm

Ex-Voto © Céline Guillerm

Ex-Voto © Céline Guillerm

Céline Guillerm raconte l’histoire d’un territoire – les îles Canaries – à travers les corps. Elle rassemble corps sportifs et corps festifs en une ultime danse, tel un rituel syncrétique qui unirait les forces telluriques de ce territoire, son peuple premier et son peuplement actuel. Car cette série mélange des images de lutte canarienne (Lucha Canaria – Lutte traditionnelle des Canaries qui est arrivée dans l’archipel par le biais de ses premiers habitants, les Guanches) à celles de corps dansants pour le grand carnaval annuel contemporain des îles Canaries. Un travail sensible et radical qui réunit différentes strates d’une culture pour mieux la comprendre, mais surtout, pour mieux la ressentir.

Céline Guillerm est autodidacte, née à Cergy-Pontoise, elle vit aujourd’hui à Paris et photographie les corps en mouvement. Elle documente les œuvres et spectacles des artistes César Vayssié, Elsa Michaud, Gabriel Gauthier pour le Centre National de la Danse, Les Laboratoires d’Aubervilliers et La Ménagerie de Verre.
Nourrie par les utopies urbaines des villes nouvelles, des villes an-historiques au présent permanent, elle s’intéresse aux espaces abstraits, à l’entropie, aux vestiges, à la matérialité de l’écoulement du temps et à la transmission. Son écriture photographique procède par découpages, par prélèvements de fragments dans un environnement, et cherche à partager la sensation d’un lieu, d’un corps. Son travail se positionne entre photographie documentaire et photographie plasticienne, il propose une alternative sensible au réel.

@celine_guillerm
https://celineguillerm.fr

La Rédaction
9 Lives magazine vous accompagne au quotidien dans le monde de la photographie et de l'Image.

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