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Partager Partager Temps de lecture estimé : 6minsPour leur troisième carte blanche, nos invité·es de la semaine, les cofondateurs de la galerie des Minimes, Félix Cholet et Olga du Saillant, nous présentent le travail de la jeune photographe française, Astrid Staes qui sera exposée à la Galerie des Minimes dans une exposition intitulée « L’Écho des Ruines » avec un travail évocateur en dialogue avec celui de Dieter Appelt. Une exposition qui ouvrira ses portes le 26 janvier prochain et sera visible jusqu’au 24 février. La note d’intention de l’artiste dévoile la genèse de cette exposition, qui est bien plus qu’une simple compilation d’images. Elle relève d’une profonde introspection sur la désolation, la survie face à la chute, et l’exploration des ruines tant physiques que personnelles. « Lieux désertés, lieux quittés, lieux jamais envisagés, lieux menaçants, lieux suspendus entre la terre et le ciel, non-lieux — ». Elle nous partage sa propre errance, médicale, à travers des lieux porteurs d’une désolation particulière. Le cheminement argentique, du moment de la prise de vue à la résurrection en chambre noire, devient la métaphore même de son oeuvre. L’idée de concevoir la ruine comme plus complète que l’édifice qui la précède devient le fil conducteur de son travail. Au commencement était la chute, 2022 © Astrid Staes Au coeur de cette exposition trône une photographie en noir et blanc argentique, intrigante, qui incarne parfaitement la philosophie d’Astrid et imprègne l’atmosphère d’une introspection profonde. « Au commencement était la chute » présente un arbre solitaire, frêle, occupant le cadre avec une inclinaison dramatique dans un paysage désolé, laissant planer l’incertitude quant à son destin. L’arbre semble glacé dans un moment d’indécision, oscillant entre la résilience et la chute imminente. Ses branches mortes, figées dans le temps, suggèrent un mouvement perpétuel, comme si un vent invisible les poussait. Un mystère entoure la photographie : est-ce le moment précédant la chute ou l’arbre résistera-t-il à tout? Et l’artiste a choisi de ne pas y répondre. En capturant ce moment précis, avant que l’arbre ne touche peut-être terre, elle laisse la question de son sort en suspens. Cette ambiguïté narrative invite à la comparaison avec Sisyphe, condamné à rouler éternellement un rocher en haut d’une montagne. Cette oeuvre introduit parfaitement le sentiment que la photographe cherche à partager : la ruine est le début de tout, et la fin de tout. Astrid parle d’« un vivant qui meurt pour mieux vivre », l’acceptation d’une fin, qui permet, grâce à la force de la volonté, de recommencer tabula rasa. « Dieter Appelt m’a profondément touchée dans son rapport au vivant. Un vivant scellé dans le temps. Un vivant qui meurt pour mieux vivre. » Aussi fragile soit-il, l’arbre tient bon. Le bas de son tronc est marqué d’un poids qui le menait dans le sol, qu’il a redressé ensuite, et se tire désormais vers le ciel. Il est porteur d’espoir, comme l’artiste elle-même, et tout ce qu’elle image. Les autres tirages présentés dans l’expositions ont chacuns cette particularité là de perpétuer — une montagne où la lave a éliminé toute trace de nature est surplombée d’un Palmae, l’intérieur sombre d’un blockhaus est percé d’un brin de lumière, un arbre prend peu à peu le dessus d’un monument de béton pendant que la terre l’engloutit par dessous … Staes et Appelt voyagent entre la vie et la mort, la mort et la vie, dans leurs questionnements (cf. Image de la vie à la mort, Dieter Appelt, 1981). Correspondances, 2022 © Astrid Staes Ces deux photographes-poètes sont des mélomanes particuliers (Appelt est d’ailleurs un ancien chanteur d’opéra), marqués par la mélodie du silence. C’est là que l’on s’entend, que l’on écoute. Ils ont cette particularité de suspendre le temps dans leurs images, créent une nouvelle temporalité qui mèle le passé et le futur. Un entre-deux où l’on est forcé de se taire, méditer, s’interroger, s’abandonner. Une des oeuvres d’Astrid qui figure dans l’exposition, Correspondances, représente un rectangle, semblable à une lettre sans mots. On s’imagine pourtant ce qui voulait y être dit, ses bords sont froissés, le texte a voulu être écrit, mais il est parfois des choses qui sont trop fortes pour être transcrites depuis la pensée. Alors la plume s’est tue, et nous laisse avec la tentative, et les traces des émotions s’y sont confondues. Traces finalement bien plus évocatrices, tant le sentiment a dépassé le langage ici. Il y a des choses qui ne se disent pas. « Lors de cette période, j’ai connu les plus beaux et les plus douloureux silences. M’est apparue alors comme une évidence, que c’est uniquement dans les ruines que la voix qui questionne peut obtenir son écho. » Nautilus, 2022 © Astrid Staes La création soulage, c’est ce que l’on retient des photographies d’Astrid Staes. Face à la dégradation physique, face à un désert sans réponse, la photographe a cherché à se comprendre à la source — dans la nature dégradée, puis renouvelée. Confrontée à ses interrogations dans le silence et à son corps dans le vide, elle s’est vue inspirée. Inconsciemment, l’artiste va vers ce qui le touche, viscéralement. C’est là qu’il se répond, si il écoute. « À l’image de la ruine, le corps, bien que malade, se raconte, se rencontre et s’enrichit même si le travail du temps vient l’altérer ». Là où Dieter Appelt habite l’espace par son corps métaphysique, le corps d’Astrid Staes est, lui, habité par l’espace, il le devient. « Le corps se veut présent-absent dans des espaces vides-pleins. » Il n’est pas question pour elle de le représenter dans cette série, mais de le dématérialiser. Nous est alors offert un dialogue entre deux corps métaphoriques. Untitled, 2022 © Astrid Staes « Les espaces vides ont quelque chose de triste qui nous ressemble. » À travers les thèmes de désolation, résilience et cyclicité, cette exposition promet d’explorer les dimensions profondes de l’âme humaine à travers le langage visuel de la photographie argentique. INFORMATIONS PRATIQUES Galerie des Minimes13 rue des minimes, 75003 Paris ven26jan(jan 26)11 h 00 minsam24fev(fev 24)19 h 00 minL'écho des ruinesAstrid Staes & Dieter AppeltGalerie des Minimes, 13 rue des minimes, 75003 Paris Détail de l'événementLa prochaine exposition de la galerie des Minimes propose une mise en résonance de deux artistes, dont les thèmes et le questionnement se croisent, à travers un travail exigeant de Détail de l'événement La prochaine exposition de la galerie des Minimes propose une mise en résonance de deux artistes, dont les thèmes et le questionnement se croisent, à travers un travail exigeant de photographie argentique. D’un côté Astrid Staes, jeune photographe française, dont le regard aigu et fin se porte sur des lieux délaissés, porteurs d’un passé qui, dans une errance salvatrice « nous parle, si nous savons entendre ». C’est lors d’une longue période d’errance médicale qu’Astrid a cherché un écho à son questionnement dans le silence et l’espace oublié des ruines. « C’est dans les ruines que la voix qui questionne n’obtient que son écho. » La ruine, comme un corps malade, sur-vit face à la chute, se régénère, s’enrichit. Elle est la fin de tout, et le début de tout. Le temps s’y fait élastique, relatif. L’artiste cisèle ses photos de paysages ou de natures mortes, aux contours sculptés par la lumière. L’oeuvre aboutit ainsi à un meilleur inespéré, à travers un chemin qui passe toujours par une forme de destruction. La ruine se trouve finalement plus complète que l’édifice intègre qui la précède. En parallèle, la galerie présente avec la Galerie Françoise Paviot, des oeuvres de Dieter Appelt, artiste allemand immense et puissant né en 1935. Athlète poète, esthète cérébral, sa pratique de l’art, expérimentale et variée, met souvent en scène son corps dans des performances qu’il filme ou photographie dans des situations extrêmes. Nu allongé dans un champ de neige, visage couvert de terre, corps momifié enrobé de bandelettes, ses constructions mentales interrogent la vie à travers des stratifications visuelles d’ordre minéral. A l’instar d’Astrid Staes, son travail intense explore le temps, le corps, sa résilience possible, l’absence narrative, le passé présent. Son inspiration, riche, se nourrit d’art et de poésie. Beuys, le cinéma de Bunuel ou de Tarkovski, la poésie de T.S. Eliot ou d’Ezra Pound, entre autres, sont toujours présents en filigrane dans son oeuvre. Comme Anselm Kiefer, il se sait l’héritier d’un passé infâme, une forme de maladie que l’on doit évacuer, ou dépasser, et qu’il n’hésite pas à évoquer dans des photographies de lieux vides, fantômes, qu’un passé ressuscité remplit à nouveau. Un beau dialogue donc, entre deux poètes en images, évoquant, chacun à sa manière, le rapport de la mort à la vie, à travers un désert sans bruit, illuminé d’ombres. « Dieter Appelt m’a profondément touchée dans son rapport au vivant. Un vivant scellé dans le temps. Un vivant qui meurt pour mieux vivre. » La désolation apparente est porteuse d’espoir. Le corps caché ou représenté dans l’oeuvre, se tient cependant présent toujours, même dans l’absence et le silence. Alchimistes contemporains, ils transforment en visible l’invisible, en plein le vide, en vie la mort, et en préhensile l’incompréhensible. DatesJanvier 26 (Vendredi) 22 h 00 min - Février 24 (Samedi) 6 h 00 min(GMT-11:00) LieuGalerie des Minimes13 rue des minimes, 75003 Paris Get Directions CalendrierGoogleCal Favori0
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